L’énergie de surface
Avant
de parler de ce qui se passe en surface parlons de l’énergie géothermique
profonde. Chacun
sait que le centre de la terre est constitué de roches en fusion. Ceci explique
d’ailleurs pourquoi il fait si chaud au fond des puits de mines qui sont
pourtant encore bien loin de la roche en fusion. Il faut que ces puits soient
parfois très profonds pour que l’élévation de température soit significative.
L'élévation de la température en fonction de la profondeur n’est pas très
importante (environ 4°C par 100m). L’homme a pourtant toujours chercher à
récupérer cette chaleur. Cette récupération a souvent été facilité par l’eau
qui stagne dans les couches profondes de notre sol et qui se rapproche parfois
de la surface. Certaines zones sont plus chaudes que d’autres, particulièrement
les zones volcaniques. L’Islande par exemple est bien connue pour ses nombreux
geysers. Cependant il arrive que des veines d’eau chaude circulent dans des
régions de terrains sédimentaires comme le Jura ou même le bassin parisien1).
Ils ont ainsi depuis longtemps réussi à récupérer cette chaleur en pompant
celle-ci et faisant passer directement leur eau froide à contre courant de
l’eau chaude pompée dans un échangeur de chaleur.
De nombreuses piscines à
l’air libre sont chauffées ainsi en Islande par ce procédé très bon marché.
Cela se faisait aussi dans le Jura et dans le massif central. Les
responsables du Bureau de recherches géologiques et minières attirent
l’attention sur le fait que la France recèle dans son sous-sol un véritable
« trésor énergétique » dont une infime partie est aujourd'hui
exploitée. Ils ne précisent pas à ma connaissance à quelle profondeur mais ils
précisent que le bassin aquitain et l’Ile-de-France recèle par exemple des bassins
sédimentaires aquifères ayant des ressources d'eau chaude. C’est certainement
sur leur conseils et recommandations qu’après les deux chocs pétroliers de 1973
et 1979, l'Etat a incité les collectivités territoriales à se lancer dans des
opérations de géothermie. Quelques municipalités notamment en
Ile-de-France ont été maîtres d'ouvrage d’une cinquantaine d’opérations.
La baisse du prix des énergies fossiles ainsi que les difficultés techniques
rencontrées en raison de la corrosion des tubes métalliques ont affecté le
développement de ces procédés mais malgré ces difficultés, la plupart des puits
géothermiques construits à cette époque sont encore en exploitation. Toutes ces
premières réalisations ont cependant nécessité des forages profonds et coûteux.
La présence d’eau dans
notre sous sol favorise les échanges thermiques. La pesanteur régit la circulation d’eau
terrestre des écoulements superficiels (ruissellement et rivières) et
souterraines (infiltrations, nappes libres).
On
ne réalise pas assez que le sous-sol alluvionnaire à proximité de nos rivières
et de nos canaux favorise généralement ces écoulements. La nappe phréatique à
proximité des rivières est souvent à faible profondeur. Le BRGM* s'intéresse
d'ailleurs de plus en plus aux nappes d'eau souterraines contenues dans notre
sous-sol Des progrès récents
permettent maintenant d’utiliser l’eau contenu en dessous de la nappe
phréatique pour chauffer une maison ou un immeuble.
Cette eau est pourtant à
une température de l'ordre de 10 à 12 °C inférieure à la température souhaitée
en hivers à l’intérieur de l’habitation (environ 18 à 20°C) et l'on peut
légitimement se demander comment peuvent se faire les transferts thermiques
permettant de chauffer une habitation dans ces conditions.
Les récents progrès
permettent maintenant d’utiliser des sources à peines chaudes, on peut presque
dire "fraîches" pour se chauffer en utilisant des pompes à chaleur2)
Les propriétés enthalpique et entropique des fluides caloporteurs modernes ont
été soigneusement étudiées pour qu’ils puissent assurer des transferts
thermiques importants et restituer leur chaleur au circuit d'eau du chauffage
central après avoir été comprimé mécaniquement. Ces fluides ont
considérablement évolués depuis les locomotives qui utilisait de l'eau comme
fluide caloporteur et la Machine de Carnot. Il en est de même d'un fluide tel
que le fréon qui était utilisé à l’origine pour les pompes à chaleur 1ère
génération. Ce procédé malheureusement pas assez connu est maintenant utilisé
par certaines municipalités dynamiques pour assurer le chauffage domestique de
groupes d'immeubles collectifs avec une énergie gratuite au départ pour un coût
d'exploitation très réduit par rapport à celui de l'énergie produite à partir
de combustible fossile. Comme les miracles n’existent pas il faut entraîner le
compresseur avec un moteur électrique pour comprimer le fluide caloporteur.
L’énergie électrique payante nécessaire à leur fonctionnement ne
représente que 20 à 30% de l’énergie thermique gratuite restituée pour le
chauffage. (1KWh électrique consommé par la pompe restitue en moyenne 3 à 5KWh
thermique pour le chauffage de l’habitation, le rendement étant amélioré
lorsque la température de l'eau pompée augmente ou lorsque la température du
circuit de chauffage diminue avec l'utilisation de radiateurs à grande surface
de chauffe ou des planchers chauffants basse température)
Ces
pompes à chaleur peuvent être utilisées pour le chauffage des maisons
individuelles ou des collectivités (immeubles, écoles, mairies etc..)
Une
amélioration par l'Etat de la formation des professionnels mettant en
œuvre ces énergies de surface reste cependant à faire. Le fonctionnement d’une
pompe à chaleur nécessite en effet de combiner les compétences de plombier, de
thermicien, d'électricien, d'électronicien et récemment d'informaticien
(domotique). Peu de professionnels sont suffisamment qualifiés pour couvrir
simultanément ces 4 techniques.