Une multitude de
barrage français sont mal entretenu et mal surveillés
En présentant son rapport
sur l'état des barrages en France mercredi 9 juillet, le député UMP des Bouches
du Rhône, Christian Kert, a commencé par montrer les
images oubliées de la plus grande catastrophe liée à ce type d'ouvrage en
France : l'effondrement du barrage de Malpasset
(Var), en 1959, qui fit 423 victimes. « On
a du mal à se représenter ce que c'est qu'un barrage et des effets qu'un
accident peut avoir », a-t-il rappelé. Dans le monde, 1 % des grands
barrages se sont rompus depuis un siècle. Son travail, réalisé au nom de
l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques,
fait suite à la publication d'un rapport interne d'EDF en février 2007, qui
indiquait que 200 des 450 barrages du groupe étaient dans un état médiocre,
voire préoccupant pour la sécurité..
Le rapporteur de l'Office
parlementaire a voulu élargir le champ de son enquête. Ce faisant, il a
découvert une «spécificité » nationale : la France compte des milliers de
barrages de toutes tailles, à tel point que l'administration en perd le compte.
Le département du Gers seul en-compte plus de 2 800. Parmi eux, 448 font plus
de 10 mètres de haut, et 296 plus de 20
mètres. Parmi eux, 99 ont une capacité supérieure à 15 millions de
mètres cubes. Leurs usages sont multiples : hydroélectricité, alimentation en
eau potable, irrigation agricole, alimentation de voies navigables, zones de
loisirs, amélioration de l'enneigement dans les stations de ski.
La maladie du béton
Les grands barrages sont
correctement surveillés et entretenus, selon M. Kert,
qui réclame toutefois
« l'intégration dans
le budget d'EDF d'une enveloppe suffisante pour faire une maintenance
appropriée et de qualité » L’électricien s’est engagé à y consacrer 500
millions d’EUROS sur la période 2007-2011. Les risques ne sont pas
écartés. Certains ouvrages, comme celui du Chambon, en Isère, sont affectés par
des maladies du béton qui les font avancer », et pour lesquels seules des
solutions de court terme sont mises en œuvre. En outre, la plupart des grands
barrages se trouvent dans des zones sismiques. Pour M. Kert,
un effort de recherche doit être fait, à la fois dans le domaine de la lutte
contre les maladies du béton et de la résistance aux séismes. Mais selon M. Kert, ce sont les petits barrages, peu surveillés et mal
entretenus, qui posent les problèmes de sécurité les plus aigus. Un recensement
général de l'état des barrages doit être terminé fin 2008. Selon les experts
consultés, environ 20% pourraient demander des travaux, voire être démolis. « On a le sentiment que dans les années 1970 et
1980, on a laissé faire n'importe quoi, a affirmé M. Kert.
Nous avons trouvé des habitations et de campings construits non seulement dans
des zones inondables, mais en plus directement sous des barrages. » La
surveillance et l'entretien sont parfois complètement absents, faute de
propriétaire ou de gestionnaire clairement identifié. Dans certains cas, les
petites communes responsables des ouvrages n'ont pas les moyens de les
entretenir. M. Kert met également en cause les
disparités entre les contrôles effectués par les directions régionales de
l'industrie et des risques (Drire) sur les grands
ouvrages et la surveillance des directions départementales de l'agriculture et
de la forêt (DDAF), lesquelles, selon lui, n'ont pas les moyens de contrôler
efficacement tous les ouvrages.
Gaëlle DUPONT Journal le
Monde juillet 2008