Le coût de l'énergie thermique
Le prix payé par les français pour le kWh thermique rendu dans leurs
pièces de vie diffère selon le type de générateur de chaleur adopté. Ce générateur
peut être privatif ou collectif, il peut, au sein d'une même chaufferie tirer
son énergie d'un combustible, de l'électricité ou de ces deux sources à la
fois. Cette
chaufferie peut aussi générer une partie de l'énergie
thermique produite en prélevant celle-ci dans son environnement (ENR). Les coûts d'élimination du CO2, la plus grande rareté du fioul ainsi
que l'indexation du prix du gaz sur le fioul vont inévitablement faire monter
les prix des énergies primaires basée sur la combustion et particulièrement
celle du fioul. Dans
le cas où le générateur de chaleur tire son énergie uniquement de l'électricité
comme cela est le cas avec les convecteurs électriques (effet Joule) ou avec
une pompe à chaleur (PAC) du type compresseur, le
prix de revient du kWh thermique est fonction du coût de l'électricité,
le fluide le plus noble, mais aussi le plus onéreux). L'évolution erratique des
prix du fioul rend l'étude comparative (voir figure 2 )
entre le prix de revient de la chaleur avec le fioul et l'électricité difficile
à faire. La notion de chaine
énergétique a une influence prépondérante sur le prix de revient réel de
l'énergie thermique rendue dans les pièces de vie. Cette influence es
prépondérante non seulement au niveau de la production
mais aussi au niveau de la consommation.
Le pire des exemples permettant de mettre en valeur l'importance des chaînes
énergétiques est probablement celui d'un particulier équipé d'un
chauffage électrique par convecteur alors que l'électricité qu'il consomme est
produite par un moteur diesel entraînant un alternateur. Mauvaise à la fois à
production et à la consommation, le prix de revient réel du kWh thermique rendu dans
les pièces de vie est dans ce cas environ 30 fois supérieur au coût de
l’énergie thermique obtenue par la combustion directe du pétrole.
Figure 1 Attention!
Ces courbes ne
permettent pas de comparer le prix de ces énergies entre elles. Elles comparent
seulement l’évolution des prix de chacune de ces 3 énergies à partir de 1997.
En pratique bien que le prix de l'électricité n’ait augmenté
que d'environ 15% depuis cette date, l'énergie électrique reste la plus
onéreuse (avec le propane) devançant sensiblement le fioul. Pour prendre
connaissance avec plus précisément de l'évolution du prix de vente du gaz et de
l'électricité dans les différents pays européens dans l'industriel et le
domestique entre 1991 et 2007 consulter le site de l'observatoire de
l'énergie
La chaleur d'origine électrique
Le véritable prix de revient du kWh électrique d’origine nucléaire
en France n'est pas bien connu. Il serait compris entre 2,8 et 4,5 cts
d’€ par kWh. Cette fourchette importante s'explique par le fait que le prix de
l’électricité à la sortie de la centrale nucléaire devrait couvrir l'ensemble
des coûts d’exploitation, d’installation de la centrale, l’achat du combustible
nucléaire, (uranium), le gestion des déchets, ainsi que la mise hors service
future des réacteurs et leur démantèlement avec remise de la nature à
l'identique (facteur qui a, à l’évidence été négligé) en passant par les
assurances, les amortissements et les intérêts sur le capital. Le prix de
revient du kWh électrique d'origine nucléaire en Suisse et divulgué par
ce pays tient compte de ces paramètres et serait proche de 3,5 cts d’€ par kWh. Une provision est en effet placée sous la surveillance de la
Confédération est constituée pour faire face au démantèlement des centrales
nucléaires après usage. Le prix du kWh d’origine hydroélectrique
serait proche en suisse comme en France de cette fourchette haute de 4,5
cts d’€ par kWh. L’électricité éolienne a un prix de
revient nettement plus élevé évalué entre 14 et 35 cts d’€ par kWh, tandis que
celui de l’énergie photovoltaïque avoisine une fourchette
comprise entre 45 et 95 cts d’€ par kWh. Seul le rachat par l’EDF de l’énergie
photovoltaïque à des taux artificiellement élevés permettant de maintenir cette
filière. (Ce taux est voisin de 30 cts d’€ le kWh augmentant si les panneaux
son intégré au bâtiment et aussi selon la région). On ne connait
pas encore le prix de revient de l'électricité d'origine
marémotrice générée par les hydroliennes. On peut espérer avoir
un premier retour de l'EDF à ce sujet fin 2012 suite à l'expérimentation du
premier parc de 4 hydroliennes de 500 kW installé au large de l'île de Bréat.
Toutes ces productions d'énergie
électriques étant confondus au sein d’un même réseau le prix de vente à
l'utilisateur français du kWh électrique est fonction de chacun des prix de
revient respectifs ci-dessus au prorata de leur importante.
Il était de l’ordre de 14 cts
d’€ aux heures pleines et 8 cts d’€ la
nuit aux heures creuses
en 2010. On estime qu’il pourrait
augmenter de 50% d'ici 2020 soit pour finir une augmentation annuelle
relativement raisonnable limitée à 5% .
Il est influencée par 3 facteurs principaux:
1) Le coût plus important des énergies électriques d'origine renouvelables
2) Le coût du respect des recommandations de l'ASN relatif à la sécurité. Il serait dangereux pour la sécurité de la filière nucléaire qu'une concurrence trop vive s’installe entre les fournisseurs afin de faire baisser les prix au détriment de la qualité des centrales nucléaires
3) Une prise de conscience que le démantèlement en fin de vie du réacteur et la remise de la nature à l’identique augmente notablement le prix de revient réel de l'énergie électrique d'origine nucléaire qui est probablement plus proche de 7 cts d’€ que de 4,5 cts d’€ (Ou ce qui revient au même 45 € le MWh)
Cout réel de la
chaleur selon la chaîne énergétique utilisée
La pire des chaînes énergétiques est celle consistant à générer de l'électricité par la combustion des combustibles fossiles avec des installations telles que les turbines à gaz ou pire encore les moteurs diesels entraînant un alternateur. Non seulement le rendement de ces chaînes énergétiques est mauvais (proche de 30%,) avec un coût du kWh électrique obtenu élevé voisin de 20 à 30 cts d’€ par kWh, mais il devrait encore augmenter en raison des quantités importantes de CO2 générées lors de la production qu'il faudra bien éliminer avec un coût de l'élimination voisin de 80 € la tonne de CO2 stocké.
La chaîne énergétique du chauffage électrique par effet Joule n'est guère meilleure. Le coût pour l'utilisateur du kWh thermique obtenu avec l'effet joule (convecteurs électriques équipé ou non d'un dispositif de stockage d'énergie interne ou soufflantes électriques) qui converti 1 kWh électrique en 1 kWh thermique est celui qui lui est facturé pour l'électricité (14 cts d’€ aux heures pleines et de 8 cts d’€ la nuit aux heures creuses en 2010) et il serait temps que les publicités mensongères cessent à ce sujet et qu'une action sociale soit engagée très rapidement dans le cadre de la précarité énergétique des immeubles anciens mal isolés chauffés par effet Joule
Le coût du kWh thermique obtenu avec le chauffage thermodynamique par pompe à chaleur à compresseur est très intéressante pour le portefeuille de l'utilisateur. Il est en grande partie fonction du COP de la pompe à chaleur. L'estimation consistant à diviser le prix de vente à l'utilisateur du kWh électrique par le COP de la pompe à chaleur pour évaluer le prix de revient du kWh thermique obtenu avec cette dernière est proche de la réalité sur le long terme. Par exemple avec un kWh électrique à 12 cts TTC, le kWh thermique avec une pompe à chaleur aquathermique ayant un COP moyen de 4 sera proche de 3 cts pour l'utilisateur. Les économies réalisées avec une PAC aérothermique en relève sont moindres (COP de 3)
La combustion
Le bois
On ne peut évidemment aborder cette partie sans
parler du bois, le combustible le plus ancien et encore très répandu dans le
monde en raison de son faible prix de revient. Avec un prix de 230
€/tonne livré en vrac par camion "citerne" de plus de 5 tonnes le
prix de revient du bois livré sous forme de pellets est intéressant. Les
chiffres ci-dessus situent en effet le prix de
l'énergie thermique type pellet à 0,0368 €/kWh alors que celui du fioul est
voisin de 0,1€/kWh, soit un prix du kWh pellet environ 60% moins cher que le le prix du kWh fioul. Le
bois a aussi une connotation écologique favorable par le fait que lorsqu'on
ne brûle pas plus de bois qu'il n'en repousse on est dans le cadre d'une
exploitation durable. On admet aussi que le bilan carbone du feu de bois est
considéré comme équilibré dans la mesure où il semble admis que la combustion
du bois ne génère pas plus de dioxyde de carbone que n'en génère la même
quantité de bois qui se décompose lentement dans la forêt. La formation de CO2
est alors la même mais étant donné qu'elle est plus rapide le bilan carbone
reste probablement défavorable d'autant que dans le même temps la part de
végétation coupée n'absorbe plus le CO2 comme elle le faisait avant la coupe.
Il ne faut pas perdre de vue également les dépenses résultant de la
livraison des pellets par les gros camions bien peu adaptés à la circulation
urbaine ainsi que le manque de place en ville pour l'implantation des
inesthétiques silos a pellets et l'évacuation des résidus de la combustion. Lorsque le bois se présente sous forme de pellets, l’automatisation d’une
chaudière devient envisageable en ville. Il faut toutefois considérer que le
pouvoir calorifique des pellets étant notablement inférieur à celui du fioul
puisque voisin de 5 kWh/kg au lieu de 12 kWh/kg (ceci compte tenu de
la densité du fioul voisine de 0,8 et de son pouvoir calorifque
de 10 kWh/litre), cela signifie que le poids de combustible livré pour un même
besoin thermique est environ deux fois supérieur à celui du fioul.
L'autonomie sera de ce fait sensiblement deux fois plus faible pour un
volume de stockage équivalent à celui du fioul. En pratique on estime
qu'à confort égal que 1000 litres de fioul équivaut à 1600 kg de pellet.
Il y a
malheureusement de nombreuses contraintes qui vont freiner inévitablement le développement
de ce type de combustible en zone urbaine :
1.
Le volume de stockage des pellets. Pour obtenir une
autonomie comparable à celle du mazout le volume de stockage est presque doublé
par rapport à celui requis pour le fioul ce qui est peu compatible avec la
surface disponible en ville
2.
La charge utile des camions assurant la livraison
des pellets est deux fois supérieure à celle des camions citernes ce qui est
incompatible avec les rues surchargées en véhicules de nos agglomérations
3.
De plus autre argument en sa défaveur en zone
urbaine : bien que le bois soit un combustible renouvelable n’émettant pas de
gaz à effet de serre puisqu’il semble admis que sa combustion ne génère pas
plus de CO2 que le fait de le laisser se décomposer naturellement dans la
forêt. Cette émission se fait seulement beaucoup plus rapidement et l’on peut
s’interroger sur les conséquences de cette rapidité si ce mode de chauffage
devait se généraliser. Les informations données par site WIKIPEDIA permettent
de comprendre pourquoi, en raison des nombreux autres gaz nocifs dégagés lors
de sa combustion ce combustible ne pourra se développer en ville. Les bruleurs
à pellet, sont toutefois soumis à des normes de pollution de plus en plus
strictes. Les bruleurs à pellets modernes ont des taux de monoxyde de carbone
de 30 (tolérance maximale 500) de particules fines de 19 (maximum
tolérance 30) de COV de 0,12 (tolérance maximale 50). D’autre part on commence
à automatiser l’évacuation de résidus de combustion tels que les cendres avec
des quantités d’imbrulés revues à la baisse prouvant une combustion presque
complète.
Un bilan environnemental comparatif des pompes à chaleur avec les chaudières bois à pellets est pour ces différentes raisons à l'avantage des pompes à chaleur qui n'entraînent pas la moindre émission de gaz nocifs et de poussières fines engendrées par la combustion.
Le gaz et le fioul
Le coût du kWh thermique obtenu par la combustion est très
élevé avec le propane et le kerdane.
Le prix du gaz naturel avoisine 7 cts d’€ par kWh passe à 9,5 cts d’€ par kWh avec le fioul voir plus selon le rendement de la chaudière.
Le coût du kWh thermique obtenu avec le chauffage thermodynamique par pompe à chaleur à absorption dans laquelle l'énergie extérieure apportée à la pompe à chaleur n'est plus électrique mais thermique (Par exemple combustion du gaz avec les procédés De Dietrich) est aussi intéressante pour le portefeuille de l'utilisateur. Il est fonction du COP de la pompe à chaleur. Avec un COP de 2, valeur moyenne avec ce type de PAC le prix du kWh rendu dans les pièces de vie est comparable à celui du bois type pellet sans en avoir les inconvénients en termes de volume de stockage, de circulation automobile et
Le coût du kWh thermique obtenu avec le chauffage urbain avec la combustion des ordures est encore peu répandu en France. Il est inférieur à celui du gaz naturel ce dernier ne servant qu'à entretenir la combustion, environ 65% de l'énergie thermique provenant de la combustion des ordures
Prix du kWh thermique
en rénovation dans
l’ancien
La figure 2 ci-dessous compare le prix du kWh thermique restitué dans les appartements d'un immeuble ancien selon la technique retenue pour le générateur de chaleur:
Les valeurs indiquées tiennent compte de la part imputable aux frais d'installation initiaux du générateur de chaleur et d'une estimation approximative de sa durée de vie .Ces frais sont indiqués en partie basse des graphiques en couleur plus foncée. On peut ainsi se faire une idée de l'importance relative de ces frais initiaux. La comparaison de prix est faite dans 4 cas différents:
1. Combustion seule avec le fioul ou le gaz naturel et avec ou sans condensation. Un option intéressante : production d'ENR et une PAC à absorption,
2. Une chaufferie mixte combinant la combustion GAZ (avec condensation) et la production d'énergie renouvelable par PAC à compression air eau en relève,
3. Exemple du chauffage uniquement par l'électricité en chauffage individuel par convecteur électrique avec un investissement de départ faible mais des frais d'exploitation importants. avec un comparatif en partie droite de la figure dans le cas ou la PAC air eau à compresseur fonctionne en substitution de chaudière..
En raison de l'élimination du CO2 engendré par la combustion qui n'est pas incluse dans ce comparatif, les prix en rouge correspondant à la combustion sont probablement appelés à augmenter plus rapidement en valeur relative par rapport à l'électricité peu émettrice de GES (Surtout pour le fioul qui émet sensiblement deux fois plus de CO2 que le gaz) .
Figure 2
La génération d'énergie thermique par
le solaire thermique dont 100% est d'origine renouvelable n'a pas été
mentionnée dans ce graphique. Ceci pour deux raisons: D'une part elle ne peut
pas couvrir le besoin du chauffage en zone urbaine en raison du manque de place
et d'autre part les frais d'installation initiaux imputables aux panneaux
solaires est trop importante en regard de l'énergie fournie. La production
d'énergie thermique obtenue par la géothermie profonde n'a pas été non plus
mentionnée pour la raison que son caractère renouvelable à long terme est remis
en cause par les experts
Prix du kWh
thermique par rapport au fioul domestique
pris comme
référence
(Fioul :
0,095 €/kWh début 2012)
|
|
Commentaires |
Inadapté en ville |
||
Bois déchiqueté |
0,28 |
|
Bois sous forme de pellets pour
quantité supérieure à 3 tonnes |
0,4 |
Commencerait à être admis en zone urbaine |
Bois en bûche |
0.52 |
Encombrement, livraison, et automatisation
inenvisageable (sauf chauffage urbain) |
Granulé de bois en sac |
0.84 |
|
Granulé de bois en vrac |
0.68 |
Non admis en ville |
Gaz propane |
1,37 |
Utilisé à la campagne en milieu rural |
Kerdane |
2,1 |
Trop cher |
Adapté en milieu urbain |
||
Gaz naturel |
0.75 |
Une énergie
assez abondante et encore indexée sur le pétrole |
Fioul
domestique (référence) |
1 |
Une énergie chère et fluctuante qui a augmentée
de plus de 20% en 2011 |
Electricité (chaleur obtenue par
effet joule) |
1,15 |
Une énergie
qui va augmenter notablement pendant les 15 prochaines années |
Electricité (chaleur par effet
thermodynamique avec COP de 4) |
0,32 |
Réseau
hydraulique d’alimentation en eau froide ou puits + réseau électrique |
Combustion des ordures |
0,6 |
Réseau
hydraulique d’alimentation en eau chaude |
Economie en achat de combustible par rapport au fioul domestique
1 gaz seul (-20%)
adapté en zone urbaine
2 gaz + electricité
(-70%) adapté en zone urbaine dans certain cas
3 bois seul
(-55%) inadapté en zone urbaine
4 bois +
électricité (-75%) possible en zone urbaine
Les
chiffres entre parenthèse sont les économies escomptés sur les achats de
combustible par rapport au fioul avec la combustion pour les cas 1 et 3 et en
combinant la combustion et le chauffage thermodynamique au sein de la même
chaufferie dans les cas 3 et 4