L’eau,
formidable véhicule énergétique,
oui mais…
L’énergie, qu’elle soit sous forme mécanique ou thermique, peut être
transférée par l’eau dans les tuyauteries hydrauliques avec beaucoup
d’efficacité. Sa faible viscosité cinématique voisine d’un centistoke à la
température de 20 °C est un facteur intéressant : elle diminue les
pertes de charge en ligne facilitant son transfert. Grâce à l’anglais James
Prescott, on sait que l’équivalent mécanique d’une petite calorie est de
4,18 joules. Cet équivalent correspond dans la pratique à la quantité de
chaleur nécessaire pour élever un gramme d’eau de 1 °C. |
Le transfert de l’eau chaude dans les
tuyauteries est encore facilité par le fait que sa viscosité cinématique
diminue lorsque sa température augmente. |
Une
tuyauterie ayant un diamètre intérieur de 50 mm capable de résister à une
pression de 300 bars et dans laquelle circule de l’eau à une vitesse
d’écoulement moyenne de 5 m/s peut transmettre une puissance hydraulique
de 300 kW convertible en puissance mécanique par un vérin. Et cela sur
plusieurs dizaines de mètres sans perte de puissance significative. Le fluide
utilisé sur la
plus grosse presse à matricer européenne de
65 000 tonnes implantée en France à Issoire est composé à 98 %
d’eau.
Une tuyauterie de diamètre intérieur 200 mm quatre
fois plus important dans laquelle circule un débit de 240 m3/h
d’eau à 15 °C à une vitesse d’écoulement limitée à environ 2 m/s
transmet une puissance thermique voisine de 2 800 kW lorsque la
température chute de 10 °C en fin de ligne. La perte d’énergie sur une
longueur de 1 km d’un tel transfert d’énergie thermique est inférieure à 3 bar. Elle ne représente sensiblement que 0,6 % de la
puissance thermique transmise. Le choix de la vitesse de circulation dans les réseaux de chauffage urbain sera probablement
plus fonction du niveau sonore et du cout que des pertes d’énergie en ligne. |
Chute de pression en ligne avec de l’eau à
50 °C et de faibles vitesses de circulation (1 bar = 105
Pascal = 10 mètres d’eau). Accès au logiciel
de calcul Excel |
Les pertes de charge en ligne dans les
tuyauteries de chauffage assurant les transferts thermiques vers les
radiateurs ou les planchers chauffant des immeubles sont le plus souvent très
faibles* en raison des faibles vitesses d’écoulement mais elles peuvent être gravement affectées par
l’état de surface des tuyauteries en acier non traitées *et 1 000 daPa (correspondant à 1
mètre d’eau) pour longueur d’une centaine de mètres |
L’eau de mer que l’homme
cherche à convertir en source d’énergie électrique avec les hydroliennes peut
être aussi source
d’énergie thermique.
oui mais…
L’eau,
formidable véhicule énergétique est aussi source de vie
mais il y a des contreparties :
- L’eau laisse passer l’électricité et lorsqu’on a les pieds dans
l’eau, les 220 volts peuvent tuer.
- Un isolant humide devient moins performant. Attention à la qualité
des étanchéités en toiture et au fait qu’un isolant thermique perd en
efficacité à l’affectation une fois immergée dans l’eau suite à inondation
!
- Toute présence d’eau dans le fluide frigorigène d’une pompe à
chaleur affecte gravement la tenue dans le temps des compresseurs et est
absolument prohibée.
- L’eau et l’air font mauvais ménage dans un circuit
hydraulique : ceci dans la mesure où la présence d’air dans un circuit génère
des bruits, affecte la régulation, favorise les coups de bélier et les pointes
de pression en aggravant la corrosion interne des tuyaux. Il faut donc dans la
mesure du possible purger le circuit chauffage de son air aux points hauts. A
notre que même sans air dans les tuyaux, les tuyauteries en acier non traité
peuvent être gravement corrodés par l’eau.
- L’eau qui s’infiltre dans les immeubles à la toiture dégradée est
source d’inconfort pour les occupants et affaibli lentement et inexorablement
leur structure.
- Enfin, l’eau gèle à 0 °C, considération importante à
conserver soigneusement en mémoire lorsque l’on souhaite l’utiliser comme
véhicule thermique. On estime en effet à 8 °C la température minimum de
l’eau à la source froide (exhaure) pour qu’une pompe à chaleur eau eau fonctionne
correctement ce qui limite la quantité d’énergie que l’on peut prélever dans la
rivière au plus froid de l’hiver.