Aides
à l'investissement
En complément des aides telles que le crédit d'impôt ou l'assistance des
collectivités territoriales deux aides importantes pourraient aider l'état à
appliquer sa politique énergétique:
Le certificat d'économie d'énergie
On peut regretter que les copropriétés ne soient pas éligibles à la CEE. Cette
disposition va en effet probablement à l'encontre du résultat rechercher par
l'état de favoriser l'investissement dans le cadre de la rénovation thermique
des bâtiments anciens. Le mécanisme fiscal imaginé il y
a quelques années
par les anglais et d'ailleurs peu connu "oblige" les vendeurs
du fluide générant l'énergie ou le "combustible'", c'est à dire des compagnies
telles que EDF, GDF, les vendeurs de fioul, les fournisseurs d'eau chaude (CPCU)
ce qu'on appelle les obligés" dans le jargon administratif à payer leur malus au
titre du principe pollueur payeur. En payant leur malus on leur
donnent en quelque sorte l'autorisation de polluer sans qu'ils aient a payer des
amendes importantes s'ils le faisait sans avoir l'autorisation de le faire.
L'argent ainsi récolté est supposé financer les CEE certificats appelé à
financer les investissement de rénovation thermique des bâtiments sous réserve
que ces rénovations entraîne une diminution de la consommation en énergie
primaire (fioul, gaz, électricité). La redistribution de cette CEE aux intéressés : ceux qui souhaite
investir semble manquer pour l'instant de cohérence. A défaut d'une
redistribution de cette CEE au travers d'un organisme tel que l'ARC (Association
des responsables de copropriété), la redistribution au travers d'un
organisme à vocation sociale tel que l'ANAH pourrait être acceptable. Par
contre on aimerait savoir ou se trouve l'esprit du Grenelle de l'environnement
au travers d'une distribution de cette CEE au travers d'une grande surface telle
que Leclerc ayant vocation première à vendre de la nourriture sous
prétexte qu'il est aussi accessoirement un revendeur de carburant.!
Le prêt à taux zéro (PTZ)
Jean-Louis
Borloo souhaite assurer le financement des gros travaux d’isolation et
d’installation de chaufferies modernes par les économies de combustible
réalisées. Pour y parvenir son idée d’octroyer un prêt à long terme à taux zéro sans limitation de ressource
afin d’assurer le financement des travaux est incontestablement une idée simple
et bonne. D’autant plus intéressante qu’elle peut s’appliquer au marché le plus
important, celui des habitations anciennes et ce prêt est cumulable avec le crédit d’impôt pour les plus défavorisés.
La seule façon d’être certain que le pouvoir d’achat de l’emprunteur ne change
pas pendant la période de remboursement de l’emprunt est que d’une part « la durée du prêt en années soit égal au montant du prêt que divise l’économie
annuelle sur l’achat de combustible », et que d’autre part les
économies réalisées sur les achats de combustibles soient réelles de telle
sorte que remboursement du prêt soit assuré. Le pouvoir d’achat de l’emprunteur
pendant la période de remboursement n’étant pas modifié, les banques devraient être rassurées sur la
capacité de ce dernier à rembourser son emprunt. Les banques philanthropes
n’existant pas encore, une aide leur serait accordée par le gouvernement en
compensation de leur service. Cette dépense de l’état serait, on peut le
penser, compensée par la création de nombreux emplois et une relance du BTP qui
en a bien besoin. Moyennant une isolation préalable, les économies réalisées
sur l’achat du combustible avec une chaufferie moderne par rapport à une
ancienne chaufferie au fioul ne sont pas négligeables. Un foyer fiscal dépense en moyenne environ 2000 € par an en
fioul. Il faut en effet prévoir environ 2 m3
de fioul par an à 1 € le litre pour une petite
maison individuelle moyennement isolée ou pour un appartement dans un immeuble
ancien peu isolé (notre immeuble de 72 appartements datant de 1968 consomme 150 m3
de fioul par an). La dépense annuelle par foyer fiscal peut en effet passer de
2000 € à 840 € (cas d’une chaufferie au gaz à condensation) et même à 500 €
(cas d’une chaufferie mixte pompe
à chaleur aquathermique + gaz). Comme on le voit, les économies annelles sur
les achats de combustibles ne sont pas négligeables puisqu’elles représentent
respectivement 1160 et 1500 € par foyer fiscal pour chacune de ces deux
solutions. L’application de la formule ci-dessus « Durée du prêt en années D égal au montant du prêt M que
divise l’économie annuelle E sur l’achat
de combustible soit D = M/E » permet de calculer D connaissant les
deux autres paramètres. Si M= 13 500 € et E = 1500 € D est égale à 13 500 /1500 = 9 ans.
Comme on le voit ce sont des prêts à long terme qu’il faudra consentir.
L’adoption d’une chaufferie avec chaudière au gaz à condensation ne change
guère la durée du prêt. L’investissement de départ est certes comparativement
plus faible mais l’économie réalisée sur les achats de combustible l’étant
également, la durée du prêt est à peine diminuée. Ce qui est à craindre sont
les limitations qui risquent, comme cela est trop souvent le cas, compliquer
inutilement l’ensemble et bloquer un dispositif qui présente incontestablement
un double avantage : la simplicité et la relance le secteur du bâtiment
qui en a bien besoin actuellement. On peut espérer par exemple qu’il n’y aura pas de
limitations supplémentaires inutiles. En limitant l'écoprêt
à taux zéro à l’habitation principale on réduit inévitablement les chances de consensus lors de la
décision d’investissement. Dans un immeuble occupé à 50% par des colocataires
louant leur logement, on peut même dire que cette limitation est antisociale
dans la mesure où les copropriétaires bailleurs n’étant pas bénéficiaires du
prêt seront peu enclins à voter l’investissement privant du même coût leur
locataire des avantages d’un logement économique alors que le logement qu’ils
occupent est pourtant leur habitation principale.
Fixer
le montant maximum de ce prêt à 30 000 € par foyer fiscal semble important
mais il faut tenir compte des frais très élevés engendrés par cet
investissement. Ce dernier est en effet d’autant plus lourd que les économies
d’énergie sont importantes. (Cas des chaufferies modernes à bas d’énergie
renouvelables). Associer la limitation ci-dessus à une nouvelle limitation de
300 € /m² le semble également puisque cela conduit en fait à admettre qu’une
famille peut vivre harmonieusement dans 100 m²
habitable. Pourquoi prêterions-nous plus de 30 000 € à un riche foyer
fiscal qui vit dans 400
m² et qui n’a probablement pas besoin d’aide ? On
peut espérer qu’il n’y aura pas de limitations supplémentaires inutiles
(par exemple propriétaires bailleurs
n’occupant pas le logement ou celui ou le logement n’est pas l’habitation
principale de l’occupant mais sa résidence secondaire). On peut aussi
raisonnablement espérer que le calcul de la surface habitable inclura les
parties communes des immeubles. Ces volumes doivent en effet être isolées et
chauffées au même titre que les surfaces de vie. Pour un prêt aussi élevé, il
est toutefois clair que ce nouveau dispositif n’a toutefois une chance
d’aboutir que si la période de remboursement du prêt est suffisamment longue.
Dans le cas d’une chaufferie moderne à énergie positive où E = 1500 € un tel
emprunt conduit en effet à une période de remboursement très élevée de
30 000/1500 = 20 ans ! Si l’on
devait plafonner la période de
remboursement par exemple à 12 ans cela
conduirait en pratique à limiter le montant de l’emprunt à 12 x 1500 =
18 000 € pour que le pouvoir d’achat de l’emprunteur pendant la période de
remboursement ne soit pas modifié. Une telle limitation dans la période de
remboursement conduirait donc l’emprunteur à revoir le montant de l’emprunt à
la baisse risquant de condamner les solutions les plus onéreuses qui sont
précisément celles qui sont les plus intéressantes pour notre environnement.
Dans le cas des immeubles et des copropriétés ou les décisions d’investissement
ne peuvent être que collectives et ou il est si difficile de trouver un
consensus on ne peut que se féliciter de ces nouvelles dispositions qui
pourraient faciliter l’apparition de solutions modernes d’isolation et de
chauffage dans les villes et simplifier le dispositif actuel d’aides fiscales
(crédit d’impôt) et régionales. Sous leur forme fiscale (crédit d’impôt), elles
sont compliquées et mal comprises, rarement appliquées ou sujettes à litige avec l’administration fiscale.
Sous leur forme régionale, elles étaient en passe de faire l’objet d’un
véritable contrat entre le Maître d’œuvre et la Région mais elles sont passées
sous silence et ne sont plus attribuées par l’Ademe
pour les maisons individuelles et même plus récemment des copropriétés avec les
immeubles.