L’ « Air
Economy »
En annonçant sur l’A2 le 18
janvier 2019 l’arrivée sur le marché de la pompe à chaleur à 1€ notre ministre
de l'écologie vient incontestablement de franchir un pas en avant vers le
pragmatisme, le consommer
moins, et l’amélioration du climat social. Il vient aussi de prendre
conscience qu’en minimisant la combustion du fioul on va dans le sens de
l’atténuation climatique en améliorant qui plus est la qualité de l’air que
l’on respire. Il s’agit aussi incontestablement d’un premier pas en avant
allant dans le sens de l’amélioration du pouvoir d’achat du citoyen. En
commençant à mettre en place la notion du respect d’un contrat de performance il
considère qu’il peut globalement faire confiance aux nombreux constructeurs de
pompe à chaleur*. Sans cette confiance Detoeuf Barenton
confiseur nous a appris que rien de valable ne peut se faire (Voir P 131).
Malheureusement le système proposé ne concerne pas encore les immeubes et l’habitat collectif et est pour l’instant
limité à la maison individuelle se chauffant au fioul en laissant également de
côté celle se chauffant avec des radiateurs électriques. Pour cette raison la
grogne sociale actuelle liée à un pouvoir d’achat insuffisant ne va s’apaiser
qu’en partie. Il serait temps pourtant de ne pas dégrader à ce point une
énergie noble et onéreuse comme l’énergie électrique dans des radiateurs à effet joule.
Cette limitation est d’autant plus regrettable qu’il va bien falloir laisser un
peu d’électricité à la voiture électrique indispensable pour la mobilité en
dehors des villes vu son faible
prix de revient au km parcouru. Ceci sans faire appel au nucléaire et sur
le plus long terme avec des centrales voltaïques de taille raisonnable.
Vu le prix actuel du fioul, la diminution de la douloureuse chauffage
de fin de mois indiquée par l’A2 semble conforme à la réalité. En effet avec
une pompe à chaleur échangeant sur l’air, il est envisageable d’envisager des
frais d’exploitation sensiblement divisés par 2,4 (2200/900). Ceci par le fait que les pompes à chaleur à compresseur actuelles
alimentées en électricité ont un COP de 3,5 ce qui conduit à une consommation
électrique en kWh 3,5 fois plus faible que la consommation en fioul. Cela
dit, vu que le kWh électrique est sensiblement 50% plus élevé que le kWh
fioul on retrouve bien une dépense pour l’utilisateur 3,5/1,5 = 2,33 assez
proche de 2,4. |
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Limiter cet avantage aux bas revenus et au logement principale est
logique. Il va toutefois apporter une réflexion aux notions de dégressivité
pour éviter que la France ne soit coupée en deux. Ceci dans la mesure où il
semble anormal qu’un contribuable ayant un revenu de 14 361 € ne bénéficie
pas de cet avantage alors que celui ayant un revenu de 14 359 € en bénéficie.
Concernant l’octroi de cette aide fiscale, les Lutins thermiques qui ont toujours été plus
ou moins opposés à toute forme d’aide ne peuvent s’empêcher de comparer le
prix de vente inférieure à 1000€ d’une petite pompe à chaleur air air (Voir http://www.infoenergie.eu/riv+ener/LCU_fichiers/RSE-Figures%20explicatives.pdf ) avec le montant des taxes prélevés sur le fioul
en amont pendant la durée de vie de la chaudière au fioul avant implantation
de la pompe à chaleur. ( Voir http://www.infoenergie.eu/riv+ener/LCU_fichiers/WA-retrospective.pdf
) |
Bien que le propriétaire de la
maison ne soit pas celui qui paye,
il va falloir, pour que le marché de la pompe à chaleur à 1€ soit un succès en
France, que ce propriétaire se transforme temporairement en Maître d’œuvre
responsable. Ceci en laissant de côté le personnel Reconnu Garant de
l’Environnement (RGE) notion qui a fait la preuve de son inefficacité en raison
de la formation totalement inadaptée de ce personnel. Bien que le principe
d’une pompe à chaleur soit relativement simple son fonctionnement est tout
de même plus complexe que le gicleur d’un bruleur. L’avenir dira, au travers des réactions des
gilets jaunes, si un organisme comme l’OPQIBI
apporte une aide efficace pour conseiller l’utilisateur dans le choix de son
fournisseur.
Et les villes ?
Les déperditions thermiques
sont certes plus faibles pour un appartement que pour une maison individuelle
mais il va bien falloir pour combler les inégalités solutionner également le
problème social du chauffage de l’habitat dans les centres-villes de nos
grandes métropoles voire dans les immeubles situés dans des zones périphériques
à ces centres-villes qui sont souvent bien pauvres. Pour exemple la région
nord-est parisienne dans des communes comme St Denis, Aubervilliers, La
Courneuve ou Nanterre.
L’air peut être effectivement
la solution pour nos maisons individuelles situées dans nos campagnes parfois
éloignées de la rivière. Ce n’est le cas de nos grandes métropoles la plupart
du temps traversées par un fleuve. Heureusement d’ailleurs vu qu’il n’est pas
réaliste d’espérer généraliser ce type de pompe à chaleur à caractère
individuel échangeant sur l’air en ville dans le cas des immeubles. La raison
principale est le fait que prélever
l’énergie thermique renouvelable sur l’air n’est pas, et de loin, la bonne
solution en termes de performance**. Il reste de la part de l’état français
un pas important à franchir à ce sujet pour combler les inégalités sociales et mettre
en place un véritable réseau de chauffage urbain associé à un chauffage échangeant
l’énergie thermique naturelle sur l’eau et non sur l’air. Les premières
réalisations en Région parisienne dans l’hexagone allant dans ce sens comme à Boulogne
Billancourt semblent bien étriquées par
rapport au besoin.
*Quelques constructeurs de
pompes à chaleur : CIAT, ATLANTIC, STIEBEL ELTRON, SOFATH, HONEYWELL, BOSCH,
DAIKIN, WATERKOTTE, ENTHALPIE, CARRIER, DIMPLEX.
**Les avantages d’échanger sur l’eau et non
sur l’air sont pour l’essentiel
·
Performances nettement améliorées (COP de 4 à 7 au lieu
de 3 à 4)
·
Evaporateur silencieux et insensible aux inondations
·
Compacité du dispositif de génération thermique
·
Généralisation de la climatisation envisageable en ville
moyennant implantation d’un réseau d’alimentation en eau non potable de
immeubles.