La Drire* évolue

 

Environ un mois plus tard, je prends connaissance d'un long rapport de la Drire traitant des pompes à chaleur sur nappe libre en Ile de France. Curieusement, ce rapport établie avant ma visite au salon de la copropriété ne mentionne aucune interdiction de forage.. Une vérité scientifique indiscutable ainsi que l’intérêt que présente cette forme de production d’énergie commence à apparaître et corrobore les informations de la revue "Le particulier" 1018 de novembre 2007. La Drire a incontestablement fait un bon travail préliminaire. Il est précisé dans ce rapport que les nappes libres d'accompagnement des cours d'eau peuvent être assimilées aux eaux superficielles. Il y est dit aussi que les aquifères peu profonds des grandes vallées alluviales communiquent avec les cours d'eau, la rivière pouvant alimenter l'aquifère ou inversement l'aquifère la rivière selon le niveau d'eau dans cette dernière. Encouragée par le fait que la ressource en eau du sous-sol alluvionnaire des rivières et particulièrement celui de la région parisienne est très prometteuse1), la Drire prend conscience de l’intérêt des pompes à chaleur sur nappe et commence à mettre en place  une méthodologie relative à leur mise en  œuvre en Ile de France.

Pomper l'eau à plus grande profondeur pour espérer augmenter la température de l'eau pompée en combinant en quelque sorte la géothermie profonde et l'aquathermie de surface pourrait aussi être envisagé afin d'améliorer le rendement de la PAC**. En raison du coût des forages, cette solution ne semble toutefois pas promise à un grand avenir, de plus, l'accroissement de température de l'ordre de 3°C obtenue pour une profondeur de forage de 80 m, valeur limite au delà de laquelle une autorisation de forage est nécessaire, est bien faible.  Il semble de plus souhaitable que la température de l'exhaure (coté aspiration) ne soit pas supérieure à environ 20°C de telle sorte que le rejet (coté refoulement) ne soit pas à une température supérieure à la température naturelle de la nappe phréatique. Nous serions ainsi assurés de ne pas perturber l'équilibre fragile de l'écosystème constitué par la rivière et son sous-sol alluvionnaire.

La Drire "accepte" un rejet inférieur de 11°C à la température de l'exhaure (le pompage) sans d'ailleurs préciser pourquoi cette limite a été fixée.

Elle pourrait en effet pénaliser injustement et apparemment sans raison valable un constructeur de PAC plus performant.


         * Direction régionale de l'industrie et de la recherche

 

**  Avec une amélioration du COP prévisible de l'ordre de 30%          COP = 1/ ( 1 - 1/ Tc/Tf)    

 

 

Le diagnostic préliminaire

 

Afin d’assister le Maître d’œuvre, La Drire a élaboré un « diagnostic préliminaire » . Ce diagnostic a toutes les chances d’être favorable pour ce qui concerne les ressources en eau de la plupart des immeubles anciens situés à proximité de la Seine et dans la partie crayeuse du bassin parisien 1).

Par le fait qu’il inclus une étude relative à la géologie et la mécanique des sols, il peut aussi éclairer le Maître d’ouvrage sur les conséquences éventuelles de la diminution sensible de la teneur en eau à l'aplomb de l'exhaure (léger rabattement de la nappe). Pour les zones urbaines, se pose en effet le risque d’un tassement du sous-sol pouvant modifier l'assise du bâtiment dans le cas où celui-ci est situé à l'aplomb de l’exhaure ? S’il y avait le moindre risque, ce diagnostic permettrait éventuellement d’orienter le Maître d'oeuvre vers la solution géothermique (voir géothermie à forage vertical ).

 

1) Les informations de géothermie perspectives montrent qu’une bonne partie du bassin parisien se trouve sur une nappe aquifère constituée par de la craie, roche poreuse ayant semble-t-il une perméabilité de fissures assurant un écoulement suffisant pour assurer l’alimentation en eau d’une pompe à chaleur.  Boulogne Billancourt, se trouve par exemple à l’intérieur d’un méandre de la Seine qui semble idéalement situé dans la partie favorable du bassin.  Ces informations sont corroborées par la visite d’un chantier Bouygues concernant l’installation d’un parking souterrain de 2400 m² sur plusieurs niveaux au lieu dit ‘’Square de Parchamps’. L’ingénieur Bouygues en charge du chantier a fait observé que lors des travaux de consolidation, la société Solétanche a du effectuer 4 forages à faible profondeur pour rabattre la nappe phréatique afin d’assurer l’injection de béton étanche séparant le parking de la nappe libre. Avant l’injection, un débit total très important de l’ordre de 2000 m3/h a été nécessaire pour maintenir à sec le fond du parking situé à environ -12 m. Ce débit a été assuré par 4 pompes de 500 m3/h unitaire

Il est regrettable qu’à l’occasion de telles réalisations les puits ne soit pas laissés en place pour utilisation éventuelle ultérieure. A défaut, des investigations constituant à vérifier la pérennité du débit pourraient être effectuées en mesurant par exemple le temps qui a été nécessaire pour rabaisser la nappe. On peut penser que la pérennité de ce débit est assurée.  Le débit nécessaire au fonctionnement d’une pompe à chaleur sur nappe est en effet très faible par rapport aux débits ci-dessus. Environ 100 fois plus faible que le débit d’alimentation d’une pompe à chaleur de 200 kW suffisante pour chauffer une centaine d’appartements de 2 à 3 pièces dans un grand immeuble correctement isolé. (Environ 20 m3/h). Quant au débit moyen de la Seine à Paris de 1 080 000 m3/h  (300 m3/seconde)  il n’y a pas à s’inquiéter. Un rapide calcul permet de comprendre que si 10 millions de parisiens se chauffaient ainsi le débit de la seine serait suffisant à assurer le besoin. L’eau de la seine qui communique avec l’eau contenu dans son sous-sol alluvionnaire selon la loi de Darcy serait alors sensiblement plus froide.

Les truites qui préfèrent l’eau froide mieux oxygénée, réapparaîtraient enfin dans notre fleuve pour la plus grande joie des pécheurs.