Les grands barrages EDF

 

Que l’on en condamne le principe ou les résultats, il est un fait que la France a équipé ses rivières de grands barrages producteurs d’électricité pratiquement  tous les sites qui pouvaient l’être. Ces quelques 300 grands barrages, du type voûte ou poids ont parfois noyé des sites pittoresques mais en contrepartie les plans d’eau en amont de ces barrages, lorsqu’ils sont accessibles, sont la plupart du temps offerts pour la pratique de la voile ou du motonautisme. De plus, des lâchers d’eau permettent parfois de descendre des parcours qui sans eux seraient à sec en été. Certains ont regrettés dans un premier temps qu’il n’y ait que trop rarement un moyen de passage, un lieu de débarquement et de remise à l’eau commode pour franchir ces grands obstacles. L’investissement en regard du coût de l’ouvrage aurait été négligeable. Maintenant tout cela est oublié. Ces barrages et leurs grandes retenues font maintenant partie du paysage et de notre patrimoine. L'énergie potentielle importante qu'ils recèlent est disponible en peu de temps sous forme d'énergie cinétique ce qui constitue un facteur non négligeable de stabilisation du réseau électrique européen.

Il n'en va pas de même de la plupart des 150 barrages dit "au fil de l'eau" ou à basse chute.

L'énergie potentielle emmagasinée en amont de ces barrages est négligeable en valeur relative. De plus, les rivières françaises sont sensiblement moins en eau que dans le passé. Quoiqu'en certains de nos politiciens, on réalise tardivement que certains d’entre eux, particulièrement sur l’Allier, empêchent la migration des saumons vers l’amont. Leur démolition, qui a été reportée depuis trop longtemps, est devenue maintenant pour certains d'entre eux  irrémédiable.

 

Les barrages : une source d'énergie propre

qui perturbe les rivières

 

La quasi-totalité de l'énergie renouvelable du pays (plus de 90%) est assurée par les barrages hydroélectriques. Pourtant ces barrages, construits en France principalement au milieu du siècle dernier assurent à peine plus de 10% de l'électricité nationale. Cette production est à l’évidence faible en regard des conséquences importantes sur l'équilibre écologique des cours d'eau qui en résulte. La construction d'un barrage bloque l'écoulement des sédiments, fait varier brutalement les débits au détriment de la sécurité et empêche ou freine la migration des poissons. En contrepartie, les barrages fournissent une électricité peu chère, mobilisable aisément lors des "pointes" de consommation du matin, du midi et du soir dans les ménages. De plus, l'eau est une source renouvelable et propre, qui ne dégage pas de gaz à effet de serre contrairement aux centrales thermiques auxquelles EDF a parfois recours en période de pointe, en complément du nucléaire. Actuellement, EDF exploite un peu plus de 500 ouvrages hydrauliques importants, qui représentent l'équivalent de 5 réacteurs nucléaires de 900 mégawatts. Une centaine de concessions attribuées pour 75 ans à EDF viennent à échéance progressivement. La France en accord avec une directive européenne, a l'objectif ambitieux de doubler la part des énergies renouvelables dans sa consommation d'électricité à l’horizon 2010, soit de porter ce pourcentage à 20% en lieu et place des quelques 10% actuels.

Vouloir confier à l’éolien l'essentiel de cette progression du fait de la quasi impossibilité  - sauf à créer des catastrophes écologiques locales -  ou tenter de trouver en France de nouveaux sites pour les grands barrages relève de l’utopie. La meilleure preuve est bien ce qui vient d’arriver à la Hollande. Ce pays a développée à grande échelle la production d'énergie positive basée sur les éoliennes et est classée parmi les pays européens celui ayant l'efficacité la plus mauvaise en termes de production de gaz à effet de serre type dioxyde de carbone. Cette situation paradoxale s'explique par le fait qu’en l’absence de vent ce pays plat, n'ayant pratiquement pas de grand barrage hydroélectrique, n'a actuellement pas d'autre solution que d'assurer sa production électrique par des turbines à gaz lorsque le vent fait défaut ce qui est trop souvent le cas. Il est probablement souhaitable d’arrêter de penser uniquement en terme d’hydroélectricité ou d'éolien pour augmenter la part des énergies renouvelables. De même, évoquer le fait que la production d’énergie renouvelable hydroélectrique pourrait diminuer sensiblement si l’on augmente le débit qui doit rester dans la rivière (débit réservé) montre un mépris flagrant pour l’écosystème constitué par la rivière et pour les écologistes. On conçoit que les pêcheurs et les écologistes se soient mobilisés contre l'ultime verrou pour les saumons que constitue le barrage de Poutès-Monistrol sur l'Allier. Il est temps que leur vœux soient exaucés et que ce barrage voûte soit démantelé enfin de rendre à la rivière son caractère naturel et au saumon son lieu de ponte. Cette démolition serait une suite logique à la démolition du barrage Saint-Etienne du Vigan où l'Allier a retrouvé son charme naturel.  Encore faut-il que les saumons puissent atteindre les meilleures frayères situées en amont et ces zones de galets où ils se reproduisent. Le saumon a vu ses effectifs fondre de 99% depuis 1890. Il ne se doute pas lorsqu'il choisit la rivière au fleuve en arrivant au Bec d'Allier qu'il va être bloqué en se dirigeant vers ses frayères, une centaine de km en amont par les 17 mètres du barrage de Poutès.

Sur une rivière qui coule loin des villes et propre comme l’Allier, les barrages sont clairement identifiés comme la première cause du déclin du saumon devant la pollution.  C'était la richesse de la vallée, on venait le pêcher de partout, témoignent les habitants de la région qui rêvent de "pêcher de nouveau le saumon avant d'être au cimetière". Ils sont tout naturellement opposés au renouvellement de la concession du barrage octroyée à l’EDF il y a environ 75 ans et qui est arrivée à échéance en 2007.  En supposant que les saumons « passent » un peu au barrage de Poutès en raison des améliorations qui ont été apportées au barrage, soit vers l’amont à l’aide de l’ascenseur à poisson, soit vers l’aval lorsqu’ils utilisent le toboggan lorsqu'ils entament leur voyage vers la mer, l'obstacle constitué par le barrage freine incontestablement sa progression.


Dessin Michel Copin

Même bien équipés, les barrages sont autant d'obstacles qui retardent le jeune saumon dont le temps est compté et qui n’a qu’un mois et demi pour atteindre la mer, avant que la température de l'eau ne s'élève trop et qu'il s'asphyxie en juin dans les estuaires. Evoquer la pollution et la pêche à l’embouchure, le fait que sa démolition priverait la commune de la taxe professionnelle qu’elle retire de son existence relève d’un certain mépris pour la rivière et son écosystème. A chaque barrage, le saumon hésite entre l'eau qui court vers les turbines et le filet d’eau qui l'amènera sain et sauf au toboggan. En final, bien peu des jeunes saumons déversés artificiellement en amont dans les salmonicultures survivent.

 

Balendard

 

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