Positif ou négatif ?


Le "Grenelle de l’environnement" s’est fixé pour objectif de favoriser la construction - et même  la rénovation-  des bâtiments à énergie dite « positive ». Il s'agit d'un objectif ambitieux puisque selon  WIKIPÉDIA un bâtiment  à  énergie positive est un bâtiment produisant plus d’énergie (électricité, chaleur) qu'il n’en consomme pour son fonctionnement. Pour parvenir à cet objectif le Grenelle a mis en place une réglementation thermique RT 2012 extrêmement exigeante pour les bâtiments neufs en précisant qu'ils devront tous être à énergie positive pour le chauffage en 2020.

On peut légitimement se demander comment un bâtiment dit énergie à < énergie positive > peut, pour assurer le confort de ses occupants, produire plus d’énergie qu’il n’en reçoit. En pratique c'est en  prélevant dans son environnement  naturel immédiat une quantité d'énergie  thermique ou voltaïque plus importante que la quantité d'énergie primaire, électricité du réseau, gaz, fioul ou charbon qu'il a consommé que bâtiment obtient ce résultat. Si l'on se limite au chauffage,  cela revient à dire qu'un bâtiment utilisant un chauffage thermodynamique ayant un COP supérieure à 2 est déjà un bâtiment à " énergie positive" puisque l'énergie thermique qu'il produit pour compenser les déperditions dans le bâti est supérieure à l'énergie primaire gaz ou électricité du réseau qu'il a consommé selon qu'il s'agit d'une PAC à absorption ou d’une PAC à compresseur.  Des sociétés en avance sur leur temps comme Daikin sont déjà capablent d'obtenir des COP moyen de 4  et il n'est pas déraisonnable d'espérer pour cette raison que les logements anciens qui représentent - et de loin - le plus gros potentiel d’économie d’énergie - ne seront pas laissés pour compte à l'occasion de la réglementation 2012 il faut bien le dire dédiée au neuf. 

L'idée selon laquelle il faudra toujours un minimum d'énergie primaire pour assurer le fonctionnement d'une pompe à chaleur risque de devenir fausse avec  les bâtiments dits "zéro énergie" et l'amélioration prévisible des performances du chauffage thermodynamique.

Les notions de positif ou de négatif sont parfois subjectives si l'on considère  chaque forme d'énergie isolément. Elles peuvent être aussi scientifiques selon lorsque l'on considère les interactions de différentes formes d'énergies entre elles au sein d'un même système. Par exemple le système formé par le bâtiment êt sa chaufferie ou celui plus restrictif d'y système formé par le fluide caloporteur de la pompe à chaleur

 

Le négatif

 

L’énergie que le bâtiment reçoit est le plus souvent d’origine électrique (Assurée à environ 75% par le nucléaire en France) ou d'origine fossile avec la combustion. Elle provient donc actuellement pour l’essentiel du nucléaire ou de la combustion des produits fossiles tels que le charbon, le pétrole, ou le gaz dits "non renouvelables". Chacun de ces combustibles a une équivalence thermique qui permet de quantifier la part d’énergie « dite négative » . L’équivalent thermique d’un litre de fioul ou de 1 m3 de gaz naturel est de l’ordre de 10 kWh. Avec l'effet Joule, l'équivalent thermique de 1 kWh électrique est de 1 kWh thermique. Contrairement à une idée répandue, les combustibles fossiles ne sont plus considérés comme indispensables pour produire l’énergie thermique nécessaire à notre confort quotidien. Heureusement d'ailleurs puisque la combustion de ces produits génère des gaz nocifs nuisibles à notre environnement, qu'ils sont sales (le transport du pétrole en mer pollue trop souvent celle-ci) parfois dangereux (le gaz peut exploser lorsque les règles relatives à la distribution ne sont pas respectées). Difficiles à transporter, plus rares et par voie de conséquence plus difficile à exploiter, ils deviennent petit à petit de plus en plus chers ce qui diminue de ce fait notre pouvoir d’achat. Seul le bois considéré en tant que combustible bénéficie d’une connotation écologique. Il n’est pourtant pas à l’abri de tout reproche. En tant que combustible, sa combustion génère aussi des gaz nocifs peu compatibles avec l’air un peu trop vicié de nos villes. Son utilisation à grande échelle pourrait conduire en plus à une certaine déforestation incompatible avec l’élimination du CO2 souhaitée par les défenseurs de l’effet de serre. De plus sa livraison dans les rues déjà trop encombrées de nos quartiers poserait problème.

Sont considérés comme négatives les dérives du nucléaire civil vers le militaire. Est également considéré comme négative la « mauvaise guerre de  l’uranium » que l’on pourrait classer dans la catégorie des combustibles. Ceux qui considèrent l’énergie nucléaire comme "nuisible" sont souvent guidés dans leur jugement par l’existence de déchets radioactifs. Ces déchets devraient heureusement aller en décroissant au fur et à mesure que les technologies évoluent.

 

Le positif

 

L’énergie renouvelable prélevée dans l’environnement d'un bâtiment équipé d'une chaufferie moderne est positive. Par exemple l’énergie solaire - qu’elle soit électrique avec le photovoltaïque ou thermique avec le thermo solaire - est une énergie positive. De même, l'énergie thermique prélevée par une pompe à chaleur dans son environnement, que cette énergie provienne de l’air environnant, du sous-sol ou de l’eau contenue dans celui-ci est positive. L’énergie thermique procurée par la géothermie profonde parfois produite par la commune est également, positive, mais dans ce cas, n’étant pas alimentée en calorie par le rayonnement solaire qui n’est plus opérant au-delà de -10m, elle ne peut être associé au terme renouvelable. De même l’énergie électrique produite par les éoliennes, les hydroliennes ou par les turbines à eau de nos barrages est considéré comme une énergie « propre ». Intégrée au même réseau que celui de l'électricité produite par le nucléaire ou par les turbines à gaz, elle n'est probablement pas suffisamment perçue comme "positive". Cette notion de signe donnée à l’énergie est subjective et ne permet difficilement de chiffrer si le bâtiment est globalement positif ou négatif. Prenons par exemple le cas d’une pompe à chaleur et de son bâtiment. L’énergie générée par les pompes à chaleur est exclusivement thermique. Pour produire l’énergie thermique nécessaire au chauffage de nos maisons et de nos immeubles les pompes à chaleur ont besoin d’un complément d’énergie qui peut être du gaz avec la PAC à absorption ou électrique avec les PAC conventionnelles à compresseur. Ce complément constitué en grande partie par de l’énergie primaire payé par la copropriété est assez faible en valeur relative puisque que 1 kW électrique (ou gaz) payant peut produire à moindre frais 3 kWh thermique avec les pompes aérothermique et jusqu’à 6 kWh avec les pompes aquathermiques. Le kWh électrique provenant pour encore essentiellement du nucléaire est jugé par certains comme "négatif" de même qu'est "négatif " le gaz consommé dans le cas de la PAC à absorption, le bâtiment est donc globalement positif puisque le résultat de 3-1 ou 6–1 est plus grand que zéro. On commence à assimiler l’énergie électrique provenant du nucléaire comme la future énergie « verte » en Europe en lui donnant une connotation positive. C'est du moins l'opinion de pays européens comme la Grande Bretagne, la Pologne et la France qui refusent de classer le nucléaire dans le "négatif" ou qui la considère aun pire comme un mal nécessaire au motif que cette forme d’énergie ne pollue pas l’air ambiant et ne rejette dans l’atmosphère que de la vapeur d’eau.

 

Quant à la pile à combustible, elle n’a pour tort que son nom et peut-être sa complexité. C’est moins une combustion qu’une réaction chimique mettant en jeu l’hydrogène et des catalyseurs qui permet à la pile à combustible de produire à la fois du courant électrique et de la chaleur. Si la production d’hydrogène nécessaire à son fonctionnement ne nécessite pas l’utilisation du pétrole, alors, elle pourrait être considérée comme un moyen d’avenir et être classée globalement "positive" en raison de son excellent rendement énergétique et son caractère non polluant. La pompe à chaleur produit donc une énergie globalement positive. Le complément en énergie primaire faible en valeur relative est toutefois loin d'être négligeable en valeur absolue. L'idée selon laquelle les PAC à compresseur pourraient augmenter notre dépendance au nucléaire si elles devaient être les seules à se développer n'est pas totalement inexacte. Cette idée est en tout cas fausse si l'on considère que les bâtiments équipés de chauffage individuels à effet Joule (Les convecteurs électriques si couteux à l'usage lorsqu’is sont utilisés dans l’ancien mal isolé) peuvent également être convertis au chauffage thermodynamique collectif.

 

 Pour résumer, l'énergie thermique naturelle (ENR) que le bâtiment produit en la prélevant dans son proche environnement peut être considérée comme "positive", alors que l’énergie qu’il perd par conduction au travers du bâti comme "négative". La part de l’énergie permettant d’obtenir ce résultat ayant un signe laissé à l’appréciation de chacun.

 

Le + ou le – scientifique

 

Les notions de « positif » ou de « négatif » souvent subjectives si l'on considère  chaque forme d'énergie prise isolément, peuvent être en désaccord avec la rigueur scientifique si l'on considère les interactions de différentes formes d'énergies entre elles au sein d'un même système. Si l’on considère le système formé par le fluide caloporteur de la pompe à chaleur plutôt que celui formé par le bâtiment et sa chaufferie, le principe de la conservation de l’énergie, qui ne saurait être remis en cause, permet de dire que lors d’un cycle les flux thermiques « rentrant » et « sortant » du fluide caloporteur s’équilibrent. Ils s’équilibrent en ce sens que l’énergie thermique émise vers l’extérieur par ce fluide à la source chaude lors de la réaction exothermique dans le condenseur est vue négativement par le fluide caloporteur alors que les deux formes d’énergie qu’il reçoit de l’extérieur, à savoir l’apport l’énergie primaire payante entretenant le fonctionnement de la pompe à chaleur et l’apport thermique provenant de la source froide lors de la réaction endothermique dans l’évaporateur sont vue positivement par ce même fluide caloporteur. Ce qui est vue négativement par le fluide caloporteur équilibrant ce qui est vu négativement au titre de la loi sur la conservation de l’énergie. (Voir principe de fonctionnement d’une pompe à chaleur)