La rénovation énergétique d’une copropriété
Une
copropriété n’est pas une entreprise mais une construction juridique. Pour
cette raison, la rénovation énergétique
d’une copropriété est difficile à mettre en œuvre. Il faut d’abord convaincre l’ensemble
des membres du conseil syndical, et cela prend du temps pour la simple raison
qu’il faut du temps pour expliquer et se faire comprendre. Les temps de retour
étant généralement supérieurs aux attentes des copropriétaires, il est
essentiel de bien comprendre l’importance des aides financières et de bien les
construire. Cette compréhension nécessite un accompagnement externe avec
quelques réunions d’informations spécifiques échelonnées dans le temps.
Les quatre
étapes préliminaires à prendre en compte au titre de la rénovation énergétique des
logements sont :
1. Adapter les
priorités des travaux à la configuration des bâtiments à l'aide d'un « audit
énergétique »
2. Engager la
copropriété et son syndic dans une réflexion collective
3. S'inscrire
dans la durée en engageant une procédure sur 4 à 5 ans
4. Se faite
assister d'un premier conseil externe (ARC, UNPI, ADEME, PACT…) coût
approximatif 150 à 250 €
Une fois le
texte de l’ « audit
énergétique » rédigé, l'audit 360 est la deuxième étape qui permet
véritablement de faire le tour du
problème. Le chiffre 360 doit être perçu comme la volonté de parachever le
travail préliminaire de collaboration effectué entre la copropriété et son
syndic au titre de l’« audit
énergétique ». Un deuxième
conseil externe complémentaire du premier entre alors dans le circuit.
Expérimenté, il a pour difficile mission de comprendre et de finaliser le
travail préliminaire effectué au titre de l’« audit énergétique » et de ses 4 premières étapes. Ceci en élaborant un outil d'aide à la
décision sous la forme d’une étude technique définissant les actions à prendre,
leur ordre de préférence et leur coût. L’objectif de cette assistance
supplémentaire est de mettre les copropriétaires au centre du cercle et de la
démarche condition indispensable pour mettre en place la rénovation thermique.
Ingénieur expérimenté et diplômé en génie climatique, ce deuxième conseil
externe a pour mission de finaliser l’étude préliminaire ébauchée lors de l’
« audit énergétique ». Son
étude permet de chiffrer l’investissement
sous forme de devis indispensables à la mobilisation des financements.
Pour pouvoir bénéficier d’une aide fiscale conséquente, la rénovation thermique
d’un immeuble ou d’un groupe d’immeuble
ne peut être menée à son terme que si elle s’appuie sur les 3
piliers de la décision que constituent : l’ISOLATION, la GENERATION
et en dernier ressort la valorisation du PATRIMOINE.
L'ensemble des copropriétaires joue en définitive le rôle de Maître d'œuvre
dans cette opération puisque ce sont eux qui financent en bonne partie
l'investissement de départ. Pour que l’assemblée des copropriétaires vote
l’investissement et bénéficie de ses avantages, il est indispensable que chaque
copropriétaire se sente au centre de la
démarche et qu’il ait une vision claire de la rentabilité de la dépense. Etant
donné la situation économique actuelle, il est clair que les copropriétaires ne
veulent pas que cet investissement de départ affecte, même temporairement, leur
pouvoir d'achat. Le drame de la
situation de blocage actuelle est que personne ne leur a expliqué pour
l'instant clairement, chiffres à l'appui, les avantages financiers qu'ils
peuvent retirer d'une rénovation
énergétique bien conduite englobant l’amélioration de l’isolation associée
à une génération thermique collective moderne.
Un autre drame de cette situation de blocage est que les différents
organismes acteurs plus ou moins proches de cette rénovation énergétique n’ont pas fait jouer la fibre citoyenne des
copropriétaires en leur expliquant clairement les avantages financiers que la
France - et indirectement eux-mêmes - peuvent retirer de la diminution de la
consommation en énergie primaire (EP).
Ces blocages sont d’autant plus dommageables qu’une rénovation énergétique bien conduite techniquement et
financièrement et s’appuyant sur les 3 piliers que constituent l’ISOLATION, la GENERATION et le PATRIMOINE
n’affecte en aucun cas le pouvoir d'achat des copropriétaires, même
temporairement. Des sociétés expérimentés spécialisées dans l’analyse globale de
la rénovation énergétique commencent
à faire leur apparition (ENR concept, Socotec..) Cela a un coût et les frais d’assistance au titre d’un
audit 360 ne sont pas donnés ( 8 500 à 12 500€). En compensation leurs conseils, leur
connaissance du marché et des fournisseurs fait que le retour que l’on peut en
attendre est loin d’être négligeable.
Concernant le
PATRIMOINE, les prix dans l’immobilier ont atteint un tel niveau que le coût de
la rénovation énergétique en
tant qu’investissement initial représente
bien peu comparativement à la valeur du bien. Pour s’en convaincre, il suffit
de comparer la valeur d’un appartement de 100 m² à 6000 €/m² soit environ
600 000 € à l’investissement de départ d’une telle rénovation avec bouquet de travaux se situant dans une
fourchette allant de 12 000 à 19 000 € hors aide fiscale selon les
cas, soit environ 2,5% du PATRIMOINE. Ce qui pourrait par contre
influer à l’avenir est la notion de « valeur verte » du
bien immobilier qui pourrait devenir un élément important dans la vente ou
l’achat d’un bien immobilier.
Compte tenu de
la crise économique actuelle, cet investissement est pourtant loin d’être
négligeable et il est bien légitime que les copropriétaires s’intéressent de près au retour de leur
dépense. Il faut toutefois considérer qu’habitués à la combustion ou au
chauffage électrique par effet Joule et ancrés dans ces solutions, les
copropriétaires ne perçoivent pas bien les inconvénients liés à ces modes de
chauffage en raison des coûts qu’ils induisent en approvisionnement d’énergie
primaire (EP). Ceci pour la raison qu’aucun acteur de la rénovation énergétique ne leur a véritablement expliqué comment, à
confort égal, leur portefeuille pouvait bénéficier d’une réduction
significative de la consommation de cette forme d’énergie extrêmement onéreuse.
Personne ne les a informés que l'argent qu'ils empruntent pour financer la rénovation énergétique de leur immeuble
peut être remboursé par les économies réalisées du fait de la diminution du
besoin en énergie primaire. Légitimement préoccupés par leur pouvoir
d'achat, il est important que les
copropriétaires aient une vision plus claire du temps de retour sur investissement
de la rénovation énergétique de leur
immeuble. Il est important qu'ils prennent dès à présent conscience que les
économies réalisées en raison d'une consommation en énergie primaire moindre
sont dès à présent telles que ces économies financent le prêt ayant servi à
financer l'investissement de départ
préservant ainsi leur pouvoir d'achat. Et ceci dans des temps
raisonnables. Personne ne les a informés que le domaine de la finance pour
implacable qu'il soit, n’est pas aussi obtus
qu’on veut bien le dire dès lors que celui qui prête est assuré de
rentrer dans ses fonds dans des périodes raisonnables n’excédant pas 10 ans.
Dès lors qu’un plan de financement bien conçu comprend des aides fiscales qui
permettent de réduire cette période de 10 ans d’une façon significative. La
notion de temps de retour économique d'une rénovation
énergétique est importante, elle conditionne en effet la durée du prêt
servant à financer la partie de l'investissement initial non subventionnée.
Ceci de telle sorte que les fournisseurs soient payés pour la totalité de leur
prestation selon les modalités prévues dans le contrat qu’ils ont signé avec le
Maître d’œuvre.
Il est plus
difficile d'obtenir un retour sur investissement intéressant si l'on procède
seulement à l'isolation. Certes l'énergie la moins chère est celle que l'on ne
consomme pas mais lorsque la rénovation
énergétique ne comprend que l'isolation ou que la génération, elle ne se
plie pas à la recommandation de l'état de concevoir une rénovation énergétique regroupant ces deux postes simultanément dans
ce que l'on appelle un "bouquet de travaux" et les aides fiscales
sont moindres. Si l’on ne réalise par exemple qu’une amélioration de
l’isolation en remplaçant les fenêtres simple vitrage par des doubles vitrages,
les prix pratiqués en France conduisent la copropriété à des retours
économiques supérieurs à 10 ans (1,3 €/KWh économisé annuellement) qui sont la
plupart du temps jugés inacceptables. Dans le cas où l’on envisage une
isolation complète incluant simultanément les fenêtres et toutes les cloisons
opaques du bâti l’investissement ne conduit à une économie d’énergie primaire
importante, pouvant atteindre 60% qu’à la condition que l’immeuble ne comprenne
pas de façades avec balcons. Dans le cas contraire et en supposant par exemple
que la moitié des façades aient des balcons on arrive à la conclusion qu'il
faut souvent investir plus de 2€ par KWh économisée annuellement ce qui conduit
avec un prix de l'énergie primaire à 0,1€/KWh, à des temps de retour économique
inacceptables supérieurs de 20 ans. A tel point que dans certaines
configurations une copropriété peut légitimement s'interroger sur le bienfondé
de mettre en quelques sorte la charrue avant les bœufs en prévoyant la génération avant l'isolation. Ce scénario inhabituel est
pourtant parfaitement envisageable. Les
générations modernes qu’elles soient équipées de chaudières nouvelle génération
à condensation ou de pompes à chaleur modernes sont en effet capables de
répondre ensuite à un nouveau besoin thermique plus faible si l’isolation est reportée
dans le temps pour des raisons budgétaires. Ceci sans que les performances ne
soient affectées et en tout cas mieux que ne pouvaient le faire les anciennes
chaufferies en raison de leur incapacité à couvrir un besoin en puissance
suffisant. Cela peut être le cas si l’on échelonne par exemple les dépenses en
ne réalisant dans un premier temps et à partir d’anciennes chaudières au fioul
que la modernisation de la chaufferie vers le gaz naturel vers des chaudières à
condensation et un complément ENR éventuel. Le temps de retour économique peut
alors être sensiblement inférieur à 10 ans et jugé acceptable par la
copropriété qui lance un emprunt raisonnable sur la même période pour financer
la rénovation de la chaufferie dans ce sens.
Il apparaît
donc que si la copropriété ne peut réaliser à la fois l’isolation du bâti et la
génération suite à un problème de financement avec la banque, qu’elle peut décider de reculer l’isolation du bâti dans
le temps pour ne pas affecter le pouvoir d’achat des copropriétaires. Si l’on
se trouve dans ce cas de figure et que l’on se fixe comme objectif du poste
isolation une réduction de 30% des déperditions, la génération sera alors
surdimensionnée de la même valeur après achèvement de l’isolation sans que cela
nuise à son fonctionnement. La plage de puissance d’une chaudière moderne
allant de 20 à 100% de la puissance nominale la nouvelle plage sera certes un
peu inférieure à 5 mais la chaufferie continuera à fonctionner dans des
conditions parfaitement acceptables.
Chaque
immeuble est, on le remarque, un cas
particulier. On observe aussi que les solutions ne manquent pas. Bien évidemment le poste isolation est
important puisque l’énergie la moins chère est celle que l’on ne consomme pas.
Il est toutefois également important que la copropriété prenne conscience que
l'énergie la plus chère est celle que l’on consomme mal.
Il est
important d'être sobre. Mais cette sobriété ne signifie pas qu'il faut se priver.
Etre sobre peut signifier qu’il faut concentrer ses efforts afin d’éviter un
régime thermique en légère surchauffe sous le prétexte que cela facilite
l’équilibrage thermique du réseau hydraulique et permet de satisfaire tous les
occupants. Etre sobre c’est surtout réaliser qu’il est maintenant possible à
confort thermique égal de consommer moins d'énergie primaire (gaz ou
électricité) avec les GENERATIONS modernes.
Il est
important que les copropriétaires et leur syndic sachent :
1. qu’en
consommant 3 fois moins d’énergie primaire pour se chauffer, ils divisent la
douloureuse par 3.
2. que cette
diminution des frais d’exploitation de la chaufferie permet d’atteindre un
temps de retour économique n’excédant pas 7 ans. Ceci à condition que cette rénovation énergétique soit conduite par
un professionnel expérimenté et que le syndicat des copropriétaires donne son
accord pour une rénovation énergétique
sous la forme d’un « bouquet de travaux » incluant un poste
GENERATION performant.
3. que ce temps de
retour économique va allez en diminuant au fur et à mesure que le prix de
l'énergie primaire flambe et que les techniques de maîtrise de la performance
s'améliorent.
Les
copropriétaires, premiers acteurs et Maître d’œuvre de la rénovation énergétique en tant qu’investisseurs responsables
doivent chercher à réduire ce temps.
Il est essentiel
qu'un minimum de confiance s'établisse entre eux et leur syndic. Sans ce
minimum de confiance rien n'est possible. L’établissement d’un audit
énergétique collectif demande beaucoup de travail. La copropriété a dans tous
les cas intérêt à réduire la durée du calendrier de l’audit énergétique.
Prenons un exemple. Supposons que le conseil syndical mette 4 ans sans dépasser
la date butoir de fin 2017 pour finaliser les quatre étapes préliminaires de
l’audit et convaincre la majorité des copropriétaires et qu’elle lance
l’investissement et réalise les travaux dans la foulée la 5ème
année. Il est intéressant d’examiner les conséquences d’un tel calendrier dans
deux cas de figures distincts. Le premier cas correspondant d’une rénovation énergétique à minima
comprenant seulement la modernisation de la génération vers le gaz naturel avec
des chaudières à condensation à partir d’ancienne chaudières au fioul. Le
deuxième cas correspondant à une rénovation
énergétique dernière génération comprenant en plus de ce qui précède un
complément ENR thermodynamique double aérothermique et aquathermique
conjugué à un poste isolation du bâti à minima, ceci pour bénéficier grâce à un
plan d’aide financières bien construit des conditions fiscales du
« bouquet de travaux » associé à
celles du fond chaleur
renouvelable en raison du
complément ENR.
Le tableau
ci-dessous résume les conséquences financières pour une copropriété de 68 lots,
de 5000 m² SHON (habitable + parties communes chauffées) dont la consommation
en fioul initiale annuelle est de 100 m3 de FOD avec un coût de l’énergie
primaire à 0,1€ le KWh et un COP moyen de 3 pour le complément de chauffage
thermodynamique exploitant les énergies renouvelables.
|
Cas
1 |
Cas
2 |
Mode
de chauffage (avec ECS) |
Combustion |
ENR |
Montant
total investissement € |
210
000 |
700
000 |
Economie
en approvisionnement d’énergie primaire €/an |
25 000
(rendement) |
70 000
(COP 3,3) |
Aides
fiscales € |
10 000
(5%) |
300 000
(43%) |
Emprunt
à la banque € |
200
000 |
400
000 |
Durée
de l’emprunt (années) |
8
|
6
|
Remboursement
mensuel €/lot (Base taux 0%) |
35 |
90 |
Pouvoir
d’achat pendant |
inchangé |
inchangé |
Amélioration
annuelle du pouvoir d’achat |
360 |
1000 |
Gain annuel
en CO2 (tonnes) |
318 |
524 |
Frais de
réduction du CO2 en
€/an (Base de
calcul 80 €/tonne) |
25
000 |
42
000 |
Energie primaire
consommée (gaz ou électricité) exprimée en % du besoin thermique |
Totalité
100% |
33% |
Le
calcul est effectué pour des lots de même surface habitable. La remise à niveau
pour chaque propriétaire est faite par le syndic sur la base du règlement de copropriété.
1.
Dans le premier cas, celui de la combustion, les économies réalisées
annuellement par la collectivité du fait de la, diminution de la génération en
CO2 de 318 tonnes par rapport au fioul peuvent s’évaluer sur la base
d’un coût de réduction de 80
€/tonne) à 25 000 €.
On
remarque que cette somme est la même que l’économie annuelle réalisée par la
copropriété en approvisionnement d’énergie primaire EP (Du gaz naturel pour cet
exemple). Il y a ainsi en quelque sorte une sorte d’équilibre fiscal.
2.
Dans le deuxième cas, celui du chauffage thermodynamique, le COP global annuel peut varier entre 4 et 2
selon les options adoptées pour parfaire ou non le chauffage thermodynamique.
Le calcul a été réalisé pour un COP moyen de 3,3. Les économies réalisées
annuellement par la collectivité dans ce cas sont sensiblement plus importantes
(Diminution de la génération en CO2 de 514 tonnes) correspondant à
42 000 € sur les mêmes bases du coût de réduction). L’économie annuelle de
70 000 € réalisée par la copropriété sur l’achat du combustible primaire
EP (De l’électricité pour cet exemple) devient plus importante. Il n’y rien de
choquant à ce qu’il en soit ainsi. Il est bien légitime que l’énergie profite à
ceux qui font l’effort de la comprendre.