Le rendement de la combustion
Les chaufferies des immeubles équipés d’un chauffage collectif par
chaudières fioul lorsqu'elles sont rénovés vers
le gaz naturel comprennent le plus souvent deux voire un nombre plus important
de chaudières à condensation de même puissance.
Cette disposition assure la pérennité
du chauffage en cas d’incident sur une des chaudières et permet de
fournir le besoin en cas d’hiver exceptionnellement froid avec un
fonctionnement des chaudières en cascade.
Les 4 facteurs principaux qui améliorent le rendement de la génération
thermique sont
- Les variateurs de débit sur l’air de combustion et sur le combustible (gaz ou fioul),
-
Une basse température sur les gaz brûlés
- La condensation de l’eau contenue dans ces gaz rendue possible par la basse température
-
Le
préchauffage de l'air de combustion
Le besoin en puissance pour assurer une
température constante dans le logement varie selon la saison comme l’indique la
courbe monotone ci-dessous. Cette puissance est en effet proportionnelle à la
différence entre la température extérieure et la température de confort à
l’intérieur du logement. Le cycle tout ou rien des chaudières anciennes
génération particulièrement lorsqu‘elles sont surdimensionnées entraîne des
temps de fonctionnement très court avec des temps d’arrêt trop importants
particulièrement en mi-saison entraînant une
surconsommation inutile. La combustion est moins bonne, les rejets d’imbrûlés
augmentent et le rendement diminue. Les deux figures ci-dessous permettent
d’évaluer les pertes de puissance avec ces anciennes chaudières. L’ademe attire l’attention sur les pertes d’énergie inutiles qui résulte
du surdimensionnement de la
génération.
L’implantation
d’un variateur de vitesse permettant de contrôler le débit d’air de combustion
à l’entrée du brûleur ainsi que le débit de gaz naturel présente l’avantage
fournir un fonctionnement en continu de la chaudière avec une plage importante
allant de 20 à 100% de la puissance de chauffe maximum. Il est ainsi possible de mieux
satisfaire le besoin thermique variant suivant la saison. Le rendement est
grandement amélioré par rapport au fonctionnement tout ou rien d’un brûleur. Comme
l’indique les figures ci-dessous
Fonctionnement en tout ou rien selon le taux
de charge
Rendement d’une chaudière ancienne
génération fonctionnant en tout ou rien (D’où l’intérêt des radiateurs basse
température)
Les pertes d’énergie correspondantes pendant une année (en gris)
Les surfaces étant proportionnelle à l’énergie, on peut estimer
une perte de rendement globale annuelle voisine de 25 à 30%
Le brûleur d’une chaudière moderne Figure
montrant le variateur de vitesse sur l’arrivée d’air de combustion et de gaz naturel
d’un brûleur de chaudière moderne (Courtesy De Dietrich) La possibilité
de moduler la puissance en faisant varier les débits d’air et de gaz permet
d’obtenir un fonctionnement à charge réduite avec une perte de rendement
beaucoup plus faible par rapport au fonctionnement tout ou rien d’un brûleur |
Le condensat Figure
montrant la tuyauterie de récupération des eaux du condensat variateur de
vitesse. L'autorisation est donnée de rejeter le
condensat dans les eaux usées mais seulement après traitement. Le non-respect
de la réglementation à ce sujet peut entraîner deux ans d'emprisonnement et
75 000 € d'amende. Le condensat est en effet acide pour la raison que le
gaz carbonique CO2 soluble dans l'eau H2O, forme un
acide carbonique CH2O3 très acide ayant un pH voisin
de quatre dans le cas de la condensation avec le gaz alors que le rejet doit
avoir un pH supérieur à 6,5. Le passage du condensat acide dans du charbon
actif élimine tout d'abord les traces éventuelles de combustible dans le cas
du fioul. On le fait ensuite traverser un lit de graviers calcaires ce qui
suffit à ‘’neutraliser’’ l'acidité
avant le rejet. A noter que le condensat non traité attaque les métaux.
(cette attaque éventuelle ne concerne que la tuyauterie de couleur bleu). La
fonte d'aluminium au silicium, le cuivre, et l'acier inoxydable sont les
métaux qui résistent le mieux à cet acide. Les fournisseurs de chaudières
travaillent en collaboration avec des sociétés assurant la fourniture des
tuyauteries d’évacuation des gaz brûlés. Celles-ci sont prévues en inox pour
les chaudières de forte puissance alors que pour l'individuel, ces
tuyauteries sont parfois prévues en PVC.
Ce sont ces mêmes sociétés qui traitent le condensat avant rejet. |
.
Chaudière basse température :
Considérons une chaudière fonctionnant avec une
température extérieure de 0°C et une température des gaz brûlés dans le conduit
d’évacuation de 200°C valeur malheureusement encore trop courante avec les
chaudières anciennes génération. Un chimiste a établi qu’il fallait 10 m3
d’air pour brûler correctement un litre de fioul domestique. Compte tenu de la
densité de l'air sec (1 m3 correspond à sensiblement à une masse m d'air de 1,25
kg), de la chaleur spécifique de l’air sec (de 1 kJ/m3 et °C) et de
l’équivalent thermique de un litre de fioul voisin de 10 kWh, la quantité de
chaleur perdue par litre de fioul consommé est de W =
1,3 x 200 x 10 = 2600 kJ ou 0,72
kWh. Soit une perte de rendement
voisine de 7%.
Avec une chaudière basse température évacuant ses
gaz brulés à 30 °C au lieu de 200 l’amélioration du rendement est de l’ordre de
6%. Il est
donc intéressant de récupérer la chaleur contenue dans les gaz brulés.
|
Une solution pour y parvenir est par exemple de faire
fonctionner le conduit d’évacuation des gaz brulés comme un échangeur à contre-courant.
L’air froid de combustion circulant dans l’anneau extérieur de deux tubes
concentriques refroidi les gaz brulés à haute température circulant dans le
tube central avant leur rejet dans l’atmosphère. L’air de combustion arrive
plus chaud dans la chambre de combustion améliorant le rendement |
Chaudière à condensation
Humidité
relative
% |
Point de rosé selon température
ambiante °C |
||||||
Ambiance °C |
-7 |
4 |
16 |
27 |
38 |
49 |
|
90% |
-8 |
3 |
14 |
25 |
36 |
47 |
|
80% |
-9 |
1 |
12 |
23 |
34 |
43 |
|
70% |
-11 |
-1 |
10 |
20 |
31 |
41 |
|
60% |
-12 |
-3 |
7 |
18 |
28 |
38 |
|
50% |
-14 |
-5 |
4 |
15 |
25 |
34 |
|
40% |
-17 |
-8 |
2 |
11 |
21 |
31 |
|
30% |
-21 |
-11 |
-2 |
7 |
16 |
25 |
Les gaz brûlés contiennent de la vapeur d’eau. En observant
le tableau ci-dessus on remarque qu’en abaissant la température des gaz brulés
à des températures de 30 à 40°C, on peut condenser cette vapeur d’eau. La
chaleur latente de condensation de l’eau, voisine de 2250 kJ par kg d’eau
condensé peut ainsi être récupérée. Cette chaleur est loin d’être négligeable.
Pour un litre d’eau condensée par litre de fioul consommé, valeur souvent
retenue par les sociétés assurant la fumisterie (Installation des tuyauteries
d’évacuation des gaz brûlés et le traitement du condensat), c’est donc une énergie thermique de 0,6 kWh qui
peut être récupérée soit nouvelle amélioration de 6% compte tenu de l’équivalent thermique de un litre de fioul voisin de 10 kWh. Le lecteur comprendra aussi l'utilité de ce tableau pour le
phénomène de givrage des PAC air eau en relève (partie gauche du tableau) qui
limite leur fonctionnement lorsque les températures extérieures sont trop
basses
Conclusion
Une chaufferie moderne équipée de chaudière à condensation avec variateur de débit sur l’air de combustion peut voir son rendement global s’améliorer de 35 à 40% diminuant dans les mêmes proportions les frais d’exploitation de la chaufferie. Pour encourager l’utilisateur l’état accorde un crédit d’impôt symbolique pour la chaudière basse température avec une légère amélioration du crédit d'impôt pour la condensation. Paradoxalement il n’est pas fait mention dans les aides du contrôle des débits d’admission alors que c’est cette option qui est la plus intéressante en termes d’amélioration du rendement. Plutôt que de faire miroiter des aides telles que la CEE , de parler de prime à la casse plutôt qu’à la cuve, Les Lutins thermiques font observer qu'il serait probablement préférable d’interdire purement et simplement la vente de ces chaudières ancienne génération fonctionnant en tout ou rien. Un point négatif de la combustion seule est la génération de gaz à effet de serre et le fait qu'aucune énergie gratuite n'est prélevée dans l'environnement.
En conséquence, le coût des frais d'exploitation de la combustion même avec ces améliorations ci-dessus reste plus élevé qu'une chaufferie ENR.