Le
collectif et le privatif
dans une copropriété
Dans le cadre
de la mise en place d’une grosse chaufferie moderne à base d’énergie positive
en remplacement de vieilles chaudières au fioul dans notre immeuble, nous
venons d’apprendre à l’occasion de l’établissement du bilan thermique de
celui-ci que nous avions semble-t-il peu de chance d’obtenir le prêt PTZ (prêt
à taux zéro) indispensable au financement de ces gros travaux et notre seule chance
d’obtenir un vote positif. En effet, comment un maître d’œuvre responsable,
même s’il a enfin une vue claire des aspects techniques de cette modernisation,
pourrait-il cautionner un tel projet si les réponses à ses préoccupations
financières sont occultées par le fait que le législateur n’a malheureusement
pas encore finalisé son travail. Une redistribution efficace de la super
fiscalité actuelle sur les carburants et les 500 000 emplois
« verts » qui devraient être créés pour ce grand chantier du bâtiment
ne rentrerons dans la phase pratique qu’à cette
condition. Pour ne prendre qu’un exemple, prenons celui du problème des
vitrages, qui, malgré les recommandations de l’ARC (association des
responsables de copropriété) sont encore considérés dans le droit français comme partie privative. Que l’entretien de
ces ouvertures soit privatif, pourquoi pas,
mais comment ces mêmes vitrages, partie intégrante de l’enveloppe
thermique de l’immeuble au même titre que les murs opaques et la toiture
pourraient-ils être considérés comme privatifs, alors que la chaufferie
moderne que l’on se propose d’installer est collective !
On peut
comprendre qu’un organisme gouvernemental tel que l’Ademe
ne puisse s’intéresser individuellement à chaque copropriété, mais cet
organisme ne pourrait-il jouer rapidement un rôle plus important pour
conseiller et influer sur la législation actuelle en prenant exemple sur des
pays en avance sur nous dans ce domaine comme l’Allemagne. Les fenêtres
devraient être considérées comme privatives uniquement pour l'entretien et non
pour la rénovation. Les aides fiscales
indispensables pour développer la chaleur renouvelable ne pourront probablement
rentrer en application dans les immeubles gérés en copropriété, soit la quasi
totalité des habitations urbaines, qu'à la condition de revoir des textes
anciens et obsolètes. Au moment ou l’on se décide à
accroître encore la fiscalité déjà très lourde sur les produits pétroliers au
titre de la « contribution climat
énergie »
il serait peut-être temps de s’impliquer sur la façon dont l’on va
redistribuer l’argent glané à cette occasion vers ceux encore peu nombreux qui
souhaitent polluer un peu moins l’atmosphère.
La redistribution
de l’argent provenant d’un « fond chaleur renouvelable » éventuel ne
pourra se faire que lorsque le législateur aura finalisé son travail et les
décrets en phase d’application. Alors seulement on commencera à voir une petite
lumière au bout du tunnel.