L’empreinte
écologique.
Le poids des activités humaines sur les milieux
naturels peut s’évaluer en comparant le prélèvement qu’il effectue dans la
nature pour ses propres besoins et les quantités d’énergie misent à sa disposition
par la nature. Ce rapport est le plus souvent extrêmement faible. Pourtant, en
raison d’une démographie croissante et particulièrement lorsque ces
prélèvements sont d’origine fossile la dégradation très lente que l’homme
inflige à la nature aux cours des siècles s’additionne progressivement. Cette
dégradation commence à mieux être quantifiée qualitativement et
quantitativement ce qui va nous permettre, on peut l’espérer, de mieux la
combattre. Outil en amélioration constante, l’empreinte écologique permet
d’affirmer que ce poids global commence à dépasser aujourd'hui la capacité de
charge de la planète qui accumule une « dette écologique » de plus en plus
importante. L’empreinte écologique a un coût pour ceux qui en sont les
victimes. La France, membre de l’OCDE, fait partie des 33 pays les plus riches
de la planète. Chaque français consomme
annuellement une énergie voisine de 22 100 kWh correspondant sensiblement à la
moitié de celle consommée en moyenne par les pays membre ( 55 000 kWh),
chiffre nettement plus élevée que la moyenne mondiale.
Cette consommation est dans une bonne mesure le
reflet du produit intérieur brut le PIB. La théorie d’une croissance économique
continue et son indicateur actuel le PIB qui ne s’arrête jamais n’est pas viable
à long terme. Il suffit pour cela de comparer le PIB de la France qui est passé
de 3500 dollar en 1913 à 19 500 dollar en 1998.
Si cette croissance relativement récente, qui a
démarrée avec l’urbanisation de la société et avec laquelle elle est probablement
liée continuait pendant deux siècles à ce rythme de 2% par an, le PIB, au lieu
d’être multiplié par 5 serait cette fois-ci multiplié par 50 (1,02200)
atteignant des valeurs tout à fait déraisonnables. Parmi les cinq points
évoqués par le secrétaire général de l’OCDE et qui vont devenir selon lui
nécessaires pour coordonner les services publics, figure celui de reconsidérer
les indicateurs classiques comme le PIB et l’inflation.
Le progrès technique a joué un rôle primordial
jusqu’à présent dans la croissance. On commence à comprendre qu’il doit être
maintenant au service de la lutte contre la pauvreté et non une augmentation
débridée et irréfléchie de la consommation. Pour sortir de la spirale
infernale de la croissance qui pourrait être liée au réchauffement
climatique, une meilleure exploitation des énergies renouvelables, maintenant
possible avec le progrès technique, pourrait nous aider à franchir cette
mauvaise passe. Les réserves en énergies renouvelables sont heureusement
considérables particulièrement avec la plus importante de toutes :
l’énergie thermique qui nous vient du soleil par radiation. L’IRENA estime que ce flux d’énergie thermique qui nous
parvient du soleil représente environ 1800 fois la consommation mondiale en
énergie de notre planète terre. Bien que ce rapport soit très important, la
France n’a, elle aussi, malheureusement su prélever pour l’instant qu’une
quantité infime de cette énergie naturelle mise à sa disposition*.
*Energie consommée en France 22 100 kWh x 62
millions d’habitants = 1370 TWh
Energie
qui nous vient du soleil 550 000 km² x 0,3 kW/m² x 8760
=1 445 400 TWh
Soit une
énergie environ 1000 fois plus importante que le besoin
Energie électrique d’origine nucléaire
Mais revenons à la France
notre petit pays : les trois productions d’énergies les plus
importantes à savoir : le nucléaire, l’hydroélectrique et les énergies fossiles
avec la combustion ne représentent aussi qu’une partie infime de l’énergie qui
nous vient du soleil.
Figure La production annuelle d’énergie électrique en
France est surtout assurée par le nucléaire. Toutes chaînes de production
énergétiques confondues (Nucléaire (75%), hydroélectrique (10%), fossile (10%
et renouvelable (5%)) elle représente un total de 480 TWh la différence entre
la consommation globale annuelle française de 1370 TWh évoquée ci-dessus et la
production électrique de 480 TWh s’expliquant probablement par le fait que
l’énergie alimentant certaines chaînes énergétiques fournissent par exemple de
l’énergie mécanique sans passer par la case électricité
On espère avec la fusion nucléaire contrôlée
produire une énergie quasiment inépuisable et parfaitement propre puisque
qu’assurée sans déchets radioactifs mais nous n’en sommes pas là. Il ne s’agit
que de prévisions qui pourraient bien être à très long terme. La complexité des
technologies de l’atome sont telles que l’inquiétude du directeur du CNRS était
certainement fondée. Vouloir mettre le soleil sur la terre n’est probablement
pas à notre portée et les écologistes on raison d’utiliser
le terme d’apprenti-sorcier en mettant en avant ce qui pourrait se passer si la
réaction devenait incontrôlable. De même qu’ils soulignent les arrière-pensées
militaires qui pourraient surgir de cette forme de production d’énergie. Ils
ont probablement tort sur ce dernier point. Ces réalisations nous acheminent
probablement vers un cul de sac mais nul doute qu’elles ont été initiés pour le
bien de l’humanité et sont une main tendue aux générations futures au nom de la
solidarité et de la responsabilité. Toutefois, en attendant que ces techniques futuristes se mettent en place,
les déchets hautement radioactifs et donc les plus dangereux continus à être
générés par les solutions actuelles et doubleront d’ici 2030.
Il faut cependant reconnaître que les centrales nucléaires EPR nouvelle
génération comme celle de Flamanville, issus du réacteur expérimental super
phénix laissent la rivière tranquille. Installées en bordure de mer, elles
ne réchauffent pas l’eau de nos rivières comme les réacteurs actuels et ont à ce
niveau une empreinte écologique plus faible. Autant le réchauffement de
l’eau de nos rivières pouvait être préjudiciable à l’activité microbienne dans
ces dernières, étant donné leur milieu confiné, autant le réchauffement
local de l’eau de mer ne devrait pas avoir de conséquence sur l’environnement.
Les écologistes devraient se sentir rassurés à ce sujet. En Mer Rouge, l’eau
est chaude et il y a beaucoup de poissons. De plus si l’on considère les
courants marins qui balaient nos côtes bretonnes et la réserve thermique
absolument considérable que constitue l’océan, ils peuvent dormir
tranquille. L’empreinte écologique sur la rivière de l’énergie électrique
d’origine nucléaire utilisant les réacteurs à eau pressurisée type EPR est donc
moindre que les anciens réacteurs en bordure de fleuve et encore en
fonctionnement actuellement. Reste malheureusement les déchets radioactifs pour
lesquels le stockage à grande profondeur n’est pas encore effectué dans de
nombreux pays.
Le nouvel inventaire de l’ANDRA (Agence
nationale de gestion des déchets radioactifs), estime que l’on peut classer les
déchets radioactifs selon 5 catégories :
1) Ceux à très faible activité
(l’activité indique la dangerosité)
2) Ceux à moyenne et faible activité
à vie courte (ils ne sont pas dangereux longtemps)
3) Ceux à faible activité à vie
longue (pas très dangereux mais très longtemps)
4) Ceux de moyenne activité à vie
longue (dangereux très longtemps)
5) Ceux de haute activité issus des
centrales nucléaires.
Ces derniers, extrêmement dangereux,
ne représentent en France que 0,2 % (2300 m3) du volume total des déchets
radioactifs alors qu’ils comptent pour 95 % de la radioactivité totale. Dans
l’attente des prévisions de stockage à grande profondeur, ils sont stockés en
surface sur le site de la Hague (Manche). Une solution est à l’étude à -500 m sous
terre
dans une couche géologique favorable près de Bune
dans la Meuse à l’horizon 2025.
Ces
déchets ne perdent leur dangerosité que très lentement (milliers d’années,
voire plus)