Selon Batiactu du 25-01-2011 ce sont 600 éoliennes de forte puissance qui devraient voir le
jour d’ici à 2020 pour produire une puissance 3.000 mégawatts, puissance qui correspond
sensiblement à deux centrales nucléaires. Lorsque l’on sait que la puissance
développée par une éolienne est proportionnelle au cube de la vitesse du vent
alors que celle produite par une centrale nucléaire est une puissance
pratiquement constante produite en continue, on conçoit combien la notion de
puissance est importante pour faire la comparaison entre le vent et l’atome en
termes de rentabilité et comprendre les enjeux financier d’un tel programme. Pour s'en
convaincre il suffit de calculer l'énergie annuelle produite par deux centrales
nucléaires de 1500 MW. Sachant que un MW = 1000 kW et qu’une année
correspondant sensiblement à 8800h on arrive à : 3 000 000 x 8800 kWh. Si les 600 éoliennes prévues
produisaient la même énergie que les deux centrales nucléaire de 1500 MW, cela
reviendrait â dire que chacune d'elle est capable de produire annuellement près
de 44 millions de kWh soit une puissance en continue de 5000 kW ! (On retrouve
bien ici la comparaison de Batiactu de 3000 MW / 600=
5000 kW). Cela revient à dire que la plus grosse éolienne au monde construite
par les allemands devrait fournir cette puissance en continue ce qui
sous-entend que le vent soufflerait à la vitesse idéale pendant toute l'année
ce qui semble évidemment déraisonnable. En pratique il est plus raisonnable de
dire que la vitesse annuelle moyenne du vent est probablement plus proche de 25
km/h que de 100 km/h vitesse parfois retenue pour définir la puissance maximum
de 5000 kW des éoliennes. La puissance moyenne délivrée par l’éolienne
dite de 5000 kW sera en pratique plus proche de 100 kW que de 5000 !
( 5000/43
= 78 kW ) Dans ces conditions, un rapide calcul de la production de ces 600
éoliennes montre une capacité de production annuelle pour l’ensemble des parcs
envisagées limitée à 400 000 000 kWh (78 x 600 x 8800). En supposant un
taux de reprise par l’EDF du kWh de 30 cts d'€ proche de la fourchette haute.
(voir prix de revient de l'énergie), les
constructeurs vont engranger une rentrée annuelle de 120 M€ pour un
investissement de départ de 10 milliards d''€.
Bonjour le retour économique proche du siècle!
Il faut donc
se rendre à l ‘évidence: Le nucléaire ne peut pas être la vache
à lait du vent et du soleil!
On ne peut
tout de même pas demander au citoyen moyen qui se chauffe avec son malheureux
radiateur électrique et que l’on n’a pas consulté de payer la note!
Soucieuse de respecter ses engagements européens, la
France, qui n’avait pas encore de programmes d’éoliennes off-shore, envisage
donc malgré ce qui précède pour tenter de combler son retard par rapport au
Royaume-Uni et au Danemark*. Cela n'a été au départ qu’un appel à projets
annoncé par Nicolas Sarkozy le 27 janvier 2011 à Saint Nazaire, mais déjà, la
compétition est lancée et les industriels français et étrangers ont montré leur
intérêt et le dynamisme de ce secteur. Ces 600 éoliennes en mer seront
réparties sur cinq sites : Dieppe-Le Tréport, Fécamp, Courseulles-Sur-Mer,
Saint-Brieuc et Saint-Nazaire. Plusieurs entreprises telles que l’Allemand
EON, le suédois Vattenfall, mais aussi des groupes
français comme EDF Energies Nouvelles et Alstom se sont associés pour répondre
à un appel à projet et ceci d'une façon comparable à GDF Suez et sa filiale
"La compagnie du vent " qui pourrait s'associer à Areva pour
bénéficier de son expertise en matière de fabrication d'éoliennes.
L’Etat aurait décidé de ne pas imposer (comme cela a été fait pour le
solaire) un tarif de rachat à l’EDF du kWh produit et de laisser cette liberté
aux soumissionnaires. Il ne fait aucun doute que ce critère sera primordial
pour la sélection des entreprises qui devront proposer un juste équilibre entre
un prix de rachat convenable par EDF et le seuil de rentabilité. Quoiqu’il en
soit, on peut craindre que c’est pour finir l’augmentation du coût du kWh
facturé aux particuliers** qui va financer ce projet pour une mise en place des
éoliennes en 2020. Compte tenu de la forte puissance nominale de chaque
éolienne la France devrait avec l'Alsthom se rapprocher de l’Allemagne qui est
le constructeur mondial le plus en pointe pour les éoliennes de très forte
puissance avec la société Bard Wind. Elle devrait de plus le faire en
choisissant des matériaux "écologiques" pour la construction des
pales. Si le vent soufflait idéalement en permanence à 50 km/h avec une
puissance moyenne totale délivrée ne correspondant qu'à 33% de la puissance
nominale ces 600 éoliennes ne produiraient que l'équivalent de la production
d’électricité d'une centrale nucléaire de 1000 Mw
soit compte tenu du fait que nos 50 réacteurs produisent sensiblement 75% de
notre besoin*** une production d'énergie correspondant au plus à 3% du besoin.
Comme on le constate il manque encore 7% pour atteindre notre objectif .......
Des constructions dès 2015 ?
Les premières zones couvrant une surface totale de 533 km2, à bénéficier
de cette opération ont été sélectionnées. Il s’agit de Tréport (Seine-Maritime,
Somme) - 110 km2, pour une puissance maximale de 750MW ; Fécamp
(Seine-Maritime) - 88 km2, pour une puissance maximale de 500MW ;
Courseulles-sur-Mer (Calvados) - 77 km2, pour une puissance maximale de 500MW ;
Saint-Brieuc (Côtes d’Armor) - 180 km2, pour une puissance maximale de 500MW ;
Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) - 78 km2, pour une puissance maximale de
750MW. Selon le quotidien Le Figaro, plusieurs entreprises sont intéressées par
ces différents projets parmi lesquelles l’Allemand EON et le suédois Vattenfall, mais aussi des groupes français dont EDF
Energies Nouvelles et Alstom qui s’associeraient pour répondre à un appel à
projet. GDF Suez compte aussi faire entendre sa voix à travers sa filiale La
compagnie du vent. Quant aux professionnels des énergies renouvelables, ils ont
encouragé le projet le qualifiant de «signal positif pour la filière éolienne
française» mais également pour d’autres secteurs comme «les chantiers navals,
l'énergie, l'automobile, la chaudronnerie, les fondations, les câbles et matériaux
électriques ou encore de l'aéronautique».
Côté calendrier, et suite à l'appel d'offres lancé en mai 2011 et à la
remise des offres fin 2011, la ministre de l'Ecologie
Nathalie Kosciusko-Morizet, a souligné que la
décision d'attribution interviendra le premier semestre 2012 et que les
lauréats devront confirmer la faisabilité du projet à l'été 2013, pour des
débuts de construction fixé en 2015.
* Capacité de production de ces
deux pays selon source EWEA :
Royaume-Uni 1.341 MW, Danemark 854 MW
** On parle d'un prix de l'électricité relevée progressivement de 4 % pour la facture des ménages entre 2015 et 2020 Cette majoration pouvant diminuer progressivement après 2020 selon le ministère.
*** 1 500 000 x 365 x 24 = 13 Milliards de kWh à comparer aux 428 milliards de kWh de la production nucléaire de l’EDF)