Hydroliennes ou éoliennes ?

Quand on navigue à la voile en mer d’Iroise au large de Brest ou sur le Raz Blanchard près de Cherbourg, on constate que les côtes françaises sont parcourues par des marées puissantes et régulières. Le Service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM) est capable d'en prédire les fluctuations cent ans à l'avance. Les marées et les courants maritimes qu’elles engendrent, sont connus avec une grande précision. Rien à voir avec le vent dont les changements de direction et de force ne peuvent être anticipés au mieux que de quatre à cinq jours et encore avec une précision très approximative.

Les puissances des plus grosses éoliennes sont loin d’être négligeables mais force est de constater que lorsqu’il n’y a pas de vent, il n’y a plus de production d’électricité, quand il y en a trop, ça risque de casser. Pour éviter la casse l'éolienne est constamment orientée par une couronne d'orientation de telle sorte que le nez de l'éolienne soit face au vent, l'exploitation étant arrêtée lorsque la force du vent dépasse 100 km/h. Contrairement aux éoliennes, l'énergie générée par les hydroliennes peut être parfaitement planifiée. La vitesse des courants au large des côtes bretonnes ou normandes, souvent supérieure à 12 km/h, met en jeu une énergie considérable pouvant être équivalente à celle produite par un réacteur nucléaire.

 

 

Après la réalisation réussie des turbines de basse chute de la Rance,

on a du mal à expliquer le manque de réalisation en France dans ce domaine.

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Il s’agit là en effet d’une source d'énergie propre, extrêmement abondante, renouvelable, parfaitement prédictible, et qui ne défigure pas le paysage.

Dans le calme relatif des profondeurs, la perturbation due à la houle n’est plus un phénomène perceptible et des projets de turbines électriques sous-marines voient le jour un peu partout à l'étranger, sauf en France. Les contacts techniques de l’EDF avec le Royaume-Uni va dans le sens d'une réduction des frais de recherche de même que la participation de Total avec une société écossaise - peut-être un peu tardive compte tenu de l'urgence - est une prise de conscience du grand pétrolier de l'imminence de l'après pétrole. Seule une petite société bretonne s'est lancée dans les "hydroliennes". Elle n’a semble-t-il pas été suffisamment subventionnée afin de permettre la construction d’un prototype à échelle réduite. Créée en 2000 à Quimper, elle projetait de construire des hélices activées par la marée d'une puissance de 1,2 mégawatt chacune, l'équivalent d'une grosse éolienne. Faute d'avoir su éveiller l'intérêt de l'Etat et d'EDF, les investissements de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) pour ce projet d’hydroliennes se sont limités à 250 000 € sur 7 ans afin de payer les ingénieurs qui ont étudiés ce projet. On peut regretter que les régions bretonne et normande n'aient pas encore réalisées l'importance de l'enjeu. La région a enfin été décider de construire deux prototypes sous la forme d'une maquette à échelle réduite d'une puissance limitée à 15kW 1). De telles réalisations pourraient se faire en liaison avec la nouvelle agence nationale de la recherche. Une innovation technique de ce type engendre en effet inévitablement la résolution de problèmes techniques nouveaux. Le fondateur de cette société bretonne expliquait que l’installation d’hydroliennes sur les littoraux breton et normand permettrait de fournir une puissance moyenne de 3 gigawatts (GW) avec des pointes à 6 GW  pendant les périodes de vives-eaux soit l'équivalent de trois réacteurs nucléaires. Les courants marins pourraient donc fournir autant sinon  plus que l’énergie hydraulique fournie par les barrages (12 % de l'électricité nécessaire à la France)!

 

Vouloir confier uniquement à l’éolien la progression des énergies renouvelables de 10 à 20% dans l'espoir de limiter la génération de gaz à effet de serre relève probablement de l’utopie. La meilleure preuve est bien le Danemark qui a développé à grande échelle la production d'énergie positive basée sur les éoliennes et est, de tous les pays européens, le plus mauvais élève en terme de production de gaz à effet de serre type dioxyde de carbone. Cette situation paradoxale s'explique par le fait qu’en l’absence de vent ce pays plat, sans grand barrage hydroélectrique, n'a actuellement pas d'autre solution que d'assurer sa production électrique par des turbines à gaz lorsque le vent fait défaut ce qui est trop souvent le cas. Il devient indispensable et urgent d’arrêter de penser uniquement en terme d’hydroélectricité ou d'éolien pour augmenter la part des énergies renouvelables. L'ambitieux et coûteux programme d'éoliennes offshore qui vient d'être lancé par le Président de la république ne changera probablement pas le système en profondeur et va majorer sensiblement le prix de l'électricité pour l'utilisateur. Il prouve en tout cas le dynamisme industriel de la filière éolienne

 

1)       Les affirmations de l'ancien président directeur général d'EDF, Pierre Gadonneix, qui, à propos des hydroliennes, avait parlé il y a quelques années de cette source d'électricité comme étant «sûre et inépuisable, susceptible de contribuer à répondre aux besoins grandissants en énergie des populations ». vont bientôt être vérifiés suite a l'annonce par le groupe EDF d'une tentative audacieuse d'industrialisation et la construction de trois à six hydroliennes d'une puissance significative (4 à 6 MW) près de Paimpol, dans les Côtes d'Armor. L'immersion au large de¨l'île de Bréhat de la première de ces grosses hydroliennes posée sur les fonds marins par 35 mètres de fond va être effectuée début septembre 2011. Ceci pour une période d'essais de 2 mois afin de tester l'efficacité et la technologie du dispositif. Elle devrait ensuite être raccordée au réseau .l'année prochaine ce qui constituerait une première mondiale et une très bonne nouvelle : Le tirant d'eau lors des grandes marées basses restera voisin de 10 mètres malgré de diamètre imposant de l'hydrolienne (16 mètres de diamètre soit la hauteur d'un immeuble de 5 étages). La vitesse de rotation assez lente (environ 10 tr/mn) de cette hydrolienne munie probablement de paliers fluides de guidage sur sa périphérie ne devrait pas menacer les poissons et les mammifères marins qui pourront passer dans le trou ménagé en son centre. Ce projet de 40 M € sera financé par EDF et on peut l'espérer pas uniquement dans l'espoir de remporter le marché d'une centrale à gaz de 450 MW une centaine de fois plus puissante en baie de Brest. Les pièces maitresses de l'hydrolienne, sous-traitées à la firme irlandaise Open Hydro ont été assemblées à, Brest. Le projet a été mené en concertation avec les pécheurs de crustacés et les ostréiculteurs locaux "en douceur". Dans un premier temps, le prix du kWh développé par cet engin innovant sera inévitablement plus élevé que l'éolien terrestre (environ 10 fois plus selon le journal Ouest France). Ils devraient ensuite baisser rapidement si le traitement antifouling des pales s'avère efficace et ne nécessite pas un ragréage trop fréquent. La gigantesque machine relevée mi-janvier 2012 est en bon état et va être améliorée au niveau de l’étanchéité et des connexions électriques pendant une campagne de 6 mois pour être raccordé au réseau on l’espère fin 2012. Le directeur de production EDF Xavier Ursat espère diviser les coûts par trois assez rapidement

 

La rivière se sent tout d’un coup un peu moins seule.

 

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Avant immersion

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Le rotor et son trou central

 

Une autre conception d’hydroliennes est en train de naître

http://www.batiactu.com/edito/cerf-volant-hydrolien---du-reve-a-la-realite-37204.php