Sécurité et
responsabilité
Les opposants et les partisans des
centrales nucléaires produisant l’électricité débattent souvent de façon très violente.
Ces tensions ont l’avantage de maintenir constamment à l’esprit de l’exploitant
les questions relatives à la sécurité et au stockage des déchets radioactifs.
Les sommes couvertes par les assurances au titre de la responsabilité civile de
telles installations, même si elles sont de l’ordre du milliard d’€, ne peuvent être à la hauteur du risque,
heureusement extrêmement faible, que le cœur du réacteur soit l’objet d’une
fusion. Cette fusion survenue à Fukushima suite à un tsunami d’une
violence incroyable est le plus grave accident qui puisse survenir à ce genre
d’équipement pendant son exploitation. En cas d’incident grave de ce type les
coûts complémentaires seraient trop importants pour pouvoir être couverts par
les assurances et seraient en fin de compte supportés par la collectivité. On
admet maintenant qu’il n’y a pas de risque « zéro » en ce qui
concerne la production d’énergie électrique nucléaire et les nouvelles
centrales nucléaires dites de «troisième génération»
même si elles sont plus sécurisés que les anciennes, ne sont pourtant pas
totalement à l’abri de tels incidents. L'élimination des déchets radioactifs*
est le deuxième problème de l'énergie nucléaire. Depuis qu'elle est utilisée
dans le secteur civil, l'énergie nucléaire a produit à travers le monde 300 000
tonnes de matériaux hautement radioactifs auxquels 10 000 tonnes s'ajoutent
chaque année. La durée de vie des déchets radioactifs pouvant s'étaler sur une
période d'un million d'années, il semble incroyable qu’aucun dépôt en couches
géologiques profondes, probablement en milieu argileux étanche, ne soit pas
encore exploité pour stocker les déchets radioactifs de par
le monde. L’objectif des gouvernements serait de construire ces dépôt
finaux pour les déchets à radioactivité faible et modérée aux alentours des
années 2030 voire même seulement en 2040 pour les déchets hautement
radioactifs. Le stockage des déchets radioactifs issus des centrales nucléaires
est actuellement effectué dans des «dépôts
intermédiaires» à proximité des réacteurs et par la même à proximité des
rivières augmentant le risque de propagation de l’irradiation dans le sous-sol
alluvionnaire de celle-ci.
* Le nouvel inventaire de l'ANDRA
(Agence nationale de gestion des déchets radioactifs), estime que l'on peut
classer les déchets radioactifs selon 5 catégories :
1) Ceux à très faible activité
(l'activité indique la dangerosité)
2) Ceux à moyenne et faible activité à
vie courte (ils ne sont pas dangereux longtemps)
3) Ceux à faible activité à vie longue
(pas très dangereux mais très longtemps)
4) Ceux de moyenne activité à vie
longue (dangereux très longtemps)
5) Ceux de haute activité issus des
centrales nucléaires.
Ces derniers, extrêmement dangereux,
ne représentent en France que 2% (2300 m3) du
volume total des déchets radioactifs alors qu'ils comptent pour plus de 95 % de
la radioactivité totale. Dans l'attente des prévisions de stockage à grande
profondeur, ils sont stockés en surface sur le site de la Hague (Manche). Une
solution est à l'étude à -500m sous terre dans une couche
géologique argileuse favorable près de Bure dans la Meuse à l'horizon
2025. Ces déchets ne perdent leur
dangerosité que très lentement (milliers d'années voire plus comme le neptunium
237 dont la ½ vie est de 2 millions d’années.
Un point
important est l’adoption d’un circuit de réfrigération fermé limitant la
dispersion de la radioactivité dans le sous-sol si l’on devait refroidir le
corps du réacteur suite à un incident grave. Le
non-respect des recommandations de l’ASN par les autorités japonaises serait à
l’origine du non fonctionnement de ce dispositif de refroidissement avec les
graves conséquences d’un refroidissement en circuit ouvert en raison de la
dispersion de la radioactivité autour des centrales et dans la mer (Voir un
extrait du livre « La Solar Water Economy avec la
rivière » expliquant la conception des deux circuits ouvert et fermé). Les
principales villes françaises étant situées en zone alluvionnaire et en bordure
des rivières et des fleuves avec le risque de propagation de la radioactivité
dans les nappes libres (Voir formule de Darcy) on peut légitimement se demander
si la déconstruction éventuelle des quelques centrales nucléaires françaises ne
comprenant pas encore ce dispositif ne devraient pas être programmée en
premier.