La rénovation
énergétique par la copropriété et son syndic
Le contexte
Une copropriété́ n’est pas une
entreprise mais une construction juridique regroupant des copropriétaires avec leur
conseil syndical et un syndic. C'est en partie pour cette raison que la
rénovation énergétique d’une copropriété́, qui relève
du domaine industriel, est difficile à̀ mettre en œuvre.
En attendant que la société ait pris ses
marques, les membres d'un conseil syndical ont bien du mal et les choses
avancent lentement. Cela prend en effet du temps pour expliquer, se faire
comprendre, s'entendre sur la description du besoin et sur la définition
d'objectifs énergétiques raisonnables. Pour y parvenir les membres du CS
doivent avoir une volonté́ collective et c'est seulement lorsque se sont
mis d´accord entre eux que le conseil syndical peut espérer mobiliser le syndic
et par la suite l’ensemble des copropriétaires au projet d’économies
d’énergie. Comme on le voit le chemin
est long et les écueils nombreux. Les projets dits « novateurs »
comme le chauffage thermodynamique par pompe à chaleur pourtant connu et
reconnu depuis environ 30 ans sont encore plus longs à se mettre en place
donnant raison à l'adage bien connu "Nul
n'est prophète en son pays". On ne peut, en raison de l’urgence de la
transition énergétique et notre souhait d’améliorer notre pouvoir d'achat, que
regretter la lenteur de ce processus. On peut aussi le regretter aussi pour la
balance économique de la France. On peut légitimement
estimer que ce ne sera pas « l'audit
énergétique réglementaire obligatoire et payant (décret du 27 janvier 2012) »
même en mode entendu qui va changer quelque chose. Pas même
le discours des fédérations nationales telles que la FNAIM ou de l’UNIS
en faveur des économies d’énergie,
ni la comparaison du montant des charges ramenées au m² habitable lancé par
l'ARC pour évaluer le syndic ou la copropriété la plus vertueuse. Dans la
pratique « le citoyen moyen ne veut
plus payer pour être informé ». Il attend que la société mette en
place pour lui un système finalisé et il ne veut plus s'impliquer dans la
lecture de documents payants et complexes lui expliquant ce qu'il doit faire ou
ne pas faire. Même quand ces documents sont gratuits il lui arrive souvent de
ne pas les lire
Le syndic dans le contexte
On se trouve en face d’un
« trio » formé par le « syndicat
des copropriétaires » avec son « conseil syndical »et le « syndic » Le « syndic » de copropriété
n'est pas l'élément moteur orientant la copropriété vers les économies
d'énergie. Il a peut-être en cela quelques excuses, n'étant ni thermicien ni
technicien il n`est pas en adéquation avec le caractère industriel d'une
rénovation énergétique. Les « syndic » de copropriété sont en effet avant tout des
juristes et des comptables rémunérés par le "syndicat
des copropriétaires" et ils n’ont
ni les compétences techniques ni le temps
nécessaires pour piloter un projet de rénovation énergétique. La plupart du
temps en sous-effectif et débordés de travail, ils n'ont parfois même pas le
temps de s'occuper des affaires courantes de la copropriété et ils ne font
malheureusement, faute de temps et de logiciels adaptés, de comptabilité analytique. Ceci alors que cette prestation
devrait pourtant rentrer dans leurs attributions. Comment les syndics
pourraient-ils dans ces conditions piloter valablement une rénovation
énergétique qui demande un énorme travail de préparation en amont du vote en
AG. Ceci alors même qu'ils sont rémunérés seulement si les travaux sont votés
au titre de l’inspection des travaux en cours de réalisation. Pour cette raison
leur intérêt est de tenter de faire procéder à la réalisation alors que l'étude
préalable n'est pas finalisée, voire même inexistante, conduisant à l'échec de
la rénovation et à ce que le sociologue Mr Brisepierre nomme "l’effet rebond". Comme on le
voit, il faut revoir notre modèle économique de telle sorte que les intérêts du
« syndicat des
copropriétaires » et de son CS ne soient pas opposés avec ceux du « syndic ». Il est important
que le politique trouve une voie qui préserve les intérêts de chaque partie en
cause afin le syndic ne tente plus de jouer le rôle de tuteur en cherchant à se
positionner comme « maître
d'œuvre » alors que ce n’est pas son rôle*. Actuellement, les services
que le « syndic » rend à la copropriété́ sont en
pratique limités aux aspects juridiques et comptables. Ayant la vue sur
plusieurs copropriétés simultanément, il devrait à partir des données
comptables aider plus efficacement le conseil syndical de son expérience mais
il ne le fait généralement pas. Depuis environ 15 ans les syndics ont
complètement abandonné la partie technique. Il y a bien quelques propriétés
copropriétés qui avancent sur le sujet grâce à l’engagement d’un copropriétaire
bénévole qui constitue le moteur de la rénovation mais ce n'est pas monnaie
courante. On pourrait les désigner par l’expression de « leader énergétique ». Compensant les défaillances du syndic ces "leaders énergétiques" sont en
pratique des copropriétaires qui incarnent le projet de rénovation aux yeux des
copropriétaires qui ne sont d’ailleurs pas toujours disposé à les entendre,
estimant que le syndic doit jouer son rôle de tuteur et prendre en main cette charge cette partie alors qu'il n'a
ni le temps ni les connaissances de le faire. Il y a deux choses importantes à
prendre en compte sur ces «
leaders ».
- La première
c’est que l’on n’en trouvera pas beaucoup dans les 8 millions de copropriétés à
rénover. Ils ont des convictions écologiques et évitent de les afficher
publiquement. Ils disposent de compétences, notamment techniques et le fait que
les syndics souhaitent se positionner comme eux en « maître d'œuvre » ne les aident pas à s’approprier le
sujet.
- La seconde
remarque sur les « leaders » est que
la copropriété étant un collectif qui se vit comme une démocratie, cela ne mène
à rien s’ils agissent seul. Pour pouvoir agir, le leader doit donc parvenir à
enrôler chacun des membres du Conseil Syndical, en répartissant au mieux les
taches vers chacun d'eux. Ce sont ensuite les membres du CS qui transmettront
leurs compétences propres vers leurs voisins de palier en espérant qu'ils
soient entendus et crus. Comme on le voit il faut consacrer beaucoup de temps
et d'effort avant de passer à la phase de réalisation de la rénovation
énergétique. C’est la raison pour laquelle il faut échelonner le projet de
rénovation en plusieurs étapes. Il peut arriver que dans certaines
copropriétés, la situation de blocage soit telle que la rénovation énergétique
doive passer d’abord par un renouvellement du Conseil Syndical, voire même par
le remplacement du syndic.
*Peut être en finançant totalement les frais
d’étude au titre de l’aide fiscale en minorant d’autant les autres aides ( Crédit d’impôt, CEE, fond chaleur renouvelable, aide aux
banques pour le PTZ)
Le trio syndicat des copropriétaires – syndic - CS
La mauvaise cohabitation entre parties
communes et privatives, entre chauffage individuel et collectif, ainsi que la
difficulté́ qu'a un citoyen lambda à appréhender les problèmes en raison
du manque de coordination entre le politique et le législateur, entre les
acteurs internes et externes à la copropriété́ fait qu’ils ont bien du mal
à se comprendre les uns les autres. De toute évidence, la tâche du TRIO formé
par le SYNDICAT- SYNDIC - CS n'est pas simple. Si un nouveau métier devait
malgré́ tout être créé́
pour faciliter l'émergence d’une transition
énergétique dans les copropriétés les mots "communication",
"médiation" et « formation »ne peuvent être ignorés plus longtemps.
Rôle du « Maitre d’ouvrage »
Commanditaire et propriétaire des biens associés au projet,
le « maître d'ouvrage » (ou
une entité lorsque l'on évoque la « maîtrise
d'œuvre ») est celui qui définit le cahier des charges et par
conséquent les besoins, le budget, le calendrier prévisionnel ainsi que les
objectifs à atteindre. Pour réaliser son projet, le maître d'ouvrage fait appel
à un maître d'œuvre ( Il peut par ailleurs se faire
aider d'une maîtrise d'ouvrage déléguée*
pour le gérer au mieux). Donneur d'ordre, il suit le projet durant toute sa
réalisation, il est le dernier à intervenir si besoin lors de la réception,
puisqu'il en est à la fois le pilote et le propriétaire. Le terme de «
maître d'ouvrage » est surtout employé dans l'univers de la construction, même
s'il a tendance à s'étendre à d'autres domaines.
Rôle du « Maitre d’œuvre »
Le maître d'œuvre désigne la personne (ou plusieurs
prestataires lorsque l'on évoque la maîtrise d'œuvre), chargée de la conception
puis de la conduite opérationnelle des travaux. Sélectionné et rémunéré
directement (ou indirectement) par le maître d'ouvrage, Il est celui qui
sélectionne, en accord avec le maître d'ouvrage, les prestataires
(Sous-traitants réalisant les différents sous-ensembles du projet). Il est
aussi celui qui exécute la passation des marchés pour le compte du maître
d'ouvrage propriétaire des biens associés au projet. Les sous-traitants
reçoivent les instructions du maître d'œuvre, le maîtrise d'ouvrage ayant
seulement un " droit de regard " sur leur façon de travailler.
*IMPORTANT
En tant que propriétaire des biens,
c'est le "syndicat des copropriétaire" conseillé par le CS qui joue
le rôle de « maître d'ouvrage ».
C'est en conséquence le "syndicat
des copropriétaires" c’est à
dire l'ensemble des copropriétaires qui sélectionne le « maître d'œuvre » de son choix lors de l'AG en tenant compte des
recommandations du conseil syndical (CS).
Lorsque le maître d'ouvrage ne possède pas l'expérience « métier »
nécessaire au pilotage du projet, il peut faire appel à une « maîtrise d'ouvrage déléguée »
(dont la gestion de projet est le métier). On parle ainsi d'assistance à
maîtrise d'ouvrage (notée AMO). L'AMO peut servir d'interface entre le maître
d'œuvre et le maître d'ouvrage afin d'aider ce dernier à définir clairement ses
besoins et de vérifier auprès du maître d'œuvre si l'objectif est techniquement
réalisable. La maîtrise d'ouvrage déléguée ne se substitue pas pour autant à la
maîtrise d'ouvrage et n'a donc pas de responsabilité directe avec le maître
d'œuvre. Par contre le Maitre d'œuvre a obligation de résultat dans la mesure
où il doit respecter le cahier des charges et par conséquent les besoins, le
budget, le calendrier prévisionnel ainsi que les objectifs à atteindre en
termes de performance.
Abréviation
Pour éviter les confusions dans un
dossier ne pas utiliser d'abréviation pour le « maître d'œuvre » et le « maître d'ouvrage » ou les définir clairement au début
du contrat
Par exemple MOE pour le « maître
d'œuvre » et MOA pour le « maître d'ouvrage »