Plaidoyer pour les pompes à chaleur
aquathermique
en ville
A défaut de fournir de l'énergie mécanique, et a fortiori de l’énergie électrique puisqu’elles en consomment, la capacité des pompes à chaleur aquathermiques de délivrer économiquement des puissances thermiques importantes adaptées au besoin du chauffage urbain est intéressante. Elles n'envoient que très peu de gaz nocifs dans l'atmosphère comparativement à la combustion des produits fossiles, ce qui est très intéressant pour notre environnement. Elles ont de plus de nombreux autres avantages: faible coût d'exploitation et relative indépendance de l'utilisateur sur le plan énergétique. Elles présentent aussi de petits avantages comme celui de pouvoir arroser gratuitement son jardin avec l'eau de retour de la source froide moins calcaire plutôt que de payer au prix fort l'eau du robinet. Elle nous donne aussi un opportunité de régénérer notre sous-sol qui en a parfois bien besoin en filtrant éventuellement l'eau avant de la réinjecter dans le sol ou de la rejeter dans la rivière. Il est certainement de notre intérêt de nous rapprocher de pays en avance sur nous dans ce domaine.
Proches de nous sur le plan affectif, la Suisse, l'Allemagne, et bientôt l'Italie pourraient bien faire figure de leader dans ce domaine. Le Canada l'est aussi. Pourtant les solutions retenues dans ce pays ne sont pas toujours bonnes pour l'environnement. Quant à la France, allons-nous comme Astérix attendre que le ciel nous tombe sur la tête.
Beaucoup d'entre nous souhaitent pourtant satisfaire leurs besoins personnels de chauffage ou de production d'eau chaude sanitaire à partir d'une énergie économique, propre, renouvelable et non fossile ne dissipant pas de gaz nocifs nuisible à notre environnement et n'aggravant pas de ce fait l'effet de serre. La pompe à chaleur aquathermique est un moyen d'y parvenir. Pourtant force est de constater qu'un déséquilibre s'est établi entre le particulier et les collectivités, entre les maisons individuelles en zone rurale et les immeubles en zone urbaine:
· Il y a d'une part activité industrielle soutenue et les nombreux livres vantant les avantages de cette technique pour le pouvoir d'achat de l'utilisateur dans le cadre des particuliers et de leurs maisons individuelles,
· Il y a d'autre part, un système complètement bloqué avec une littérature technique pratiquement inexistante pour les immeubles et les équipements collectifs anciens. Alors que la construction neuve est en passe d'être encadrée par une réglementation thermique performante, le parc des bâtiments existants, qui constitue pourtant un immense gisement de réduction des émissions de gaz à effet de serre un marché considérable pour le BTP est laissé pour compte. L’Ademe, qui délivrait avec le concours de la Région des aides pouvant atteindre 50% de l’investissement et qui a toujours été un défenseur fervent de notre environnement s’est récemment retiré du processus d'aide pour les copropriétés faute de moyen.
Il existe pourtant des sociétés industrielles telles que Daikin, CIAT ou Waterkotte engagées dans le tertiaire capables de mettre en œuvre de tels systèmes. Il existe aussi sur le marché des composants, de grosses pompes à chaleur sur nappe ayant des puissances suffisantes pour assurer le chauffage d'un grand immeuble. De plus, les villes, souvent édifiées près des fleuves et des rivières, ont un sous-sol souvent propice à la fourniture de l'eau indispensable au fonctionnement de ce type de pompe à chaleur (PAC). Cette dernière profitant de la nappe aquifère, pourrait être baptisée pompe à chaleur aquathermique. Elle a de plus un meilleur rendement que les PAC aérothermiques utilisant l’air ou géothermiques utilisant uniquement le sol. Peu utilisée pour les maisons individuelles en raison du coût du forage, elle devient rentable pour les immeubles, le coût du forage étant réparti sur de nombreux copropriétaires. L'énergie, difficile à transporter - on s'en est aperçu pour la cogénération - peut être prélevée à proximité de l'immeuble, voir même dans son parking souterrain. On sait aussi que le retour sur investissement est plus court pour les immeubles anciens pour la raison qu’ils sont plus difficiles à isoler après coup que les constructions neuves. On commence également à comprendre que ce type de PAC peut aussi participer à la dépollution du sous-sol alluvionnaire de nos fleuves qui en a bien besoin (voir la pollution au PCB sur le Rhône).
Ce
mode de chauffage éviterait la livraison des camions de fioul dans les rues
bien encombrés de nos villes. Autre point favorable, les radiateurs des
immeubles anciens sont la plupart du temps largement dimensionnés, et il est
admis, voir
prouvé scientifiquement, qu’ils peuvent souvent être réutilisés en l’état avec
la pompe à chaleur. lorsque l'isolation de l'immeuble est préalablement
améliorée.* . Enfin les
compresseurs pour PAC de forte puissance sont plus efficaces que ceux de faible
puissance utilisés pour les maisons individuelles pour la raison que le
rendement des moteurs asynchrones triphasés qui entraînent ces compresseurs
augmente avec le niveau de puissance. Les moteurs triphasés ont en tout cas un
meilleur rendement que les moteurs monophasés utilisés pour les faibles
puissances.
Bref,
sachant que ce type de PAC peut s'intégrer dans le contexte d'un immeuble
ancien, et surtout que le remboursement mensuel d'un emprunt à long terme
(environ 10 à 15 ans) est sensiblement égal à l'économie réalisée sur l'achat
d'un combustible tel que le fioul sur la même période, on se demande pourquoi
les propriétaires d’appartements ne se chauffe pas aussi économiquement que
ceux possédant une maison? C’est pourtant précisément dans les villes ou l’air
est un peu plus vicié qu’à la campagne que ce genre de réalisation prend tout
son sens. Ce
n’est probablement pas l’absence d’une description claire du
fonctionnement d'une pompe à chaleur qui explique le manque de réalisation dans
ce domaine. Notre comportement est un peu celui du
syndrome de la grenouille dans l’eau tiède d’Al Goore
?,
Pourquoi ?
Alors que l’on
assiste à une pénurie naissante des produits pétroliers et que l’on prend
conscience qu’ils génèrent des gaz nocifs pour l'environnement lors de leur
combustion, il est intéressant de rechercher les raisons possibles de ce
blocage
- Raisons techniques
L'AFPAC aurait
dû faire plus d'effort pour vulgariser le chauffage thermodynamique au plan national
dans le collectif ou à défaut, au moins expliquer s’il y a des raisons
techniques qui interdisent le passage de l'individuel vers le collectif en
supposant d’ailleurs qu’il y en aient. La publicité de bouche à oreilles
émanant des applications réussis de ce mode de chauffage dans l'individuel a
heureusement aidée à prendre conscience qu'il y a d'autres solutions pour se
chauffer que l'effet joule et la combustion mais cela n'a pas suffi à
combler les méconnaissances de ces
techniques nouvelles. La compréhension
de ces systèmes s'améliore trop lentement et
les arrières pensées, voire les inquiétudes techniques des Maîtres d'œuvre qui
appréhendent de servir de cobaye ne sont pas totalement éteintes. Pourtant il
serait temps que les bons résultats obtenus dans l'individuel en terme
d'efficacité énergétique atténue la réticence qu'a jusqu'à présent eu la
copropriété de s'engager dans cette voie.
Les avantages financiers qu'elle peut retirer d'un tel mode de chauffage
en termes d'amélioration de son pouvoir d'achat, l'exemple des systèmes
prouvant leur efficacité et de leur fiabilité dans l'individuel, font que la
copropriété commence à percevoir tout l'intérêt qu'elle pourrait retirer d'un
tel mode de chauffage collectif. Sera-t-elle prête à reconsidérer le
remplacement des radiateurs en place par des radiateurs ayant une plus grande
surface de chauffe pour améliorer le rendement de la pompe à chaleur si on lui
prouve qu’un tel investissement est rapidement rentable ? Étant donné
l’urgence de baisser le coût du kWh thermique pour des raisons sociales, on
peut l’espérer. Il y a aussi parmi les raisons possibles du blocage la mauvaise
compréhension des conditions
permettant de tirer profit de ce mode de chauffage. Quant aux autres blocages dits
techniques tels que des foreuses actuelles qui seraient inadaptées par le fait
que leur encombrement interdit le forage de l'exhaure à l'abri du gel dans le
sous-sol des immeubles ce pourrait être un faux problème avec les réseaux
d’alimentation en eau non potable évoqué dans les raisons politiques ci-dessous
- Raisons administratives ou politiques
L'association française des pompes à chaleur (AFPAC) aurait dû faire plus d'effort pour vulgariser le chauffage urbain thermodynamique au plan national dans le collectif. Cette association s'est pourtant rendu compte que la publicité de bouche à oreilles émanant des applications réussis de ce mode de chauffage dans l'individuel n'a pas suffi pour que la copropriété prenne conscience qu'elle peut diviser sa facture chauffage par 3 avec ce mode de chauffage.
Un autre
acteur important directement concerné par ce blocage est l'Ademe,
établissement public porte-parole du gouvernement pour tout ce qui concerne
l'énergie. Cet établissement ne devrait
pas se contenter d'expliquer que le chauffage thermodynamique est possible dans
le collectif. A défaut de mettre en œuvre les conditions qui favorisent son
implantation, cet établissement public aurait dû jouer son rôle social en
expliquant au moins qu'il est ainsi possible de réduire drastiquement la
douloureuse du copropriétaire. Cet .organisme
gouvernemental, s’est trop désintéressé du chauffage thermodynamique collectif et
ne s’est véritablement préoccupé que de l’individuel alors qu’un pourcentage
important de français logent en ville. Voilà bien le fait que le politique n'a
pas encore pris conscience du formidable potentiel en énergie thermique
renouvelable que constitue les rivières et les fleuves
qui traversent pourtant les grandes métropoles. La prise de conscience
insuffisante par les municipalités et par nos politiciens des avantages
de cette solution se traduit par l'absence de réflexion sur la création de
réseaux d'alimentation en eau froide non potable dans les villes, réseaux qui
pourraient pourtant faciliter la mise en
œuvre du chauffage thermodynamique le plus performant: Celui faisant appel à l'aquathermie et
l’eau de la rivière ou du fleuve pour assurer les échanges thermique avec
l'environnement. Le fait que le gouvernement ait décidé d’instaurer un « audit
énergétique collectif obligatoire » pour les
copropriétés est pour l’instant le premier et seul facteur de déblocage. Il ne
suffira probablement pas que nos ‘’technocrates bruxellois’’ imposent cette orientation
pour que chacun d’entre nous prenne conscience qu’il va falloir raisonner
collectif et non pas privatif compte tenu de l’impérieuse nécessité de baisser
le coût du kWh thermique rendu dans les pièces de vie pour des raisons
sociales. L’état devrait être aidé dans son action par le fait que les égoïsmes
individuels tirent parfois profit de la collectivité dans un immeuble ancien.
Il est aussi grand temps que l’état, conformément aux souhaits du Secrétaire
générale de l’OCDE favorise une collaboration technique horizontale entre les
pays européens indispensable à une meilleure cohabitation entre les énergies
primaires (EP)
-
Raisons sociales et formation
Le sociologue Gaetan Brisepierre aborde ce blocage sous un aspect
nouveau après une enquère auprés
d’un nombre important de copropriétés. Le laissez allez de certains conseils
syndicaux, le manque de connaissance des syndics, la peur du nouveau, le manque
de confiance, une approche trop particulière d'un problème collectif et aussi une mauvaise compréhension des
conditions permettant de tirer profit de ce mode de chauffage ne sont
évidemment pas étrangers à ce blocage. Une
meilleure compréhension par les copropriétaires de la façon dont les égoïsmes
individuels tirent parfois profit du chauffage
collectif dans un immeuble ancien au détriment de la collectivité
non plus. Reste la formation et l’information du copropriétaire et sa Méconnaissances de
ces techniques nouvelles ? Les particuliers qui utilisent ce mode de
chauffage depuis une trentaine d'année pour le plus grand bien de leur
portefeuille n'ont plus besoin de preuves ni de formation coûteuse. Ils ont
seulement besoin d’un personnel compétent pour l’entretien de leurs systèmes,
rien de plus. Pour les autres, ceux qui douterait encore, la lecture des pages suivantes en apporte si
besoin en était la démonstration :
Les paramètres en jeu
L’abondance des énergies renouvelables
Comment le chauffage thermodynamique prélève les ENR dans
l’environnement
Comment
ces paramètres interfèrent les uns avec les autres
Le cycle thermodynamique et le diagramme de Carnot
L’avantage des
basses températures
Le principe de la pompe à chaleur
L‘aspect
économique et social
Le prix de
l’énergie thermique
Les acteurs de la rénovation énergétique
Comment sortir du
blocage et baisser ses charges?
Tout simplement en prenant conscience
des raisons pour lesquelles il y a blocage. Et aussi :
-
En
reconnaissant que nous avons eu tort de considérer dans la RT 2005 que l’on
pouvait admettre des déperditions thermiques plus importantes sur les bâtiments
équipés d’un chauffage électrique.
-
En
se sentant solidaire du politique qui vient de décider d'instituer un audit
énergétique collectif obligatoire
-
En
devenant sobre, mais attention, devenir sobre ce n'est pas nécessairement se
priver mais réaliser que l'énergie la plus chère est celle que l'on consomme
mal. En d’autre terme devenir sobre c'est réduire notre consommation en énergie
primaire (EP).
Si on créait
les conditions permettant à seulement la moitié des immeubles gérés en
copropriété équipées de chauffage
individuels par radiateurs électriques d'opter pour le chauffage
thermodynamique aquathermique, la consommation d'électricité globale serait
réduite de 38% à confort équivalent.
Ceci en basant le calcul de la
consommation en EP sur un COP moyen de 4 relativement facile à obtenir avec ce
type de pompe à chaleur. La consommation de 4EP avant passage au chauffage
thermodynamique passerait à 2EP + 2EP/4
= 2,5 EP. Soit 2,5/4 = 0,625.
Une telle
orientation permettrait de réduire sensiblement notre parc nucléaire ce qui
justifie amplement la mise en place d'un réseau d'alimentation en eau non
potable dans les villes pour assurer les transferts thermiques à la source froide de la PAC. Ce réseau,
contrairement aux réseaux de chauffage urbain basés sur la combustion serait
constitué de tuyauteries non isolées moins coûteuses afin d'améliorer les
performances de l’ensemble.
Pour savoir
quel pourrait être le 2ème paradigme permettant de sortir de l’impasse lire la
conclusion de « L’hydraulique
industrielle assiste le génie climatique »
*Dans le cas contraire le remplacement des radiateurs en place par des radiateurs ayant une plus grande surface de rayonnement peut s'avérer rapidement rentable compte tenu de l'amélioration du rendement de la pompe à chaleur.
** Moyennant la création de foreuses adaptées le forage de l'exhaure pourrait dans de nombreux cas se faire utilement dans de meilleures conditions à l'abri du gel dans les parkings souterrains des immeubles
La concurrence
est un alcaloïde ;
à dose modérée
c'est un excitant, à dose massive un poison.
L'absence de
concurrence est une plaie pour celui qui attend
et une niche
pour celui qui entreprend*.