Les Lutins et le coût de l'eau chaude

Le prix de l’eau chaude est souvent sujet à débat. Lorsque le chauffage et la fourniture de l’eau chaude sanitaire sont assurés par la même chaudière c’est en cherchant à définir son coût réel de l’eau chaude que l’on mesure toute la difficulté qu’il y a parfois à comprendre les choses et le long chemin qu’il faut parcourir pour les appréhender.

 

Tribune libre

L’échange de vue entre Balendard citoyen lambda et conseiller syndical avec son syndic le prouve.

 

Balendard

Mon syndic persiste à considérer que le prix de l’eau chaude peut être évalué à

6 €/m3. Je crains que ce montant ne soit nettement plus élevé que pourrais-je faire pour essayer de le convaincre que cette évaluation est très inférieur à la réalité ?

 

Les LT

Le convaincre dans un premier temps par les chiffres que cela est impossible. Etant donné que l’eau froide est à 4€/m3 et qu’il faut 50 kWh à environ 0,1 €/kWh pour élever la température de ce m3 d’eau froide on arrive à 9€/m3 puisque de l’eau chaude, c’est avant tout de l’eau froide que l’on réchauffe.

 

Balendard

Ayant des notions sur la chaleur spécifique de l’eau je comprends votre raisonnement mais je crains de ne pas pouvoir le convaincre ainsi

 

Les LT

Dans ce cas demandez à votre syndic de vérifier avec son comptable le volume de fioul ou de gaz consommé en été au moment où la consommation est à imputer uniquement à la fourniture d’eau chaude. Le comptable a une idée précise des volumes consommés de leurs montants et des dates de commande et s’il ne fait pas d’erreur de calcul il devrait être convaincu.

 

 

Le prix réel de l'eau chaude

Les gestionnaires de copropriétés sous estiment trop souvent le coût réel de l’eau chaude lorsque la génération d'eau chaude est collective et non privative. Le syndic, au courant de la comptabilité de la copropriété,  puisque c'est lui qui l'établi 1), devrait mieux sensibiliser les copropriétaires sur le coût réel de l'eau chaude qu'il ne le fait.  Il a parfois tendance à minimiser son cout.  Peut-être parce qu'il facture séparément l'eau chaude et le combustible qui a servi à la chauffer. Il lui est pourtant facile d'expliquer en termes simples que ses "dépenses" constituées par le coût des combustibles doivent équilibrer ses "recettes" constituées par le paiement des chargés courantes. Il ne le fait généralement pas, ce qui entraîne parfois des conflits avec les copropriétaires. Il a pourtant connaissance, au travers de sa comptabilité, de  la consommation de FOD ou de gaz naturel en été à partir des relevés GDF ce qui lui permet lorsque la production de l'eau chaude est assurée par les mêmes chaudières que le chauffage d'évaluer le coût réel de l'eau chaude sanitaire. Cette évaluation est possible que la consommation soit indiquée en litres de fioul ou  en m3 de gaz naturel souvent converti en kWh puisqu'il a connaissance  des relevés et des tarifs pratiqués.  L’essentiel est que les chiffres soient exacts, qu'ils permettent une comparaison avec les DJU et qu’ils ne correspondent pas à des prévisions de consommation mais à une consommation réelle.

Ayant une vue de la consommation globale en termes de kWh ainsi que sur le volume d'eau chaude consommé, le syndic peut aussi le faire lorsque la génération collective est électrique. Il pourrait ainsi  prouver que les estimations faites  par des "professionnels" sur les anciens équipements sont la plupart du temps sous estimées. Malheureusement il ne le fait pas. Ainsi, force est constater que le tandem formé par un syndic et la société assurant la maintenance d’une chaufferie dans une copropriété entretiennent par manque de concertation, ignorance ou indifférence un flou technique desservant  les intérêts de la copropriété au lieu de les préserver. Ce tandem pense pouvoir définir uniquement  le coût de l'eau chaude en prenant comme base le prix de l'eau froide qui la compose (4€ le m3) et les frais de relevé et d’entretien des compteurs lorsqu’ils existent en ajoutant le cout de l'énergie thermique qu'il a fallu fournir pour élever sa température compte tenu de sa chaleur spécifique (un kWh par degré centigrade et par m3). On arrive ainsi à un prix approximatif du m3 d'eau chaude à 60 degrés compris entre 6 et 8 €/m3 selon que son mode de chauffage est électrique avec ou sans dispositif heures creuses heures pleines, ou provient de la combustion. En pratique le coût réel de l'eau chaude est beaucoup plus important et peut atteindre voire dépasser 25 € le m3. Cette différence importante provient du fait que l'on maîtrise mal:

1.      Les déperditions thermiques dans les tuyauteries de distribution ECS qui sont parfois très longues dans les immeubles. Ces déperditions souvent très importantes sont aggravées en raison de la boucle d'eau chaude. Elles  proviennent des pertes calorifiques en ligne par défaut de calorifugeage. Souvent négligées, ces pertes peuvent être évaluées à l'aide de nombreux programmes* suivant que les tuyauteries soient isolées ou non et éventuellement en prenant comme base le coefficient de déperdition de 10 watt/m2 et °C lorsqu‘elles ne le sont pas. Ces pertes peuvent atteindre plus de 3 fois l’énergie utile qu’il est nécessaire pour chauffer l’eau (52 kWh/m3).  Ces pertes dilapidées l’été participent heureusement au chauffage des locaux pendant la période de chauffe soit pendant environ 240 jours environ. (voir à titre d’exemple le bilan thermique d’un immeuble avec chaudière collective assurant l’ECS en page 329)

 

2.      Les pertes engendrées par une mauvaise combustion pendant la saison chaude lorsque la ou les chaudière(s) surpuissantes n'assurent que la production d'eau chaude sanitaire. Ces pertes sont parfois aggravées sur les anciens brûleurs des chaudières individuelles lorsque le chauffagiste n'entretient pas correctement les trappes télécommandés qui obturent l'arrivée d'air froid de combustion pendant les temps mort, ces trappes étant même parfois démontées.

Pour conclure, on sous-estime trop souvent le coût réel de l’eau chaude. Les syndics facturent l’eau chaude en prenant comme base le relevé des compteurs individuels. Cette facture partielle qui néglige souvent les pertes ci-dessus ne comprend généralement que le coût de l’eau froide majoré de l’énergie théorique ayant servi à la réchauffer et des frais fixes d'entretien et de relevé des compteurs. Ce qui semble à priori logique conduit souvent à une grave erreur d'appréciation. La dépense réelle engendrée par les déperditions thermiques dans les tuyauteries de distribution majorées des pertes éventuelles provoquées par une mauvaise combustion pendant la saison chaude pouvant parfois doubler voire tripler si ce n’est plus la dépense réelle par rapport à la facture partielle du syndic ne tenant pas compte de ces pertes. Il n'en demeure pas moins que ces celles-ci restent à la charge des copropriétaires. Et ceci que l’on soit dans le cas de la combustion (du fait d'une facturation séparée des combustibles) ou dans le cas d’une génération électrique collective (les déperditions par défaut de calorifugeage étant incluses dans les relevés des compteurs EDF). 

 

Pour le gaz dans une copropriété  de 48 studios

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Besoin thermique d’un immeuble comprenant 48 petits lots de 25 m² et d’une surface habitable totale de 1200 m² La consommation énergétique pour le gaz naturel s’exprime directement en Wh

Sur demande à GDF le syndic peut obtenir le relevé mensuel des consommations de gaz directement en kWh (figure ci-après). Bien que les tableaux GDF ne soient pas réalisés selon l’année thermique de fin juin à début juillet ce qui faciliterait le travail du BE en charge la mise en œuvre de la rénovation thermique, la connaissance de la consommation en gaz pendant l’été permet de définir le besoin thermique pour l'ECS seul. Il est ainsi possible à partir d’un besoin moyen mensuel en énergie pour assurer l’eau chaude sanitaire proche de 12 000 kWh pour la période allant de mai à septembre de définir le coût de l’eau chaude sanitaire. Il suffit en pratique de connaître sa consommation annuelle d’eau froide,  3 000 m3 dans le cas présent (soit statistiquement le 1/3 et environ 1000 m3 d’eau chaude par an). On arrive à 14 €/m3 (sur la base d’un prix du kWh gaz relativement bon marché voisin de 7 cts d’€ et d’une consommation mensuelle en EC de 83 m3. Ce prix raisonnable tenant compte que l’eau chaude est avant tout de l’eau froide à 4€/m3 dont on augmente la température.

 

Pour le fioul dans une copropriété  de 70 appartements

Concernant le fioul, il suffit au comptable de tenir une comptabilité à jour en notant la date de chacune des livraisons ponctuelles  la conversion en kWh se faisant sur la base de 10kWh pour un litre de FOD. L’exemple qui suit correspond à un grand immeuble de 70 lots consommant un peu moins de 4 m3 d’eau chaude par jour ce qui entraîne compte tenu de la consommation supérieure à 160 litres de fioul pendant l’été à un prix de l’eau chaude supérieure à 40 € le m3 sur la base d’une énergie primaire à 0,1€/kWh (1€ le litre de FOD). Dans le cas plus simple où l’eau chaude collective est préparée électriquement il suffit de prévoir un compteur dédié au dispositif assurant le chauffage pour connaître les dépenses ECS. Dans les cas extrêmes et afin de mettre le syndic devant ses responsabilités, l’idée de créer un « ordre des syndics » comme cela a été les cas pour les médecins fait petit à petit son chemin. Les syndics qui sauront se mettre au service de leur client en établissant une comptabilité plus analytique et moins obscure et qui communiqueront les documents relatifs à la véritable consommation d’énergie primaire au conseil syndical  éviteront alors les reproches de leur hiérarchie. Espérer plus de justice sociale à partir des relevés de consommation sur chaque compteur individuel en entretenant l’entretien de tous ces compteurs et en payant le personnel faisant les relevés relève de l’utopie lorsque le taux de facturation est plus de 5 fois inférieur au coût réel. Il y a heureusement une solution à ce difficile problème : réduire le coût de l’énergie thermique dans le même rapport avec le chauffage thermodynamique et un COP compris entre 4 et 5. Le syndic ne résout assurément pas le fond du problème lorsqu’il propose d’établir une facturation forfaitaire de l’eau chaude comprise entre 12 et de 15 € le m3 selon la consommation du logement (Cette consommation évolue de 40 à 120 m3/an selon qu’il s’agit d’un studio ou d’un 4 pièces)

 

Le syndic au courant de la comptabilité de la copropriété puisque c'est lui qui l'établi devrait expliquer pourquoi il est obligé de facturer l'eau chaude à son coût réel. 
Il ne le fait généralement pas, ce qui entraîne des conflits alors qu’il lui est pourtant facile d'expliquer que les "recettes" doivent équilibrer les "dépenses".

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Les quantités de fioul livrées par le fournisseur sont de 18 m3 lorsque la capacité  de 30 m3 du réservoir le permet. Il est vraisemblable que  le réservoir étant plein la quantité livrée en mi-février 2012 a été limitée à 10 m3. Idem mi-janvier 2013 avec une livraison limitée à 16 m3. Dans ces conditions on peut déterminer la consommation exacte entre ces deux dates 5 x 18000 + 16000 = 106 000 litres soit une consommation moyenne de 106/11=  9,63 m3 par mois (13,15 litres /h). Le DJU entre ces deux dates espacées de 335 jours est d’après Sofratherm de 1772°C  et selon toute vraisemblance pour la température légale de 19°C à l'intérieur des appartement.  En raison d'une absence d'équilibrage efficace et de la nécessité de mettre l'immeuble en surchauffe à environ 22,5°C au lieu de 19 pour satisfaire les occupants cela qui conduit à majorer le DJU "officiel" de 335 x 3,5 = 1172 soit un DJU réel de 1772+ 1172= 2945 et à une différence de température moyenne entre l'intérieur et l'extérieur à 2945/335 = 8,8°C. Si l'on estime que l'on doit assurer le confort de 20°C jusqu'à -10°C avec un équilibrage hydraulique de qualité, alors la puissance utile est sensiblement égale à 131,5 x(30/8,8) =  448 kW ceci sans tenir compte du fait que ce chiffre est à revoir à la baisse en raison de l'amélioration du rendement qui peut résulter d'une énergie perdue dans les gaz brûlées moindre avec les chaudières à condensation. On trouve à nouveau que le niveau de puissance utile ne pour l’immeuble en question ne peut excéder 500 kW (Voir page  329)

A noter que si l'on décide qu'une seule chaudière doit assurer la totalité du besoin on est conduit à prévoir une puissance installée égale au double de la puissance utile pour assurer la pérennité du chauffage en cas d'incident sur une chaudière.  Si par contre l'on assure par exemple le besoin avec 4 petites chaudières fonctionnant en cascade, il suffit de majorer la puissance utile de 25% pour assurer la pérennité en cas d'incident sur une chaudière.  Exemple pour un besoin de 400 kW :

-  Pi = 2 x 400 = 800 kW lorsqu'une seule chaudière de 400 kW assure le besoin 

- Pi = 4 x 100 + 100 = 500 kW lorsqu'un le besoin est assuré par 4 petites chaudière de 100 kW fonctionnant en cascade

Exemple pour une maison individuelle avec chaudière

Avec une chaudière assurant à la fois le chauffage et la fourniture de l’eau chaude sanitaire le besoin chauffage est nul lorsque l’on est en mi saison et en été période pendant laquelle la chaudière n’assure que la fourniture de l’ECS. Si pendant cette période, une chaudière de 30 kW se remet en marche une fois par heure alors que le besoin en eau chaude est nul et si elle met à cette occasion 10 minutes pour remettre le ballon d’eau chaude en température, l’énergie fournie par la chaudière en une heure, à savoir W = P x t = 30 x (10/60) = 5 kWh est perdue, ce qui correspond si le besoin ECS est nul pendant une journée entière à une perte de 120 kWh. Quand on sait qu’il faut 50 kWh pour fournir un m3 d’eau chaude soit environ 5 kWh pour fournir 100  litres d’eau chaude quantité suffisante pour assurer 3 douches confortables on mesure tout l’intérêt qu’il peut y avoir en mi saison de couper l’alimentation électrique du brûleur en ne remettant en marche la chaudière qu’une dizaine de minutes avant de prendre les douches. Ceci quitte à imposer de prendre les douches dans un ou deux créneaux horaire en prévoyant un programmateur sur l’alimentation électrique du brûleur coupant cette alimentation pendant les heures de non utilisation de l’ECS. Par exemple de 9h du soir à 5h du matin et de 9 heures du matin à 5h de l’après-midi soit au total les 2/3 du temps (2 fois 8h). Les économies réalisées sur les bases de fonctionnement ci-dessus peuvent être importantes :

     - 14 000 kWh pour un coefficient d’occupation de 100% et une période de chauffe de 240 jours

     - 3 600 kWh pour une occupation en été limitée à un mois

Coup de gueule des Lutins

Pour la petite histoire

Je lisais dernièrement un article technique sur un petit guide technique à usage des responsables de copropriétés et des syndics. Ce guide intitulé "Le bilan énergétique simplifié" est édité sous la signature conjointe de l’ARC (association des responsables de copropriété), de l’Ademe et de l’Anah, du conseil régional de l’Ile de France, et d’un agent immobilier : Le groupe Foncia. Il est question dans cet article de l’avantage que l’on peut tirer d’un circuit dit « bouclé » pour éviter qu’une personne n’ai à soutirer toute une colonne d’eau froide avant d’avoir de l’eau chaude. C’est un peu le cas dans notre immeuble, bien que le problème soit inversé : nos tuyauteries d’eau chaude sanitaire et d’eau froide sont parfois dans la même gaine isolante - ce qui vous en conviendrez n’est pas très intelligent – et cela nous oblige parfois à perdre pas mal d’eau chaude avant de pouvoir disposer d’eau froide bonne à boire. Bref cet article concernant les pertes thermiques sur le circuit d’eau sanitaire m’a intéressé pour la raison que nous dépensions grosso modo 200 litres de fioul – Dieu nous pardonne - pour produire quelque 1000 litres d’eau chaude à 60°C pendant la période estivale lorsque l’immeuble se vide et que tout le monde, ou presque, est vacances.

Je n’avais pas très bien compris en quoi consistait ce circuit « bouclé »  J’ai donc communiqué à mes amis les lutins thermiques la copie de la page 21 de ce manuel pour en savoir plus (Article intitulé "Pour aller plus loin")Leur réaction a été très vive, ils m’ont dit qu’il convenait de renommer l’article en «  Pour aller moins loin». Qu’en confondant puissance et énergie, en ignorant la chaleur spécifique de l'eau de 1 calorie/g et °C, base du calcul, et l'équivalent mécanique de la calorie de 4,18 joules, on arrivait inexorablement à un résultat faux.

 

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 On peut se tromper de 10 à 20 % m’ont-ils dit mais de 300 % cela fait beaucoup. Ils ont vaguement évoqué l’affront fait à James Prescott Joule et aux anglais.  Bref ils étaient furieux.  « Ils feraient bien de retourner à l’école »  m’ont-ils dit. Ils ont fait observer que « Ce n’est pas avec de tels articles que l’on allait apaiser les relations déjà bien difficiles entre les copropriétés et les syndics ». Ils ont donc écrit à l’ARC

A l'attention de la rédaction 

Madame, Monsieur

Je viens de recevoir votre petite revue "Le bilan énergétique simplifié" à usage des responsables de copropriétés et des syndics. Je vous en remercie. Je tiens à vous signalez qu'une grossière erreur s'est glissé dans la rédaction de ce petit manuel à la page 21. Le rédacteur de cet article confond puissance et énergie, oublie de mentionner la chaleur spécifique de l'eau de 1 calorie/gramme et °C qui est la base du calcul, il oublie aussi de mentionner l'équivalent mécanique de la calorie de 4,18 joules et il arrive en conséquence à un résultat faux. Le résultat est 3 fois supérieures à la réalité (151 kWh au lieu de 56 kWh) ce qui n'est pas rien. Je ne pense pas que c'est ainsi que vous allez apaiser les relations entre les syndics et les conseils syndicaux qui ont déjà bien du mal à se comprendre. 

A votre disposition                                          Conseil supérieur des Lutins thermiques 

Encore moins loin ?

Il s'agit toujours du calcul de l'énergie nécessaire pour réchauffer 1 m3 d'eau froide. Suite à la lettre du conseil supérieur des Lutins thermique l'ARC avait pourtant promis de corriger ses erreurs. Comme il ne l'a pas fait, et que l'erreur persiste, les Lutins thermiques, m'ont demandé d'intervenir ce qui a été fait après coup.

 

Le nouveau guide de l'ARC

Exemple correspondant à notre immeuble

 Nous souhaitons réchauffer 4 m3 d’eau froide en une heure.

Question : quelle est la puissance nécessaire ?

 Réponse  Energie nécessaire : 4 x 52,25 = 209 kWh.  Soit  pour fournir cette énergie en une heure, une puissance de 209 kW  et non de 480 kW !

Les Lutins thermiques savent que l'association des responsables de copropriété (ARC) est au service des copropriétés et cherche à défendre leurs intérêts. Etant donné qu’il faut rajouter au prix de l’eau froide le prix de l’énergie nécessaire pour la réchauffer afin d’obtenir celui de l’eau chaude, ils craignent que les chiffres de l'ARC ne servent de base de facturation par les syndics ! C'est pour cette raison qu'ils m'ont demandé de faire passer le message :

Je crois me rappeler que c’est l’eau qui a servi de base de réflexion pour établir la chaleur spécifique de la matière. Elle est pour l’eau de 1 calorie/g/°C, ou, compte tenu de l’équivalent mécanique de la calorie de 4,18 joules /g/°C (Puisque 1 calorie = 4,18 joules selon Prescott)

 

Ce qui revient à dire que 1 kcal = 4,18 kJ

Compte tenu de la densité de l’eau égale à 1, un m3 d’eau pèse 1000 kg,
- Pour élever 1 m3 d’eau de un degré il faut donc 1000 x 4,18 = 4180 kJ

- Pour l’élever de 10 à 55 °C  soit de 45°C,  il en faut  4180 x 45 = 188 100 kJ

Les kWh et les kJ sont des énergies  (W = P x t ou énergie = puissance x temps)
Un kWh est l’énergie produite par une puissance de un kW pendant une heure ou l’énergie produite par un kW pendant 3600 secondes

-        Une puissance de  1 joule/s  correspond à un watt

-        Une puissance de  1 kJ/s  correspond à 1000 joule/s  ou à  1 kW

-        L’énergie produite par 1 kW pendant une seconde est donc de 1 kJ

-        L’énergie produite par  1 kW pendant une heure est de 3600 kJ

-        1 kWh correspond donc à 3600 kJ  

Pour réchauffer 1 m3 d’eau froide il faut donc : 188 100 / 3600 = 52 ,25 kWh et non 120 kWh

Réponse de l'ARC  

Vous avez raison, il est très important de connaitre précisément l’énergie nécessaire au réchauffage de l’eau. Vous avez également raison, dans des conditions idéales il faut 52,25 kWh pour chauffer un m3 d’ECS à 55°C. Mais, et vous l’auriez compris si vous aviez lu l’annexe 5 du guide jusqu’au bout, il faut prendre en compte le rendement globale de l’installation d’ECS. C'est-à-dire rendement de la production et le rendement de distribution est en moyenne de 50 %, ceci est en grande partie du au bouclage. C’est pour cela que nous arrivons à un ratio moyen de 120 kWh/m3. Nous avons bien conscience que ce chiffre peux varier, mais dans un bilan énergétique SIMPLIFIE, on ne va pas expliquer comment estimer les pertes en lignes

 

Les pertes d’énergie thermiques dans les réseaux ECS

Pour un immeuble de six étages comprenant 66 appartements,  il y a pour simplifier 11 appartements par étage. Sauf petit studio rarissime comme celui d’un gardien, ou cuisine proche de la salle de bain, l’architecte prévoit deux colonnes montantes par appartement. La cuisine et la salle de bain trop éloignée l'une de l'autre sont  alors alimentées par deux réseaux différents (Voir page 346). Les tuyauteries d'alimentation des salles de bain ont le diamètre le plus important, souvent 2 pouces (50 mm) avec une surface par mètre de longueur de tuyauterie voisine de 0,157 m²,  alors que pour la cuisine le diamètre n’est que de 1 pouce (25 mm) avec une surface par mètre de longueur de tuyauterie limitée à 0,08 m². Dans chacune de ces deux colonnes montantes un circuit de bouclage de petit diamètre, 1/2 pouce (15 mm) de surface 0,047 m² /m linéaire assure  la fonction préchauffage.  Avec 2,5 m de hauteur de plafond et 25 cm de plancher en béton on arrive à une longueur pour chaque colonne de 6 x 2,8 = 16,8 m. Compte tenu du nombre de colonnes, la surface totale d'échange dans le gaines verticales de 185 x (0,157+ 0,08) + 370 x  0,047 = 61 m². Avec un coefficient moyen de déperdition dans les tuyauteries ECS en acier de faible épaisseur non isolées voisin de 10 watts/m2 et °C. (Voir aussi programme), c'est une déperdition de : P = 10 x 61 x (55-20)= 21 350  watts, soit un peu plus de 20  kW avec de l’eau sanitaire à 55  °C et une température de 20°C dans les appartements. Cette puissance est perdue en permanence dans le réseau ECS.

Le tableau ci-dessus extrait de la revue Chaud Froid Performance N° 750 de novembre 2011
               conduit  sensiblement au même résultat :

Salle de bains  50 mm     11 x 17m x 94,5 W/m x 35/50 = 12 300 watts

Cuisines           25 mm     11 x 17 x 50 x 35/50                    = 6 500 watt

Bouclage          15 mm    11 x 17 x 43 x 35/50                    = 5 600 watt

                                                                                   Total  environ  25 kW

L’estimation des pertes en ligne qui précèdent ne concerne que les déperditions dans les tuyauteries verticales non isolés et ne prennent pas en compte les déperditions dans les tuyauteries horizontales hors bâti ! Rien que pour les tuyauteries verticales, la déperdition annuelle en énergie thermique du réseau ECS non isolé est de l’ordre de 175 000 kWh pour un immeuble consommant 110 m3 de fioul/an. Ceci alors que le besoin réel n’est que de l’ordre de  1500 x 52 = 78 000 kWh ! (Consommation annuelle d’eau chaude de l’ordre de 1500 m3 alors qu’il faut 52 kWh/m3 pour réchauffer l’eau froide). Cette puissance n’est heureusement pas totalement perdue l’hiver dans la mesure où les gaines verticales participent au chauffage les locaux. Par contre, elle est totalement perdue l’été en augmentant inutilement la température dans les pièces de vie et en diminuant notre confort. Ceci d’autant qu’il existe un circuit de bouclage en eau chaude qui évite d’attendre cette dernière trop longtemps. Et à cette déperdition dans les tuyauteries verticales s’ajoutent celle des tuyauteries horizontales plus grosses et situées hors bâti !

 

Comment réduire la douloureuse

En complément du ballon d’eau chaude sanitaire individuelle souvent trop encombrant, deux méthodes sont envisageables pour réduire significativement le prix de l’eau chaude sanitaire dans un immeuble (Voir page 321) :

1.      Supprimer les déperditions thermiques dans les tuyauteries avec une génération électrique en ligne individuelle instantané du type Dafi ou similaire.

2.      Réduire le coût de l’énergie thermique en conservant les déperditions en ligne à l’aide d’un chauffage thermodynamique collectif.

-        La première de ces solutions peu encombrante supprime les pertes en ligne du fait de la proximité entre la génération et l’utilisation. Elle présente par contre l’inconvénient de surcharger le réseau électrique aux heures de pointe avec une génération par effet joule ayant des performances modestes (COP =1)

-        La deuxième de ces deux solutions perturbe moins les habitudes de la copropriété. En effet lorsqu’un copropriétaire installe le premier système en raccordant le dispositif de génération électrique en aval du compteur d’eau froide et ferme son robinet d’arrivée d’eau chaude, il perturbe les habitudes comptable du syndic qui se voit obliger de demander à son comptable de modifier sa procédure de facturation afin de respecter la sacro-sainte règle française qui stipule que chacun d’entre nous doit payer ce qu’il consomme ni plus ni moins. Le fait que les deux solutions consomment une quantité d’énergie primaire comparable est dû au fait que les performances de la deuxième solution sont bien supérieures (2 < COP < 8*)

Tribune libre

Les Lutins observent que dans un supplément de juin 2013 relatif à l'eau chaude sanitaire,  la revue CFP constate que de nombreux constructeurs de PAC annoncent une consommation en énergie primaire (EP) pour la fourniture de l'ECS limitée à 15 kWh par m² habitable et un COP voisin de 2. Si l'on compare ce chiffre aux 50 kWh/m2 de la RT2012 tous besoins énergétiques confondus, il ne représente sensiblement que le 1/3 d’un besoin en énergie totale sérieusement revu à la baisse compte tenu des progrès effectués sur l’isolation du bâti. Ils observent que sur la base de la consommation annuelle en ECS voisine de 1500 m3 de l’immeuble dont il est question dans ce livre (Voir page 320), l'énergie nécessaire pour assurer la production est à minima en négligeant les pertes de 1500 x 50 kWh = 75 000kWh soit 75 000/5000 = 15 kWh/m². Ce chiffre proche de la valeur annoncée par CFP nous permet de constater que la consommation en énergie primaire pour produire l'ECS de ces nouvelles générations thermodynamique est voisine de l'énergie minima nécessaire réchauffer l'eau froide. Les chiffres ci- dessus ne prennent en compte ni les déperditions ni les performances de la génération. Pour situer l'immeuble objet de cette étude dans ce contexte, il suffit de diviser les 600 000 kWh consommés annuellement par cet immeuble pour produire l'ECS par les 5000 m2 habitable. On arrive au chiffre catastrophique de 120 kWh/m2. Au travers de ces chiffres on constate tout l'intérêt que l’on peut retirer d'une génération thermodynamique pour la production ECS qui permet diviser par 8 la consommation en énergie primaire (120/15)= 8

Le principe de conservation de l’énergie permet de mieux comprendre ces systèmes de génération ECS consommant 15 kWh par m² habitable et un COP voisin de 2. Ils prélèvent une quantité d’ENR sensiblement égale à l’EP payant. La première sert à compenser les déperditions, le deuxième à élever la température de l’eau froide. A noter que le COP d’un tel système avec 10°C à la source froide (PAC eau eau) et une température moyenne à la source chaude de (10+60)/2 = 35°C ne saurait excéder le COP théorique de Tc/(Tc-Tf) =(273+35)/[(273+35)-(273+10)]=308/25 =12 ce chiffre étant à revoir à la baisse le gradient de montée en température diminuant au fur et à mesure que la température augmente.

On ne construit rien de solide en ignorant le réel

Dernier BES  de l’ARC