L’Allemagne championne
des énergies
propres ?
L’Allemagne
qui a déjà mis 14 de ses 17 réacteurs hors service va début 2023 rapidement arrêter
de produire de l’électricité avec ses 3 derniers réacteurs et commencer ensuite
le long processus de démantèlement. Reste à espérer que la France, à l'encontre
de la décision prise par son président, va prendre exemple sur son voisin et
poursuivre une orientation comparable. Au départ c’est la chancelière allemande
qui a tranché en faisant en sorte que son pays soit la première grande
puissance industrielle à sortir du nucléaire. Seul l’un d’entre eux pourrait
être maintenu « en veille » en cas de pic
de demande et pour pallier toute demande en plein hiver.
La part du
nucléaire dans la production électrique allemande (26,1% fin 2009) comparée à
celle de la France de 75,2% il y a quelques années a considérablement changé. La décision de la Chancelière n'est pas une décision prise
à la légère, en effet, les productions de l'électricité en Allemagne
sont depuis longtemps plus diversifiées et déjà nettement plus orientées vers
les ENR qu'en France selon le fondateur de l’Ademe: 3 fois plus
de biomasse, 5,8 fois plus d'éolien, et déjà 33 fois plus de photovoltaïque
actuellement. Consciente de l’enjeu, elle apporte depuis longtemps un soutien
massif en faveur de la recherche sur ces techniques nouvelles en y consacrant
1% de son PIB. Quasi inexistantes il y a une quinzaine d'années, les ENR
représentaient déjà sensiblement en
Allemagne 15 % de l'approvisionnement en électricité en 2008.
L'Allemagne se veut
être un modèle en matière d'énergies propres et se positionne donc début 2011 à
l'avant-garde du développement des énergies renouvelables.
Elle va
d'une part, chercher à réduire de 10% sa consommation d’électricité d’ici à
2020 et est en passe de trouver une solution pour produire les 22% de ses
besoins en électricité jusqu'ici couverts par les centrales nucléaires sans
avoir recours à la combustion des produits fossiles. Comme la France
l'Allemagne a des vues sur l’éolien offshore en complément de son important
parc terrestre et il n’est pas déraisonnable de penser au travers de la
comparaison faite ci-dessous entre nos deux pays qu’elle est en passe d’y
parvenir sans avoir recours à la construction de centrales conventionnelles,
type charbon ou gaz et peut-être même sans profiter d’une importation
d'électricité nucléaire française,
La réaction de la France face à cette décision allemande
ne s’est pas fait attendre. La majorité des
français, en opposition avec leur gouvernement pro nucléaire actuel, donnerait
raison à l’Allemagne sur sa vision énergétique à long terme. Notre Premier ministre de son
déclarait, depuis Strasbourg, que la France « respectait la décision
allemande » de renoncer au nucléaire, mais qu'elle n'avait « pas le
choix » considérant que l'énergie nucléaire constitue une « solution
d'avenir* ».
De son
côté, la présidente d'Areva, estime que la décision allemande
" Est une décision totalement politique qui n'est pas le reflet
de l'opinion publique allemande, même si les sondages montrent l'émotion des
Allemands après la catastrophe japonaise » Les chiffres et le jugement d'un ancien directeur de l'Ademe semblent prouver que sa vision qui consiste à mettre en doute le caractère
« irréversible » de la décision allemande est fausse.
Comparaison des politiques énergétiques
françaises et allemandes
Très tôt, aux alentours des années 50 le gouvernement fédéral allemand a su
à l’aide de solides normes DIN établir
les règles de mise en œuvre du bâtiment sur le plan thermique (la 1ère,
la DIN 1946 en est maintenant à sa 23 remise à jour). Contrairement à la France
et ses « réglementations thermiques » elle a laissé une certaine
autonomie aux différents Länder allemands tout en s’assurant du respect de ces
normes au travers d’ordonnances. Dès 2000, Berlin a également pris la tête du
mouvement en instaurant très tôt, un cadre législatif avantageux. Une loi pour
la promotion des énergies renouvelables (EEG) a été adoptée à une époque où le
parti vert était membre du gouvernement de coalition. Selon l'Observatoire des
énergies renouvelables, l'Allemagne aurait contribué en 2007, pour plus de la
moitié à l'augmentation de la production d'électricité renouvelable de l'Union
européenne, diminuant ainsi de quelques 110 millions de tonnes les émissions de
CO2. Aujourd'hui, les énergies renouvelables font travailler plus de
250 000 personnes outre Rhin et ce pays a une croissance supérieure à la
France. La garantie pour le producteur d’un prix de vente minimal du kWh et des
textes régulièrement révisés, pour adapter les tarifs aux progrès
technologiques ont favorisé un retour sur investissement assez rapide et ont
donnés un coup d'accélérateur à ce secteur. Pour preuve les quelques avancées
allemandes suivantes :
·
Une installation
photovoltaïque de
·
Une domination
incontestable du marché mondial de l'éolien. L’Allemagne a construit l’éolienne
la plus puissante éolienne au monde (6 MW à Druiberg)
et il y a déjà 20 000 turbines
installées sur son sol ce qui lui permet d’exporter la plus grande part de sa
production. En 2008, le ministère fédéral de l'environnement a consacré 150
millions d'euros au financement de projets de recherche dans le domaine de
nouvelles éoliennes offshore en mer Baltique et en mer du Nord.
·
En pointe pour le
solaire, l’Allemagne a un rôle de maître d’œuvre dans l’installation d’une vingtaine
de four thermo solaire réparties sur la péninsule Ibérique (Procédé Schott). Ce
programme espagnol fournira une puissance thermique totale de 1500 MW
(L’équivalent en puissance d’une grosse centrale nucléaire) pouvant être
converti en énergie électrique à l’aide de turboalternateur.
·
Elle ambitionne la
vente à l’exportation de grosses pompes à chaleur aquathermiqes
et géothermique (Procédé Waterkotte).
pour le chauffage des immeubles (jusqu’à 450 kW) en fournissant la pompe à
chaleur en tant que composant à des prix compétitifs. Malheureusement, peu de
Maître d’œuvre ont suffisamment d’expérience pour intégrer ce composant dans le
système formé par l’immeuble et son environnement et donner une garantie de résultat
En 1960, environ
une dizaine d’années après le boom de la création de tous les barrages
hydroélectriques français, notre production hydroélectrique représentait plus
de 50% de notre consommation électrique. Apres 50 ans de bons services et une
production sensiblement constante quantitativement jusqu’à nos jours (voisine
de 6 Mtep ou 70 TWh) elle ne représente plus maintenant que 10% de notre
consommation totale en électricité. Si l’on inclut l’énergie du bois comme
source d’ENR, elle représente sensiblement la moitié de l’énergie « verte » française
pour seulement 3% en Allemagne. Quatre
pays européens la Norvège, l’Islande, l’Autriche et la Suisse produisent encore
plus de la moitié de leur électricité grâce à l’hydraulique.
Malgré sa faible
production hydroélectrique (3%), l’Allemagne produit dès à présent 16% de ses
besoins électriques grâce aux ENR (solaire et éolien).
En retard sur la
France avant l’an 2000, l’Allemagne a su s’imposer beaucoup plus rapidement et
dépasse largement la France aujourd’hui dans l’utilisation de la biomasse.
Installations de traitement thermique des déchets en Allemagne en mai 2000 (en vert
achevé) en bleu (planifiés)
Les centres d'enfouissement technique (CET) ou en d'autre
terme le scandale des décharges à ciel ouvert telles que celle de la glacière et la pollution
qu’elle entraîne dans la vallée du bas Loup
ou celle de Limeil ainsi que la lourdeur des décisions dans ce domaine
expliquent pourquoi la production allemande d’énergie à partir des déchets est
20 fois supérieure à la nôtre.
La France
occupe une position encore correcte en raison de son hydroélectricité qui
représente encore pratiquement la totalité des ENR produites en France
combustion du bois exclus,
ceci en totale contradiction avec notre constitution qui stipule que
« chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré »
Le petit monde du canoë-kayak peut légitimement se
plaindre et demander réparation
Ce qu’en pensent les Lutins
Les Lutins thermiques estiment que les orientations françaises et allemandes pourraient bien être complémentaires. La décision de la fédération allemande de produire 100% de leur électricité à partir des énergies renouvelables dès 2050 pourrait bien être selon eux difficile quoiqu'en pense certains experts prévisionnistes en énergie. Même s’ils s’en donnent les moyens en repensant les techniques de production, les modes de vie, en ne consommant pas nécessairement moins mais différemment, ils estiment qu’ils auront du mal à respecter cet objectif et qu’il leur faudra probablement importer de l’électricité nucléaire française peu émettrice de CO2 pour éviter de construire des centrales utilisant les combustibles fossiles générant les gaz à effet de serre les empêchant de respecter leur engagements européens. Auquel cas l’Allemagne pourrait se trouver temporairement dans l’obligation d’importer de l’électricité nucléaire. La majorité des français, de leur côté craignent la construction d’un nombre trop important de centrales nucléaires sur leur sol. La densité de la population française a beau être relativement faible comparativement aux autres pays européens* (112 habitants/km²) et celle de ses plus proches voisins** on peut comprend l'inquiétude d'une ville comme Dieppe qui pourrait être à une cinquantaine de km d'un futur réacteur EPR. Les Lutins estiment qu'une somme de contraintes va alimenter les réflexions de nos deux pays autour des énergies alternatives dans les années à venir et qu'il va se passer beaucoup de choses » d'ici 2022.
Pour concilier deux tendances politiques moins contradictoires selon eux qu’on pourrait le penser, les Lutins thermiques proposent de soumettre à l’opinion publique française un objectif à long terme raisonnable pour notre pays et nos voisins: Celui de prévoir une répartition 50/50. A savoir limiter en France à environ 50% la production d’électricité d’origine nucléaire avec 50% d’ENR à l’horizon 2050, la production électrique à partir des centrales utilisant les combustibles fossiles pouvant selon eux être totalement abandonnée à cette date et remplacée par les ENR d’origine éolienne, solaire, et on l’espère hydroliennes. Ceci à la condition que l'on arrête en France les consommations électriques exagérées en hiver avec le chauffage urbain à effet joule des radiateurs électriques conventionnels. La France profiterait ainsi de son avance technologique dans le domaine de l’atome pendant quelques décennies et nos voisins respecteraient leurs engagements de limitation des GES. Au travers des articles parus dans le monde, les Lutins thermiques, de nationalité française se rappellent du non respect par les japonais des recommandations de l'autorité de sureté nucléaire (ASN) ayant entrainé la catastrophe de Fukushima. Ils estiment que nous n’avons pas le droit à l’erreur et qu’il nous faudra concevoir les dispositifs assurant la sécurité de marche du réacteur d'une grande qualité. Ceci quitte à majorer le prix de l'électricité et à reculer encore la mise en service des nouveaux EPR. :(La mise en service de celui de Flamanville prévue en 2012 est reculée en 2014)
1. D’une grande qualité au niveau des dispositifs permettant de refroidir l'intérieur de l'enceinte de confinement pour éviter la fusion du cœur du réacteur en cas d'incident (inondation ou tremblement de terre)
La France pourrait par exemple tenter d'être leader en ce qui concerne les normes de protection aux corps étrangers et à l'eau de mer des groupes moto-pompes (GMP) en développant des normes IP 69 voire IP70 assurant un fonctionnement correct des GMP en cas l'immersion prolongée dans l'eau de mer.2. Respectant des normes plus sévères sur la granulométrie du sable et de qualité du béton des enceintes de confinement des réacteur (et non le colmatage des fuites)
3. Une prise de conscience de la nécessité de mieux gérer le stockage des déchets radioactifs
* Dans cette optique et même s’il est jugé plus sûre que
les réacteurs ancienne génération, les Lutins estiment que l’autorité de sureté
nucléaire (ASN) devrait prendre la décision de suspendre définitivement le
projet de construction du 2ème réacteur nucléaire EPR de Penly situé
à moins de 20 km d’un ville de 35 000 habitants (Dieppe). Celui de
Flamanville commencé en 2007 et pratiquement achevé étant naturellement
finalisé. Les Lutins estiment aussi qu’il est déraisonnable d’entreprendre la
construction d’un 3ème réacteur nucléaire EPR avant que les deux premiers réacteurs
de ce type soient totalement finalisés et aient donné satisfaction.
** - Monaco
16 000 (habitants/km²)
- Belgique 360
- Allemagne 231
- Suisse 181
- Seule l'Espagne avec 86
habitants an km² est inférieure à la France