Les émetteurs thermiques
Les radiateurs hydrauliques
Il y a environ 4 ans, lorsque l’on
demandait assistance à un constructeur de radiateurs de vérifier si le
dimensionnement des radiateurs existants est compatible avec l’implantation
d’un chauffage thermodynamique, le fournisseur parlait de trouver une solution à < votre problématique > et votre problème n’était pas le sien. On comprenait
très vite que les radiateurs étaient dans le temps dimensionnés pour
fonctionner à environ 70 °C voire même à 90°C lorsqu’il fait très froid ce qui
provoquait des taches noirâtres au plafond. La différence de température entre
l’eau chaude circulant dans les radiateurs et l’ambiance de 20°C qui règne dans
les pièces à chauffer était souvent supérieure à 50°C. Plusieurs organes
conditionnent le bon fonctionnement d’un réseau de chauffage
Les radiateurs hydrauliques et leur T de réglage
Les
radiateurs transmettent la chaleur par rayonnement et par convection.
Avec les
radiateurs basse température, la différence de température entre la pièce à
chauffer et la température moyenne du radiateur est plus faible. Pour fournir
la même puissance la surface de chauffe du radiateur est plus importante
Les T de réglage des radiateurs et le robinet d'arrêt peuvent être
avantageusement remplacés par une soupape thermostatique. On peut aussi
adjoindre des T de réglage compensé en pression (PC) de telle sorte que le
débit circulant dans le radiateur soit indépendant de la pression régnant dans
le collecteur.
Les radiateurs
P = S x DT1 x j avec
- P
puissance thermique da radiateur en watt ,
- DT1
différence de température entre la pièce à chauffer et la température moyenne
du radiateur en °C
- j coefficient de rayonnement 10 watt/m² et °C
(cette valeur peut être augmentée
Les T de réglage
P = Q
x DT2 x c avec
P en kW , DT2 en °C et c chaleur spécifique de l’eau 4,18 KJ/kg et °C
- S sa
surface de chauffe du radiateur à ne pas confondre avec sa surface frontale
- DT2 la différence entre la température moyenne du
radiateur et la température souhaitée
dans la pièce
- c la chaleur spécifique de l’eau 4,18 kJ/kg et °C
Application numérique
Pour une
puissance thermique P du radiateur prise égale à 2 kW à titre d’exemple on
a :
A) Radiateur haute température
DT1 = 80 – 20 = 60°C
DT2 = 90 – 70 = 20°C
Surface de chauffe
S = P / (DT1 x j ) = 2000 / (60 x
10) = 3,3 m²
Débit dans le T de réglage
Q = P / (DT2 x c) = 2 / (20 x 4,18) = 0,024 kg/s ou 86
litres/heure
On trouve
dans le commerce des T de réglage compensés en pression couvrant la plage de 40
à 150 l/h
B) Radiateur basse température
DT1 = 40 – 20 = 20°C
DT2 = 50 – 30 = 20°C
Surface de chauffe
S = P / (DT1 x j ) = 2000 / (20 x
10) = 10 m²
Débit dans le T de réglage
On trouve
le même débit Q = P / (DT2 x c) = 2 / (20 x 4,18) = 0,024
kg/s ou 86 litres/heure
La pompe centrifuge
Les réseaux
de tuyauteries alimentant les radiateurs hydrauliques des immeubles anciens
sont très largement dimensionnés. Les pertes de charge linéaires dans les
collecteurs horizontaux et dans les colonnes montantes et descendantes sont en
pratique négligeables. La caractéristique débit-pression de la pompe centrifuge
alimentant ces réseaux doit être telle que lorsque l’on additionne tous les
débits unitaires de l’ensemble des radiateurs constituant le réseau, la
pression de refoulement de cette pompe soit au moins égale à la hauteur de
refoulement (Nombre d’étages x hauteur sous plafond),
majoré de la pression différentielle du T de réglage.
Équilibrage thermique d'un immeuble
Il comporte deux postes :
A
L'équilibrage du bâti
Il est important de prévoir des épaisseurs
d'isolants homogènes de telle sorte que les déperditions soient comparables
entre les différentes terrasses ou façades d'un immeuble. L'équilibrage
hydraulique pour utile qu'il soit ne doit pas être réalisé lorsque l'isolation
du bâti manque d'homogénéité et comprend des déséquilibres thermiques provoqués
par des épaisseurs d'isolants hétérogènes avec des coefficients de déperditions
différents entre les terrasses ou façades d'un immeuble.
B
L'équilibrage hydraulique
La température
de l’eau envoyée dans le réseau de chauffage est réglée par un professionnel de
telle sorte qu'à une température extérieure corresponde une température de
l’eau de chauffage au départ vers les radiateurs ou les planchers chauffants
hydrauliques donnée. C'est une vanne à trois voies qui assure ce réglage en
mélangeant plus ou moins l’eau chaude qui sort de la chaudière avec l’eau
refroidie qui revient des appartements. Une seule valve par immeuble assure
généralement ce réglage. L'immeuble peut aussi être victime d'une mauvaise
réalisation lorsque qu'une seule valve alimente deux planchers chauffants
connectés en // et coulés dans la même dalle en béton sans qu'il soit possible de les dissocier.
Cette régulation
peut parfois être affinée lorsque le bâtiment peut être divisé en secteurs
homogènes ayant des besoins en chauffage différents. : Dans l'immeuble
d'habitation ci-dessus on constate par exemple la façade sud située côté jardin
intérieur peut éventuellement faire l'objet d'une régulation distincte. On
pourrait aussi décider de prévoir une régulation de ce type en face nord
exposée au vent en agissant sur une valve 3 voies attenante au collecteur 4. On
observe que la décision de s'engager dans cette voie complique la régulation de
l'ensemble. Les valves d’isolation en pied de colonne peuvent avantageusement
être remplacé par des valves dites TA. Ces valves TA présentent l’avantage de
servir de valve d’arrêt permettant d’assurer un démontage des radiateurs ou
autres organes hydrauliques alimentés par cette colnne
sans que le réglage du débit en fonctionnement ne soit affecté (Ces valves sont
de plus parfois compensées en pression)
La courbe de chauffe de la chaufferie
Cette courbe, en théorie une ∆droite, est affichée en chaufferie.
Elle est tracée pour une température dans les appartements faisant l'objet d'un
consensus des copropriétaires occupants. Elle permet de faire la relation entre
la température de départ vers les radiateurs ou les planchers chauffants et la
température extérieure mentionnée en abscisse. Sa connaissance est importante
puisqu'elle fixe le besoin thermique de l’immeuble à chauffer. Elle permet
aussi de définir la température à laquelle le système doit commuter du gaz vers
le chauffage thermodynamique et inversement si la chaufferie est équipée d’un
complément ENR de telle sorte que le COP soit le meilleur possible. En raison
de l'inertie thermique du bâtiment, cette température de départ peut être
baissée de quelques degrés pendant la nuit sans que la température dans les
appartements ne chute de façon significative. La courbe de chauffe est souvent
plus basse dans le cas des planchers chauffants. La connaissance d’un seul
point P en hiver permet de tracer la droite de chauffe qui passe naturellement
par le point 20 - 20°C.
Isolation et température de chauffe
En améliorant l’isolation des logements on ne fait pas qu’économiser de
l’énergie, on améliore aussi les performances du chauffage thermodynamique. On
baisse en effet la température requise dans les radiateurs pour assurer notre
confort. On peut encore diminuer la
température du circuit de chauffe en agissant sur le dimensionnement des émetteurs
thermiques. Les planchers chauffants avec leur surface d’échange importante nécessitent
des températures moins élevées que les radiateurs hydrauliques. Lorsque l’on souhaite installer un chauffage
thermodynamique dans un immeuble équipé de radiateurs hydrauliques on a
généralement intérêt à augmenter leur surface de chauffe pour améliorer les
performances. On déduit ainsi d’une façon significative et à confort équivalent
le besoin en énergie primaire (gaz, électricité, fioul.) Une pompe à chaleur
haute température peut aussi être une solution à ce problème mais le circuit
hydraulique est plus complexe..
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Les
radiateurs ACOVA en acier de cet appartement
sont restés dans les configurations ouvertes (O) ou fermé (F) sans
modification pendant la nuit :
Pièce |
Taille (largeur/hauteur) |
Surface frontale m² |
Ouvert/fermé |
RXD 50 75/65 kW |
RXD20 55/45 kW |
Salle de bain |
300x900 |
0,27 |
O |
0,8 |
Une température de 55°C au condenseur de la PAC
conduit à un COP mini de 3 4 kW |
Séjour |
850x900 |
0,77 |
O |
2 |
|
Chambre 1 |
600x900 |
0,54 |
F |
1,4 |
|
Chambre 2 |
500x900 |
0,45 |
F |
1,2 |
|
Cuisine |
600x900 |
0,54 |
O |
1,4 |
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Surface frontale totale |
2,57 m² |
|
total 6,8 kW |
Compte tenu de l'épaisseur de 9 cm et
de l'espacement des ailettes 3 cm la surface totale de rayonnement de ces
radiateurs est égale à la surface frontale x 4
Le calcul ci-dessus consistant à
calculer la nouvelle puissance avec un Δθ
de 30 au lieu de 50 entre la température du radiateur et l'air de la pièce
proportionnellement à l'écart de température est grossier. Le calcul est un peu
plus compliqué pour la raison qu'il faut tenir compte d'une variation
exponentielle comme pour la plupart des phénomènes thermodynamiques. La puissance de 4 kW est donc ramenée à
sensiblement 3,1 kW. Soit environ 220
kW pour l'ensemble de l'immeuble si
l'on considère que l'appartement ci-dessus de 68 m² représente la valeur
moyenne des 72 appartements constituant notre immeuble. On remarque donc que si l'on réalise l'isolation sans y inclure
l’isolation totale des façades de l’immeuble pour des raisons de coût, les
radiateurs peuvent être conservés en l'état puisque la puissance maximum à
fournir par la PAC (150 kW) après isolation est inférieur à la possibilité des
radiateurs existant de 223 kW
En cas de surchauffe dans
un appartement la fermeture des robinets d’isolement à commande manuelle permet
à l’occupant de baisser la température ambiante. Le
fait de fermer le radiateur principal dans le séjour surchauffé à 23 °C d’un
petit appartement de 70 m² situé au 1er étage a provoqué une chute de
température très lente dans cette pièce de 1°,5 C au bout de deux heures.
Lorsque la régulation d’un chauffage collectif
est mal réglée le système asservi peut se comporter comme si l'on avait
coupé la rétroaction le système allant en saturation. Il peut aussi être sujet
à oscillation si le gain est trop élevé. Le personnel en charge du contrat de
l'entretien de la chaufferie doit être capable de gérer ces problèmes. Le
dispositif robinet simple et T de
réglage non compensé en pression a le mérite de la simplicité mais n’est pas
très intelligent dans la mesure où il est incapable de réguler automatiquement
la température de la pièce.
L’utilisation de robinets thermostatiques sur de petits
radiateurs tel que ceux prévus dans les chambres ou les salles d’eau assure cette régulation automatiquement mais le
circuit doit être propre et désemboué. Les soupapes
thermostatiques ne sont pas recommandées dans
les pièces de vie si l’on souhaite évolué vers le chauffage thermodynamique et
il est préférable dans ce cas de prévoir des robinets d’isolement ordinaires
dans les pièces de vie principales ces robinets restant toujours ouverts afin
de garantir un débit suffisant dans le réseau. Ces points sont à discuter avec
un chauffagiste expérimenté. Il y a quelques années, on s'assurait que le
volume total d'eau contenu dans le circuit était compatible avec la puissance
de la machine. Ce volume devait être supérieur à 15 litres/kW pour assurer un
fonctionnement correcte de la pompe à chaleur avec la régulation tout ou rien
du type on-off. Ceci de telle sorte que le cycle ne soit pas trop court (les
démarrages et arrêts trop fréquents étaient néfastes à la longévité des
compresseurs et à la performance du chauffage. Il fallait alors ajouter un
ballon tampon monté en série dans le circuit si les volumes de fluide étaient
insuffisants. Depuis l’arrivée des dispositifs à vitesse variable type « inverter » la taille du ballon tampon peut être
notablement réduite.
Nota important
concernant les radiateurs existants
Il
est reconnu que les radiateurs des immeubles anciens et construits avant 1970
sont sensiblement surdimensionnés. Le calcul ci-dessus effectué pour un immeuble datant de 1968 équipé de radiateurs
en acier le prouve. Toutefois on améliore notablement les systèmes de chauffage à énergie
renouvelable telle que les PAC fonctionnent en baissant la température du
circuit chauffage à 40 ou 45 °C au lieu des 60 à 80 °C d’une chaudière classique ancienne
génération. En baissant la température au condenseur
de 10°C on améliore le rendement de la PAC de 20% et la consommation électrique
annuelle dans les mêmes proportions ce qui est loin d'être négligeable. Toutefois, pour peu que l’on procède à une isolation
préalable de l'immeuble à minima, il peut être intéressant financièrement pour
la copropriété de prévoir une chaufferie avec PAC en relève de chaudière à gaz
en mi-saison sans changer les radiateurs d'origines. (La revue "Le particulier 1018 de
novembre 2007 arrive à une conclusion comparable). Il pourrait être toutefois
préférable dans le cas d'une copropriété ayant une courbe de chauffe plus
défavorable de financer la pose de radiateurs de taille plus importante dans
les pièces de vie plutôt que de passer à une PAC haute température à
deux fluides caloporteurs plus complexe.
Le
remplacement des radiateurs dans les pièces de vie (salon ou pièce de séjour)
peut être une solution intéressante pour la copropriété dans le cas ou l’on
envisage la mise en place d’une PAC eau-eau
fonctionnant l’hiver en substitution de chaudière. Elle semble à nouveau
préférable au circuit hydraulique plus complexe d'une PAC haute température
Les ventilo convecteurs hydrauliques
Les ventilo convecteurs
hydrauliques ou aérotherme comprennent un ventilateur et un radiateur à ailette
parcouru par un circuit d’eau chaude.
Ils sont généralement utilisés pour chauffer de gros volumes tels que des
dépôts d’usine. Peu encombrants, ils pourraient faire leur apparition dans le
collectif pour le chauffage thermodynamique exigeant un circuit basse
température
.
Ils améliorent les transferts thermiques par
convection et font leur apparition dans le chauffage thermodynamique en raison
de leur faible encombrement.
Ils sont peu bruyants malgré le dispositif de
ventilation à vitesse variable située en partie basse (Type Aqualix2)
Le système de contrôle, indépendant de la régulation chaufferie,
comprend un émetteur servant d’organe de réglage de la température ambiante
disposé dans la pièce de vie et un récepteur monté à l’intérieur du ventilo
convecteur (liaison non filaire) L’ensemble du dispositif doit être installé par des
professionnels |
|
Les planchers chauffants hydrauliques
Ils
sont la plupart du temps à basse température (40 ou 45 °C) et sont par nature mieux adaptés
au chauffage thermodynamique que les radiateurs hydrauliques. Un inconvénient
de cet émetteur est l'Intégration des tuyauteries dans la dalle. Contrairement
aux tuyauteries d'alimentation des radiateurs généralement accessibles les
tuyauteries d'alimentation des planchers chauffants sont en effet intégrées aux
dalles en béton ce qui peut compliquer la mise en place de valves
complémentaires.
Les convecteurs électriques
Les arguments utilisés pour
commercialiser les radiateurs électriques à effet Joule constituent, selon les <Lutins thermiques> une arnaque
commerciale intolérable. James Prescott et ses amis anglais, à l’origine de
cette chaîne énergétique peu lumineuse qui lie la <petite calorie> au <Joule>
*, doivent selon les Lutins se retourner dans leurs tombes lorsqu’ils constatent
ce que l’homme a fait de leur découverte. L’opinion des Lutin thermiques est
que la vente de ces produits est une indécence vis-à-vis de ceux qui ont froid
et qui ont du mal à payer la note en fin de mois à l’EDF. Ils vont même jusqu’à
estimer que cette maladroite prime individuelle de chauffage versée selon
le <
Magazine Capital > aux
fonctionnaires du Sénat est moins grave de conséquence sur le plan social et
environnemental que la non reconnaissance des erreurs passées de la RT 2005 ayant entraînée la mise en vente de ces « convecteurs
électriques » au rendement déplorable sur le marché de l’habitation
principale. Il est normal selon les Lutins que l’énergie profite à ceux qui la
comprennent, certes, mais à condition que cela ne desserve pas à ce point ceux
qui ne la comprenne pas, même si ce manque de compréhension relève de
l’ignorance et d’une certaine paresse intellectuelle.
* L’équivalent
électrique d’une petite calorie (quantité de chaleur nécessaire pour élever un
gramme d’eau de 1°C) est de 4,18 joules