Le
soleil commencerait-il à faire de l’ombre au nucléaire ?
Le
gouvernement a signé un arrêté, publié ce jeudi 8 mai 2014 au Journal officiel,
abrogeant un texte de janvier 2013 permettant aux installations solaires munies
de capteurs et/ou de panneaux fabriqués dans l'Union européenne, de bénéficier
d'un tarif d'achat bonifié. Un dispositif de soutien face aux produits chinois
qui a été jugé contraire au droit communautaire.
La ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de
l'Energie, et le ministre de l'Economie, du Redressement productif et du
Numérique ont signé conjointement un arrêté annulant le dispositif de soutien
aux installations solaires "Made in Europe". Un texte
précédent, datant de janvier 2013, prévoyait la majoration des tarifs d'achat
de l'électricité produite par des installations dont les cellules et/ou les
panneaux photovoltaïques étaient fabriqués dans l'Union européenne. Cette
bonification de 5 % voire 10 %, dans le cas où les cellules et les panneaux
provenaient d'Europe, était destinée à protéger les entreprises du continent
face au dumping de leurs concurrentes chinoises mais a pourtant été jugée contraire au droit européen.
Comme réclamé par les professionnels de la filière, le nouvel
arrêté tarifaire sans bonification n'aura pas d'effet rétroactif : les
installations dont les demandes de raccordement ont été faites avant le 10 mars
2014 continueront donc de profiter de cette mesure. Par ailleurs, le délai de
mise en service des installations photovoltaïques est porté à 18 mois, pour les
cas où il est retardé par les travaux de raccordement. Le nouvel arrêté précise : "Dans tous les cas, la mise en service de
l'installation doit intervenir au plus tard deux mois après la fin des travaux
de raccordement".
Pas de protectionnisme européen
Le Syndicat des Energies Renouvelables proposait, au mois de mars,
de refondre le dispositif d'aide aux projets solaires de puissance comprise entre 9 et 100 kWc, un segment
"orphelin d'un mécanisme de soutien viable". Tout comme le
GMPV-FFB (Groupement des métiers du photovoltaïque), il devrait toutefois se
réjouir de l'abandon de tout caractère rétroactif de l'arrêté publié ce 8 mai
2014 au Journal officiel. De son côté, la Commission de régulation de l'énergie
(CRE) avait estimé, au mois de janvier 2013, que la bonification selon
l'origine géographique des capteurs et des panneaux était "fragile"
juridiquement, et qu'elle aurait pu mener à des attaques en justice pour protectionnisme
et concurrence déloyale.
En Europe, l'Allemagne, pourtant particulièrement touchée par les fermetures de
sociétés du photovoltaïque, s'était prononcée résolument contre toute forme de protectionnisme
européen. Berlin avait semblé sacrifier son industrie solaire afin
de sauvegarder d'autres secteurs plus prioritaires dont les exportations vers
la Chine bénéficient davantage à son excédent commercial.