Le stockage thermique par
puits d’eau chaude
Les énergies renouvelables,
qu’elles soient thermiques ou électriques sont soumises aux rythmes de la
nature et ne sont pas toujours disponibles lorsque nous en avons besoin.
Ainsi, leur stockage est un enjeu primordial
de leur développement.
Les réalisations de stockage thermique inter saisonnier réalisés au
Danemark et plus récemment en Autriche consiste à stocker de la chaleur captée
en été pour pouvoir l’utiliser ensuite pendant l’hiver. Il s’agit donc d’un
stockage à long terme. Ce mode de stockages se heurtent à des difficultés
techniques et économiques : il faut en effet savoir qu’un stockage de masse
c’est une installation de grande capacité en eau, un grand coût
d’investissement, et ceci pour un cycle unique chaque année. L’amortissement de
l’investissement initial ne peut se faire que qu’avec un média de stockage de
l’énergie aussi peu coûteux que possible ce qui est le cas de l’eau
L’eau est en effet un média de stockage de la chaleur très intéressant.
Son coût est faible, et sa capacité à absorber de la chaleur est importante pour ne
pas dire très importante. Pour donner un ordre de grandeur, chauffer un mètre
cube d’eau de 20° C à 80° C, nécessite de l’ordre de 70 kWh de chaleur (1,16
kWh/m3 et °C). L’eau a en
outre l’avantage d’être relativement abondante, tout en ne présentant aucun
risque de toxicité ou de réactivité chimique.
Si nous prenons du recul, stocker de la chaleur dans l’eau est un principe très ancien.
Évoquons ne serait-ce qu’avec nos bouillottes du XVIᵉ siècle qui ne sont que de simples récipients
contenant quelques litres d’eau. Elles étaient réchauffées au foyer, puis
placées dans le lit pour s’y coucher au chaud. Il y a eu ensuite nos ballons d’eau chaude individuels d’une capacité
comprise entre 100 et 300 litres qui fonctionnent selon le même principe :
l’eau qu’ils contiennent est réchauffée lorsque l’électricité a un coût faible (lors des heures creuses), de façon à pouvoir utiliser
ensuite cette eau chaude pendant les heures pleines, plus coûteuses. Il y a
aussi les particuliers encore peu nombreux qui disposent de panneaux solaires
thermiques qui utilisent la lumière du soleil pendant la journée pour réchauffer
l’eau d’un ballon-tampon, de façon à utiliser cette
eau chaude plus tard, notamment la nuit. La capacité des ballons-tampons
pouvant être individuels ou collective de plusieurs mètres cubes.
La particularité des
réalisations réalisés au Danemark et plus récemment en Autriche fonctionnent de
la même façon, mais à une échelle cette fois considérablement supérieure. Il
s’agit cette fois de réalisations collectives de centaines de milliers de
mètres cubes d’eau, destinés à alimenter des systèmes de chauffage urbain, et ce, pour un stockage de l’énergie thermique inter saisonnier sur une bien plus
longue durée l’objectif étant de capter la chaleur de l’été pour l’utiliser en
hiver.
Le plus grand puits d’eau chaude est à Vojens
au Danemark
Au niveau mondial, le plus
grand stockage thermique inter saisonnier se trouve au Danemark, dans la
commune de Vojens. La centrale dispose de près de
70 000 m² de capteurs solaires thermiques et d’un puits de stockage
thermique souterrain d’une capacité de 203 000 m³. Ce puits a été réalisé
dans une ancienne gravière, qui a trouvé là un second usage. L’eau est
séparée du sable par un revêtement spécial en plastique soudé, et sa surface
est également recouverte d’une couverture qui permet l’isolation thermique
nécessaire pour conserver la chaleur pendant une longue durée. Elle assure
également d’autre part le drainage des eaux de pluie. |
|
|
|
Une première installation solaire a été réalisée en 2012, d’une capacité
de 13 MW thermiques, complétée en 2015 par une deuxième installation de 37
MW, portant l’ensemble à 50 MW. C’est lors de cette seconde séquence de
travaux qu’à été construit le puits d’eau chaude.
Le puits d’eau chaude peut en principe être chauffé jusqu’à 95° C, mais la
température a été limitée à 80° C de façon à préserver dans le temps la bonne
tenue du revêtement. L’installation solaire est connectée au réseau de
chauffage urbain de la commune par le biais d’un échangeur thermique. Trois
chaudières au gaz naturel de 7 MW, une chaudière électrique de 10 MW et une
pompe à chaleur complètent l’installation. |
|
Le projet haute température de Simona Alexe – greenixcloud
Plus récemment, en Autriche, l’entreprise Simona Alexe – greenixcloud a aussi débuté le développement de concepts de
stockage inter saisonnier par puits d’eau chaude, dans le cadre de leurs
projets dénommés « PVT Big Solar ». Pour leur étude de faisabilité, ils ont
bénéficié en 2022 d’une subvention de l’ordre de 95 000 € du Klima Energie
Fonds (fond pour le climat et l’énergie) du gouvernement autrichien [2]. Notons
que ce fond finance les études préliminaires d’un portefeuille de 13 projets de
production d’énergie solaire thermique, pour un total s’élevant aujourd’hui à
303,107 m² (212 MW).
Quelles perspectives pour la France?
Ces réalisations, la partie « Water Economy » de ce site sur
l’énergie, ainsi que le rendement
déplorable de l’effet joule en termes de consommation électrique et tous les
inconvénients liés aux combustibles fossiles devraient assurément faire
réfléchir notre pays à la traîne en Europe pour les énergies renouvelables